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Posture Zhan Zhuang, posture de l’arbre

Comment la posture de l’arbre guide la pratique
Article zhan zhuang posture de l'arbre qigong
Par Christophe SARAMITO
Ceci est mon article de fin d’étude suite à ma formation en Qigong Tuina. Pour en savoir plus, vous pouvez me contacter ou suivre ce bouton pour découvrir cette formation.

Sommaire

1- Introduction


Depuis la nuit des temps les Chinois se sont évertués à pratiquer certains mouvements, avec des respirations, des visualisations, des postures, visant à améliorer leur santé ou à augmenter leurs capacités physiques et psychiques.
C’est ce que l’on retrouve aujourd’hui au travers de la pratique du Qi Gong. Bien avant le Qi Gong on parlait plutôt de stages de Dao Yin, ce qui signifie conduire l’énergie. Tous les mouvements, que ce soient ceux du corps ou ceux de la pensée, sont mues par une énergie qui se déploie avec une certaine force, des directions précises et des qualités particulières.

A côté de ces mouvements, il existe aussi des postures : Il s’agit de rester immobile dans une position donnée, parfois plusieurs dizaines de minutes, plusieurs heures…
Ces pratiques immobiles surprennent, interrogent sur leur sens, la nature de leurs effets. Mais septiques ou convaincus, elles ne laissent personne indifférent. Aujourd’hui, cela fera bientôt dix ans que je pratique régulièrement cette posture particulière de « l’arbre » que l’on nome en chinois « Zhan Zhuang », et je n’ai jamais eu de cesse de m’interroger à son propos.
Les réponses me parviennent parfois des années plus tard au gré d’une réflexion, ou bien dans l’expérience effective de la pratique.
Ce sont donc ces quelques réflexions personnelles dont je souhaiterais vous faire partager. Désire de perfectionnement ou simple objet de curiosité, cet exposé n’a pas d’autre ambition que d’enrichir notre questionnement à propos de cette pratique
singulière.

2- Aux origines…

Zhan Zhuang en chinois, veut dire se tenir debout comme un pieu.
Alors la première question qui nous vient naturellement à l’esprit est : « Pourquoi il y a-t-il des Hommes qui pratiquent cette posture immobile ? ». Cette pratique est difficile, on a souvent l’impression de ne rien faire, même méditer semble compromis par l’effort de devoir « résister » après plusieurs dizaines de minutes. Dans le Huang Di Nei Jing, Le classique interne de l’Empereur jaune (2500 Av. J.C), il est écrit : « J’ai entendu que dans un passé lointain, il y avait des Hommes sages qui se tenaient debout entre Ciel et Terre. Ils savaient conserver leur esprit, inspiraient le Souffle vital, maîtrisaient le Yin et le Yang, et unifiaient tous leurs muscles. Ils étaient le Dao… »
Plusieurs siècles plus tard dans le Dao De Jing écrit par Lao Zi, 600 ans avant J.C, on peut lire : « Le Dao est la Nature », ce qui signifie que la Voie est la Nature.

C’est Zhuang Zi, disciple de Lao Zi qui apportera une nouvelle clef à cette recherche de la Voie : « Mais comment s’approche-t-on du Dao ? », se demande-t-il : « En se tenant seul, debout, sans bouger, observant tous les mystérieux changements
qui se produisent en permanence et à l’infini ». On retrouve ces principes dans certains arts martiaux comme le Yi Quan chinois et le Systema russe.
Il est un fait que depuis longtemps les Chinois ont cherché à imiter la Nature, notamment les animaux. Ils pensaient de ce fait pouvoir s’en approprier leurs vertus (agilité, souplesse, force, vivacité…). Mais quelles seraient les vertus d’un arbre ?
Lorsque j’ai débuté l’apprentissage de cette pratique dans mes tous premiers cours de Qi Gong, il était juste question de se tenir debout, les genoux fléchis, les bras arrondis devant soi. Le cadre était alors posé. On imitait un arbre et c’était tout.
Nul besoin d’être dendrologue pour reconnaître un arbre !

Quelques années plus tard, j’ai dû me réapproprier cette posture avec cette fois-ci des critères établis, auxquels il fallait s’astreindre. A défaut, sans doute n’étais-je plus un arbre !
Dans la nature, un arbre est un arbre. Ils sont tous différents, et pourtant on sait les reconnaître. Alors pourquoi se poser toutes ces questions ?

3- De la naissance de l’arbre en Soi…

Au cours de mon stage de Yoga Toumo en 2019 dans la région d’Aost, Maurice Daubard nous disait souvent avant que nous nous immergions dans une eau à zéro degré : « Il faut chercher le confort dans l’inconfort ». Les contraintes physiques et psychiques que l’on expérimente sont comme un canal rigoureux. Elles permettent de conduire notre esprit avec fluidité, comme l’eau qui coule et s’adapte au gré des formes qu’elle rencontre.
Plus simplement, les critères posturaux sont utiles à bien des égards : premièrement, ils nous permettent de nous préserver d’éventuels troubles ostéo-articulaires en adoptant une position physiologique.
Essentiellement on retiendra qu’il faut savoir se tenir droit, et éviter toutes tensions inutiles (notamment dans les épaules ou dans le visage). Notre attention doit se porter sur « l’économie » de nos tensions : c’est le sens de la phrase « maîtriser le Yin et le Yang et unifier tous leurs muscles », du Huang Di Nei Jing ». C’est à dire équilibrer l’alternance entre tension et décontraction.

Deuxièmement, ils permettent de développer efficacement notre santé. Maître Yu YongNian, disciple de Wang Xiang Zhai, nous l’explique dans son livre Zhan Zhuang « l’art de nourrir la vie » : Les angles de flexion des genoux améliorent la circulation du sang dans les membres inférieurs, de même que l’ouverture des épaules permet de libérer la cage thoracique et ainsi d’augmenter sa capacité respiratoire. Ainsi, les muscles et le cerveau sont mieux oxygénés, et le rythme respiratoire ralentit naturellement, ce qui contribue à diminuer le stress lié à l’exercice.
Enfin, le contrôle régulier de ces 18 critères au cours de la posture, contribue à nous maintenir dans un état de pleine conscience avec notre corps et notre psychisme.

C’est un peu comme la check-list d’un pilote d’avion avant son décollage. Par
ailleurs, il est nécessaire de vérifier tous ces paramètres régulièrement afin de « maintenir l’avion en bon état de fonctionnement pendant le voyage ».
L’automatisation du contrôle régulier de ces critères, crée des « boucles de rétro-action adaptatives » et améliore la plasticité neuronale. Autrement dit, notre cerveau apprend à s’adapter rapidement et efficacement.

4- Des critères méta-psychiques

Si aujourd’hui, un pratiquant confirmé de la posture de Zhan Zhuang connaît bien ces 18 critères, en revanche, on se sert moins souvent des critères d’évaluation de la posture.
En effet, quand les premiers permettent de « construire » la posture, les seconds permettent d’en « regarder ses effets ». On ne compte pas moins de six critères d’évaluation. Aussi, il m’a semblé important de les commenter au regard de l’expérience dont j’ai pu en bénéficier.

Le premier est l’enracinement.
Il s’observe dans la fermeté de l’emprise des pieds dans le sol. Une impression globale de lourdeur et de fusion dans la Terre en émane. On peut sentir cette stabilité inébranlable. La solidité de cette assise donne comme une forme « d’intelligence instinctuelle » et renforce notre assurance personnelle. C’est comme chercher avec ses pieds une nourriture fondamentale à l’épanouissement de notre être.
Pour Stefano Mancuso et Frantisek Baluska, chercheurs en neurobiologie des plantes au laboratoire international de neurobiologie des plantes à Florence, les plantes sont comme des êtres humains la tête à l’envers.
Darwin avait évoqué la possibilité d’une intelligence chez les plantes dès 1870. Pour lui, les organismes vivants ont deux pôles : Un pôle cognitif et un pôle reproducteur placés de part et d’autre de l’organisme. Darwin faisait une analogie entre les racines et le cerveau. Selon lui, à l’extrémité d’une racine se trouve une sorte de cerveau comme celui d’un insecte, qui guide la plante. 
Une expérience menée en 2005 au laboratoire de Florence, montre l’importance de la pointe de la racine dans la croissance d’une plante. La racine croit lentement en tâtonnant le sol à la recherche du meilleur environnement possible pour se développer. Lorsque l’on coupe l’extrémité de la racine, celle-ci pousse beaucoup plus rapidement, mais se dirige tout droit. Elle n’est plus capable d’analyser son environnement.  On pourrait sans trop s’y risquer faire une analogie et dire que dans la posture de Zhan Zhuang, les pieds cherchent une « nourriture instinctuelle » comme les racines de l’arbre.  

Le deuxième critère est l’axe.  
Cet axe qui traverse tout le corps, passe par le sommet de la tête jusqu’à la pointe du sacrum, est notre « verticalité intérieure ». 
Cette verticalité est aussi le plus court chemin nous permettant d’accéder à cet alignement tant recherché entre le microcosme intérieur et le macrocosme extérieur.  C’est un peu comme si l’on retrouvait la voie sacrée qui nous unie à la Nature de toutes choses. L’intérieur communique avec l’extérieur, le haut avec le bas.  
Pour ma part, j’ai pu ressentir que si l’instinct était plus en lien avec la fonction d’enracinement en bas du corps, l’intuition quant-à-elle, relève d’un certain état d’ouverture du sommet de la tête vers le Ciel : Créativité, imagination, inspiration et réceptivité, sont les qualités de l’extrémité supérieur de cet axe.  

Le troisième critère est le « centrage ».  
Être centré, comme le souligne Jacques Salommé, c’est « privilégier le relationnel plutôt que le réactionnel ».  
Pour accéder à ce centrage il faut paradoxalement se « décentrer de son Ego », regarder les pensées inter-agir avec le corps, avec le milieu environnant. 
Ainsi, progressivement le mental ne réagit plus compulsivement aux mouvements physiologiques de mon corps dans cette posture, mais il inter-agit intelligemment par une adaptation consciente : respiration, détente du visage, mouvements oculaires, déplacement du sacrum (…). Ce centrage s’effectue progressivement. 
Le centrage du corps est aussi finalement, le support métaphorique à une « relation centrée » avec autrui. 

Le quatrième critère est la détente.  
Comme il est dit plus haut : « chercher le confort dans l’inconfort ». Cette recherche personnelle va à l’encontre de nos performances habituelles, celles qui consistent à tendre vers la facilité et la recherche du plaisir immédiat.  
Toutefois ces principes de récompenses immédiats (effets dopaminergiques) sont contre-productifs avec l’idée de progrès et de performance.  
Est-il toujours pour autant nécessaire de souffrir dans l’effort ?  
Précisément cet exercice de posture demande à un certain degré, un effort stressant et sollicite donc le corps et le mental à se mettre en capacité de se détendre.  Il est une citation que j’affectionne particulièrement et pouvant parfaitement illustrer ce qui pourrait être ici l’effet d’une résilience : « La résilience est la capacité à faire face aux adversités de la vie. Transformer la douleur en force motrice pour se sur-passer et en sortir fortifier. Une personne résiliente comprend qu’elle est l’architecte de sa vie et de son bonheur ».  

Le cinquième critère est la présence dans la posture.  
Ce qui me ramène à cette question fondamentale : « A quel moment passe-t-on du fait d’imiter un arbre à celui d’être un arbre ? ». Dans l’idée d’être présent, il y a le fait d’être authentique et spontané dans la situation qui nous relie au monde et aux autres.  
La passion « d’être » fait que rien ne me désarçonne de cet état magique « d’ici et maintenant ». Je n’ai pas envie de penser au passé ou au future, mais juste être là avec ce qui anime ma vivance fondamentale avec l’autre ou dans cette situation particulière.  
Mais pour l’instant, je ne souhaite pas m’étendre d’avantage sur cette question de présence, car nous y reviendrons un plus loin.  

Enfin, le sixième critère est l’évolution dans le temps.  
La pratique de Zhan Zhuang est une des disciplines évaluée lors de l’épreuve finale du diplôme de professeur de QiGong. 
Je me souviens que lors de nos entraînements, notre enseignant nous disait : « Lorsque vous serez en position, on vous laissera cinq minutes de préparation puis on débutera l’évaluation ». Cette consigne me laissait désemparé, car pour ma part, j’ai souvent besoin de plus de temps pour me sentir près. 
Bien longtemps plus tard, j’ai compris avec l’étude de la Loi de l’Hormèse que le déroulement de cette pratique obéissait à des critères physiologiques incontournables d’alternance équilibrée entre effort et récupération (au même titre que les efforts physiques d’une activité sportive). 

« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » disait Nietzsche.  Ce principe de renforcement universel devrait pouvoir s’inscrire dans un sous ensemble de règles permettant de gagner en efficacité. 

Pour bien comprendre ce que c’est que cette Loi de l’Hormèse il faut se figurer un homme peu entraîné qui d’emblée voudrait soulever un poids de 100 kilos. A coup sûr, il se ferait mal. A l’inverse, cette même personne voudrait renforcer ses muscles et déciderait de soulever un poids de 500 grammes. Il y a peu de chance qu’elle produise ce renforcement.  

La méthode d’exercice physique HIT (pour High Intensity Training) est l’exemple parfait de l’utilisation efficace de cette Loi de l’Hormèse.  Les exercices sont effectués sous forme de séries, intenses au maximum des possibilités de l’individu, mais de courte durée. Chaque exercice est suivi d’un temps de récupération chronométré.  

La règle est simple : si l’effort est insuffisant, il n’y a pas de progrès, si la récupération est insuffisante, il y a épuisement. Toutes les activités physiques suivent cette même règle, et la pratique de l’arbre n’en n’est bien-sur pas exclus. 

Pour faire simple, on peut dire que tout le monde ne débute pas cette pratique au même point de départ. Si je suis particulièrement fatiguée de ma journée précédente, avec des pensées agitées, un mauvais sommeil, il est fort probable que mon temps de préparation initial soit allongé : La concentration sera difficile, le corps tendu avec une respiration irrégulière.  

Ce qui pour certains serait une simple mise en place de la posture parce qu’ils sont déjà bien en forme, pourrait être pour d’autres un temps de récupération nécessaire avant même d’en attendre des effets bénéfiques.  

Autrement dit, certaines fois la posture « répare la fatigue », d’autres fois elle « améliore la condition physique ». 

C’est la raison pour laquelle le temps de préparation limité est forcément arbitraire, car il dépend de la condition physique et psychique de chacun au moment où il va débuter l’exercice.  

5- Le temps et le mouvement 

« C’est donc ça se tenir debout comme un arbre : façonner son corps à cette image imposante qui s ‘élève vers le Ciel, sentir le bruissement des feuilles, le mouvement subtile des branches dans le vent, la sève de la Vie qui s’écoule en nous ! »  

Wang Xiang Zhai dit : « Le grand mouvement ne vaut pas le petit mouvement, le petit mouvement ne vaut pas l’immobilité, et l’immobilité est la Mère de tous les mouvements ». 

Car cette immobilité n’est qu’apparente : nous ne sommes pas habitués à la subtilité et la profondeur de certains de nos mouvements internes. C’est un peu comme chercher à entendre le « tic-tac » d’une montre au milieu du « brouhaha » d’une boite de nuit. C’est seulement lorsque tout s’arrête que l’on peu commencer à l’entendre. Chercher à sentir le battement de son cœur n’est possible que lorsque qu’il n’y a plus aucun bruit, pas même celui de nos pensées.  

Cette réflexion sur l’immobilité va de paire avec le déroulement du temps. En dehors de ses feuilles qui bougent à cause du vent, un arbre vie et grandi : si vous vous retournez après cent ans, vous verrez combien cet arbre a changé ! A notre échelle de temps ce mouvement bien que réel, est imperceptible. 

Par ailleurs, la perception du temps en tant que « notion », s’affine avec la pratique. Nous devenons d’avantage réceptifs à nos cycles internes avec de plus en plus de précision. Pour ma part, il n’est pas rare que lorsque que j’ouvre les yeux et regarde la pendule au bout d’un moment, j’observe que la durée que je me figurais à propos de mon exercice, était exacte à la minute près.  

Imiter l’arbre serait donc une posture où l’on ne fait rien en somme ! Mais si l’idée d’une pratique est de nous amener à perfectionner certaines de nos qualités, comment pourrions-nous bien progresser en ne faisant rien ?  

Albert Einstein disait : « La folie c’est de se comporter toujours de la même manière et de s’attendre à un résultat différent ».  

Cette réflexion de fond m’a beaucoup aidé à progresser dans la pratique, car j’ai compris que sans chercher à « faire » quoi que ce soit, c’est tout notre « être » qui se transforme alors.  

Imiter l’arbre ce n’est pas « faire l’arbre », mais bien « l’intégrer en Soi ». Les critères posturaux sur lesquels nous nous appuyons ne guide pas une conduite particulière mais bien une posture de notre personnalité. 

Walt Withman disait : « Nous convainquons par notre présence ! », sous entendu, nullement par ce que nous faisons ou nous possédons. 

Pour moi, c’est à partir de cette réflexion que les 18 critères traditionnels de cette pratique se sont fondu en un seul et unique : « être présent ». C’est cette « présence qui convainc plus que tout autre chose ». 

Alors que nous apporte cette présence ? 

6- Le pouvoir d’ « être » 

Au gré de mes lectures, j’ai fais la rencontre de cette merveilleuse psycho sociologue, Amy Cuddy, diplômée de la Harvard Buisness School. Cette chercheuse pleine de talent a écrit un best-seller qui a littéralement « explosé » les ventes au moment de sa sortie : « Montez-leur qui vous êtes ». 

Dans son livre, Amy Cuddy nous fait part de la publication d’une de ses expériences de psycho-sociologie, portée comme « la pierre angulaire » de sa théorie sur la relation corps/esprit. 

En effet, Amy Cuddy nous explique que le simple fait de modifier la posture de notre corps inter-agit sur notre psychisme, nos états émotionnels et donc notre comportement. Autrement dit : « Adoptez une certaine posture et vous vous sentirez mieux ! ». 

Cette découverte m’a semblé si importante pour ma compréhension de Zhan Zhuang que j’ai eu envie de vous la faire partager. 

L’expérience consistait à faire adopter des postures imposées à deux groupes de personnes volontaires. Au préalable, on effectue un prélèvement salivaire afin de mesurer le taux de cortisol et de testostérone aux participants.  

Par la suite on leur a disposé un appareil d’enregistrement électrocardiogramme sur la poitrine. Les scientifiques ont expliqué aux sujets, qu’il s’agissait d’étudier l’efficacité de l’enregistrement de l’appareil, en fonction de leurs différentes positions. Bien-sûr, l’électrocardiogramme était un alibi afin de détourner leur attention. 

Chaque sujet ayant tenu la posture assignée pendant trois minutes, on effectue de nouveau un prélèvement salivaire deux minutes après la fin de l’exercice. Que montrent les résultats : 

La testostérone des sujets ayant tenus des postures suscitant des messages positifs de puissance, avait en moyenne augmenté de 19 %, alors que leur taux de cortisol, avait baissé de 25 %. 

Pour rappel, la testostérone est l’hormone de la libido, de la combativité, elle prépare à l’action, stimule le métabolisme et augmente la masse musculaire et la masse osseuse. Le cortisol est « l’hormone du stress ». En production chronique dans le corps, elle affaiblie l’immunité, entraîne une prise de poids, fait monter la tension artériel etc. 

Par la suite, on s’est rendu compte que les personnes adoptant des postures ouvertes et expansives, utilisaient en moyenne plus de mots positifs, plus de termes favorables, et avaient moins peur dans la prise de risques. 

Un des aspect complémentaire de la prise de conscience de l’effet des postures sur le psychisme, c’est encore la notion de présence. Cette notion que l’on retrouve aussi dans l’étude du Chi Kong, renforce les messages envoyés par le corps à l’esprit. 

Amy Cuddy aussi insiste sur cette présence exprimée par le pouvoir personnel. Car tandis que le pouvoir social s’exerce envers les autres par la gestion des ressources (les biens, les connaissances, l’argent, le statut social), le pouvoir personnel quant à lui, puise dans les ressources illimités de l’individu.  

Le pouvoir social s’exerce par la domination, le contrôle, l’influence. A l’inverse, le pouvoir personnel puise dans nos ressources, nos capacités, c’est la domination exercée sur soi-même.  

C’est peut-être ici le sens profond du propos de Zhuang Zi lorsqu’il dit : « En se tenant seul, debout, sans bouger, observant tous les mystérieux changements qui se produisent en permanence et à l’infini » : « Le renforcement intérieur de Soi nous permet d’explorer l’infini des possibles en Soi ». 

Finalement, ces deux formes de pouvoir cohabitent souvent dans l’individu, mais l’externalisation de cette domination est souvent préférée à la maîtrise de soi même, car l’inconscient collectif tend à nous faire voir l’autre comme « un risque contre lequel il faut se défendre », une menace pour nos intérêts personnels. 

Finalement, il est aisé de comprendre comment la pratique de Zhan Zhuang nous permet d’augmenter ce pouvoir personnel. Lorsque la pratique est suffisamment durable dans le temps, le sujet traverse ce que j’appelle « des crises ». Il s’agit de moments où l’on sent que l’on ne peut plus résister :  

Le physique semble ne plus pouvoir tenir, et le psychisme s’impatiente. L’expérience me montre que ces crises sont souvent des passages, des moments de transformation où le sujet passe dans un état différent. C’est le point culminant où la résistance se transforme en lâcher-prise et permet de gagner encore en patience ou en tempérance.  

7- Combativité vs espérance de vie 

A côté de ce travail de résistance, cette pratique qui permet d’augmenter la masse musculaire et osseuse ainsi que la combativité, n’est pas sans faire penser à l’une des finalités de la pratique de Zhan Zhuang : améliorer la force physique et augmenter le Wei Qi (l’énergie défensive). D’ailleurs le Général Yue Fei, créateur du QiGong « les huit pièces de Brocart », entraînait ses troupes par cette pratique posturale. De même, la pratique de l’arbre debout est aussi la base de l’entraînement du Yi Quan (boxe de l’intention en Chine). 

Augmenter la combativité, est l’une des deux grandes directions de cette pratique de l’arbre avec l’amélioration de la santé et de la longévité.  En effet, pour une même pratique d’apparence extérieure identique, les intentions peuvent être différentes et les résultats sur le corps et le psychisme aussi.  

Dans le premier cas l’énergie est tournée vers l’extérieur à des fins de combativité, dans l’autre elle est tournée vers l’intérieur afin d’augmenter la santé. 

Dans la formation d’un praticien en médecine chinoise ou en acupressure, il est souvent fait référence à « l’Essence du corps ». Cette Essence serait un peu comme le socle fondateur de notre santé, peut-être ce que l’on pourrait nommer en occident, le « terrain ». 

Wang Xiang Zhai fait explicitement référence à cette pratique de l’arbre pour améliorer la santé et même pour guérir certaines maladies. 

Yu YongNian quant à lui, décrit les effets physiologiques de cette posture, et nous explique comment les mouvements internes modifient la nature profonde du corps. Mais « l’Essence » vue par la Médecine Traditionnelle Chinoise, s’étend au de là de l’aspect corporel et touche à des dimensions aussi variées que : les Vertus, le psychisme, les émotions… 

8- Science et Essence 

Le mental et l’esprit s’éduquent et se transforment de la même façon qu’un muscle : La patience augmente, de même que la résistance aux contraintes, la force mentale sublime et transcende l’expérience physique, la confiance en soi est nourrie par une estime toujours grandissante (…). 

Je voudrais vous faire part de quelques recherches scientifiques récentes permettant d’appuyer cette thèse d’une « essence » qui augmenterait les vertus ainsi que les capacités psychiques. 

Il est établi aujourd’hui qu’une part de cette « Essence » est assimilée à l’ADN en tant que porteuse de nos caractéristiques physiques et psychiques.  Par ailleurs, il a été découvert qu’à l’extrémité des chromosomes (ADN enroulée sur elle-même), se trouve des sortes de « capuchons » nommés télomères.  Ces télomères existent afin de protéger le contenu de l’ADN lorsque la cellule se réplique (reproduction de la cellule). Mais il est aussi connu que la taille de ces télomères diminue avec le temps, ce qui nous conduit inexorablement dans le processus irréversible du vieillissement. 

Or, les recherches ont montrées qu’une enzyme nommé la « télomérase », contribue à protéger ces « capuchons » aux extrémités des chromosomes. Des dosages de cette télomérase ont été effectués sur des groupes de personnes soumis à des expériences scientifiques. On a pu constater que les sujets ayant pratiqué régulièrement la méditation, avaient une forte augmentation de la concentration en télomérase.  
Ainsi, comme la pratique de Zhan Zhuang est une méditation debout, on peut en déduire qu’elle contribue au rallongement de la Vie.  

Une autre recherche scientifique pourrait aussi illustrer l’intérêt de la pratique de Zhan Zhuang dans l’amélioration de la qualité de « l’Essence » : Les récents travaux du Docteur Porgès sur la théorie polyvagale. 

Le Docteur Porgès explique que pour s’adapter, notre corps utilise les systèmes physiologiques les plus récents acquis dans le temps. Or l’être humain, pour devenir un être social et sortir progressivement de sa condition animale, s’est doté du langage et a donc dû faire évoluer son système neurologique. Cette évolution pourrait s’apparenter à l’amélioration de notre « Essence ». 

Autrefois, l’Homme utilisait uniquement le système neurologique sympathique (l’adrénaline) pour faire face à l’hostilité de son environnement (l’agressivité de « l’Autre »). Aujourd’hui, ce système polyvagale utilise ce que le Docteur Porgès appelle « l’engagement social » afin de « désamorcer » les situations stressantes :  Face à une situation relationnelle stressante, on utilise la parole, les mimiques inconscientes du visage, la respiration, pour tenter de désamorcer la situation.  C’est seulement le cas échéant que l’on en arrive à l’agressivité physique et verbale.  

Le système polyvagale nous permettrait donc de ne pas faire augmenter continuellement et inutilement l’adrénaline et le cortisol dans le sang, car tous deux sont nuisibles à l’organisme sur le long terme.  Concrètement, le système polyvagale contrôle la partie sus-diaphragmatique du corps qui inclue la respiration, le rythme cardiaque, la contraction et relâchement des muscles du visage (sourire et communication non-verbale). 

Or, cette pratique régulière de Zhan Zhuang est précisément une technique pour recréer intérieurement une relation « d’engagement en soi » : apaisement du foyer supérieur (Cœur/Poumon), pensées positives, sourire intérieur et extérieur.  
Par effet miroir, cet engagement « de soi à soi » nous ramène à des relations plus harmonieuses et tolérantes avec « l’Autre », de l’empathie ainsi que de la compassion.  

Pour conclure cette réflexion sur « l’essence », je dirais que s’il est une chose difficile que de rallonger la vie, améliorer sa qualité est en revanche toujours possible.  
C’est un peu comme l’image d’un pilote dans sa voiture : un jour sa voiture n’aura plus d’essence, mais le pilote peut décider d’améliorer sa conduite tout au long de sa vie.  

Je sais par expérience que la posture de Zhan Zhuang consomme beaucoup d’énergie, et souvent dans la journée qui suis, j’en ressens la fatigue. Mais par ailleurs, un peu comme des ouvriers après une journée de labeur, quelque chose de nouveau a été crée : peut-être une autre énergie, peut-être une autre forme, mais quelque chose de nouveau est apparu, parce qu’un travail effectif a été réalisé. 

9- Yin/Yang et temporalité 

Il existe un principe bien connu des taoïstes qui concerne un des modes relationnel du Yin et du Yang. Ce principe nous dit : « Quand le Yang arrive à son extrême, il se transforme en Yin. De même, le Yin se transforme en Yang lorsque celui-ci atteint son apogée. En effet, il est bien connu que lorsqu’une personne fait une forte poussée de fièvre (après un « coup de froid, par exemple »), sa température peut redescendre aussitôt avec de la transpiration. Elle se met alors à avoir froid en frissonnant sous sa couverture. De la même façon, le froid extrême peut créer des engelures et brûler les chaires, comme on le fait d’ailleurs avec l’azote liquide pour brûler les verrues. 

Que peut donc signifier ce principe relationnel du Yin qui se transmute en Yang et vice-et-vers ça, concernant la pratique de Zhan Zhuang ? 

Comme je l’ai évoqué plus haut la quantité de stress lié à cette pratique devient progressivement plus importante lorsque l’on pratique durablement. Ce stress physique et mental est la conséquence directe d’une tension musculaire soutenue et d’une patience éprouvée dans l’immobilité, car « le corps veut bouger ». On pourrait dire que ce stress est de nature Yang, et que son intensité augmente progressivement.  

Mais en définitive l’évolution pourrait emprunter deux directions : 
– Soit la cessation de l’activité posturale après un moment : Si la tension de nature Yang ne se poursuit pas, le corps et le mental cèdent et c’est alors le relâchement « Yin ». 

– Soit l’activité posturale est maintenue dans le temps, le yang est alors poussé à son extrême, et le cerveau finit par secréter de l’endorphine et de la dopamine qui apaisent et soulagent la douleur, provoquant même une certaine forme de plaisir « Yin » : c’est l’extase ou l’euphorie qui prend place à la douleur. 

C’est cette forme de dépassement qui nous conduit à ce que j’appelle « traverser la crise ». Ces crises peuvent d’ailleurs se répéter plusieurs fois au court d’une même pratique, avec des expériences extatiques plus ou moins intenses. 

Toutefois, il existe un autre principe universel du Yin et du Yang, qui affirme qu’en toutes choses ces deux aspects cohabitent simultanément : s’il y a un « haut », il y a forcément un « bas », si une pièce de monnaie a un côté « pile », elle a forcément aussi un côté « face », s’il y a du froid, c’est qu’il y a aussi du chaud, et ainsi de suite… 

Qu’en est-il alors de ce principe lors de la pratique de Zhan Zhuang ? « Chercher le confort dans l’inconfort » c’est peut-être aussi chercher la simultanéité de ces deux aspects. Nous avons vu qu’après un laps de temps suffisamment long d’inconfort, il était possible de traverser ce qui pourrait être une crise et d’accéder à une forme de plaisir. Cela semble indiquer qu’il faut nécessairement éprouver l’expérience contraignante avant d’accéder à des sensations libératoires. 

Eckart Tolles dit : « La première cause de malheur n’est jamais la situation mais les pensées à son sujet ». Faut-il donc toujours que nos pensées précèdent le vécu de l’expérience ? Que faut-il en penser à propos de Zhan Zhuang ? Est-ce différent pour l’épreuve de cette posture ? 

Je ne saurais pas répondre directement à cette question. Une chose est certaine, c’est que la façon dont je me conditionne pour cet exercice est déterminant dans son vécu.  
Néanmoins, que ce soit par « l’absence de moi-même » dans l’échappement de mes pensées, ou la concentration sur ma respiration par exemple, la recherche constante de plaisir et l’évitement de la douleur sont des constantes dans cette pratique librement consentie à la forme.  

Souvent, je peux ressentir un profond plaisir dans l’inspire ou bien l’expire de mon cycle respiratoire. Ou encore, une joie intense rayonne en moi lorsqu’un sourire s’esquisse sur mon visage détendu.  

Ma conscience change alors instantanément de paradigme et mon mental cesse de juger, d’évaluer, de comprendre… 

Le processus libératoire côtoie l’exiguïté de la forme, la douleur transcende le corps dans une résilience qui renforce l’esprit, et l’effort devient facile, presque inexistant…  

En définitive, le temps cesse d’être une épreuve dès lors que le présent s’installe avec intensité. 

10 – Étude des effets : mon expérience personnelle 

Avant de conclure cette sensibilisation à la posture Zhan Zhuang, j’aurais souhaité vous faire partager mon expérience personnelle ainsi que mon ressenti à propos de cette pratique. 

En effet, c’est un aller-retour régulier entre mes sensations et leur interprétation, qui m’a mené progressivement vers des changements profonds dans ma façon d’être et d’agir. Donc voici quelques-unes de mes pensées : 

Au tout début de mes pratiques, j’étais particulièrement sensible aux différences que je percevais dans ma latéralité : il n’était pas rare que je me sente plus faible du côté gauche, et que lorsque j’ouvrais les yeux, je constatais en effet, que mon bras de ce côté ci, était légèrement plus bas que l’autre. Alors, je pensais qu’il fallait que je le rééquilibre, ce que je faisais d’ailleurs.  

Malgré tout, je suis resté très longtemps avec cette sensation de déséquilibre intérieur en dépit d’une posture extérieure qui ne reflétait pas cette image. J’ai fini par ne plus y prêter d’attention lorsque j’ai accepté l’idée qu’il était naturel de ne pas être « droit », et que cela pouvait ne pas avoir beaucoup d’importance. Avec le temps, ma posture est devenue spontanément plus équilibrée.  

D’un autre côté, je ne culpabilise plus lorsque je sens que je ne suis pas entièrement présent dans la posture. Ce qui m’importe d’avantage, c’est la progression dynamique de ma posture, et pas forcément mon état intérieur à un instant précis.  

Je sais par expérience que la posture apporte beaucoup par la forme, même si le fait d’être attentif est aussi très gratifiant. 

La détermination que je ressens lorsque je débute la pratique, est souvent fixée par un objectif de durée. Il fût un temps où le fait de ne pas parvenir au bout de mon heure de pratique me frustrait beaucoup, car dans mon « image égotique de superpuissance », je devais m’entêter à cette réussite.  

Aujourd’hui, je sais que cette détermination est liée à l’énergie du Foie, et qu’il est important de ne pas bloquer mon émotion. C’est alors que mes tremblements cessent d’eux-même, comme une résistance qui cède en définitive.  

Je découvre les effets positifs de la persévérance (liée à l’énergie de la Rate) : Cette sensation de recommencer continuellement, et sans jamais baisser les bras. La rate brasse sans cesse mes pensées (j’expérimente régulièrement les va-et-vient entre mes pensées et mes ressentis). Et c’est de même que je répète inlassablement l’expérience de l’arbre dans l’écoute d’une nouvelle transformation.  

Souvent, il y a un « je ne sais quoi » de différent par rapport aux fois précédentes, qui me fait sentir que « j’ai grandis » : Plus de tolérance, plus de compassion, plus de gratitude (…) m’habitent alors.  

 Certaines fois, je parviens à observer mes propres pensées comme le produit d’un sujet extérieur à moi-même. Cela me conduit à expérimenter « les sensations de la pensée ». Ainsi, j’observe le cheminement rapide des informations habituellement inconscientes, de mon cerveau. Une nouvelle forme de pensée me dit : « Il vient de se passer ça dans ton esprit… ». Ce détachement de plus en plus fréquent de mes « pensées addictives », m’a permis d’observer une nouvelle forme d’imagerie mentale, très onirique, avec parfois des odeurs et des lumières porteuses d’informations que je sais venues d’ailleurs.  

Je n’interprète pas, je ne juge pas. Je sais juste que mon Hun « retourne à son origine », et je tâche juste d’y apporter la lucidité de mon Shen. Ces sensations sont très différentes de celles de la pensée ordinaire. 

Parfois, mon état corporel et psychique du jour me font douter plus prématurément que d’ordinaire, et j’ai alors envie de cesser rapidement le maintien de la posture. Je sens que je m’impatiente, et le temps se déroule d’ailleurs beaucoup plus lentement : je commence à compter mentalement en me référant à mes sensations internes et certains stimuli externes. Par exemple, je compte mes respirations, j’interprète la durée de ma pratique en fonction du moment où je commence à trembler, j’écoute les bruits à d’extérieurs… 

Donc, je sais que je suis en lutte, que ce n’était pas le but de l’exercice, mais ce n’est pas grave car j’apprends, ou réapprends quelque chose qui n’est jamais définitivement intégré. C’est d’ailleurs à partir du moment où j’ai cessé de culpabiliser que l’envie de céder est devenu plus facile.  

Il fût une période où je ne pratiquais plus que trente ou quarante minutes et je me disais « c’est pas grave ! ». Puis une nouvelle croyance est venu modérer la première : « Comment pouvais-je progresser si je ne faisais plus d’effort ? ». Et de nouveau, je me suis mis à ré-augmenter mon temps de pratique. 

Aussitôt que des émotions déstabilisantes s’emparent à nouveau de mon corps, je me concentre sur mon enracinement, sur mes pieds. Je me figure tout le poids de mon corps qui descend dans mes pieds, et je sens à nouveau de la solidité et de la consistance. Cette sensation d’enracinement est rassurante et me redonne confiance.  

Je sens que cela me calme de sentir mes pieds dans le détail de leurs mouvements, la subtilité de leurs appuis. 

Enfin, J’ai le sentiment d’être centré lorsque je ne suis plus en réaction automatique avec mon corps, mais en relation intelligente et consciente avec toutes ses parties. J’ai appris à démystifier pour moi-même, cette idée d’une sensation particulière de l’énergie que je devais pouvoir observer, manipuler ou vivre comme certains en décrive leur expérience. Tout d’abord il y a ce que je ressens, et souvent certaines parties de moi même, je ne les ressens pas assez bien.  

Même en y mettant de la concentration, se connecter à certaines zones psychiques ou physiques n’est pas quelque chose d’habituel pour moi.  

Or, je trouve plutôt bien, non pas de se représenter mentalement, mais bien de sentir le trajet des méridiens, des méridiens curieux ou le mouvement des organes internes dans notre corps, par exemple. 

Le corps est le « canal » de l’énergie, et il est important pour moi de sentir en premier lieu ce support matriciel. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui, la pleine conscience. 

Ensuite, je perçois les effets de l’énergie, c’est à dire les fourmillements, la chaleur qui afflue, les émotions qui apparaissent, les gènes et les douleurs.  Tout cela est en mouvement, comme quelque chose qui se transforme ou se déplace dans le corps ou entre les mains. Donc je ne ressens pas exactement l’énergie elle-même, mais plus précisément ses effets. C’est une alchimie complexe entre mes pensées et mon corps. Mes pensées me disent : « Il y a quelque chose de fort et d’agréable entre mes bras, c’est plein ». Mes sensations m’informent : « C’est chaud, ça fourmille, mes bras bougent lentement ou tremblent fort ».  

11- Conclusion 

La pratique de Zhan Zhuang est une posture de QiGong plusieurs fois millénaire qui ne séduit plus l’Homme d »aujourd’hui. En quête perpétuelle de mouvements et d’excitation, l’être humain s’évertue à toujours pousser plus en avant son activisme effréné.  

Pour autant l’arbre par son enracinement, donne une image imposante de sa posture et de sa longévité. Et bien que rempli de force et d’énergie vivante, il ne semble pas bouger. 

Alors, en quoi pourrait-il être une source d’inspiration ? 

Les vertus tant physiologiques que spirituelles et mentales, ne sont plus à démontrer aujourd’hui. Mais dans notre monde moderne, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a tant à faire : tout est important, prioritaire, sans attendre.  Il faut « faire plus, et mieux ». Ces tâches ont bien plus de valeur à nos yeux « qu’être un peu plus soi-même à chaque instant ».  

Aujourd’hui, je ressens la nécessité de m’accorder du temps à rester immobile, pour que tout s’arrête, juste afin d’observer ce qui « continue en moi ». 

Le préjudice d’un activisme incessant nous conduit inévitablement à une perte de sens de la Vie, voire à une perte de nos sens pour l’existence. Plus que jamais, il nous faut revenir à ce qui me semble essentiel et plus fondamental pour notre « être ». 

Là devrait être notre priorité, vers une conscience plus ouverte et plus efficiente, pour la vitalité de ce que nous sommes, ainsi que pour notre Vie tout simplement.  

Merci d’avoir mon article de fin d’études ! Pour en savoir plus sur la formation en Qigong Tuinaque j’ai suivie, n’hésitez pas à me contacter ou à suivre ce bouton pour découvrir cette formation.
Christophe SARAMITO

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