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Introduction
Par le biais de cet article, je souhaite faire un parallèle entre la culture chinoise (principalement taoïste et confucianiste) avec un élément culturel du patrimoine historique français assez méconnu, un art nommé l’Equitation de Haute École. Ceci afin de démontrer que les concepts tels que la Voie du Coeur, la Vertu, la Globalité, l’état de Qigong et de Vide n’ont rien d’exotique et ne sont pas réservés aux pratiques chinoises. En essayant d’améliorer mes résultats en acupression, je me suis améliorée dans les autres domaines de ma vie, dont un qui m’est très cher : l’équitation. Ces fondements de la médecine traditionnelle chinoise sont accessibles à tous, bien au delà des frontières. En effet, dans la pensée chinoise, le pragmatisme prévaut : si une théorie n’est pas vérifiable en toute situation, elle est fausse. Je développe ici le sujet de l’équitation mais je suis certaine que dans tous les domaines, des êtres sensibles et éveillés ont expérimenté ces concepts dans leur corps.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »2″][vc_column][vc_column_text]
Nuno Oliveira
Par exemple, un ami et grand homme de cheval, Patrick Allori, s’est tourné vers ses racines amérindiennes, demandant aux anciens de la tribu Cheyenne dont il était issu de lui transmettre leur connaissance sur les chevaux. Ils lui répondirent qu’avant cela il devrait d’abord trouver le silence intérieur. Il fut donc invité à passer trois jours seul dans la nature sans eau ni nourriture. Ceci le mit en état de traiter avec les chevaux sauvages du Montana. En étant dans un état de silence intérieur et de solitude on laisse s’exprimer l’intelligence corporelle qui nous dévoile les lois naturelles.
En effet, le peuple chinois appliquait ses savoirs à tous les domaines en passant par les stratégies de guerre, de politique, l’agriculture, la médecine, les arts martiaux, l’astrologie etc. Je pense qu’il en est de même pour tout art et que nous avons beaucoup à apprendre de la culture chinoise pour nous améliorer dans notre pratique respective quelle qu’elle soit.
La Haute École est un travail de dressage avancé, une équitation d’élite qui cherche à sublimer les airs naturels du cheval dans un parfait équilibre et en harmonie avec son cavalier. Toute la difficulté réside dans le fait de réaliser ces airs comme au naturel, alors que le cheval porte un cavalier sur son dos, ce qui le déséquilibre. Pour ne citer que quelques grands noms de cette équitation latine : François Robichon de la Guérinière (1688-1751), François Baucher (1796-1873) et Nuno Oliveira (1925-1989). Rares sont ceux aujourd’hui qui y parviennent et qui font honneur aux anciens maîtres. Nombreux sont ceux qui usent de force et d’aides artificielles pour arriver à une équitation plus proche de la torture que du plaisir pour le cheval.
Nuno Oliveira est « le maitre équestre du XXe siècle. Il considérait l’équitation comme un art plus que comme un sport, et c’est un artiste qui façonnait chaque cheval comme un sculpteur crée son œuvre. Tous ceux qui l’ont connu assurent qu’un cheval changeait d’apparence dès qu’il se mettait en selle. Il tirait de chacun le meilleur, assurant qu’une fois la technique acquise, c’est avec son cœur qu’il fallait monter. »[1] Les notions de transformation et de cœur ici je ne les avais pas saisies au-delà d’un concept plus ou moins poétique, avant de me plonger dans la médecine traditionnelle chinoise. En fait, c’est bien plus que cela, pour moi ce grand écuyer montait réellement avec le Cœur et transformer les chevaux car le cheval étant un miroir, ils étaient tout simplement l ‘expression de l’Énergie de leur cavalier. Comme les transformations dans le corps d’un patient lorsque son praticien est en état de Vide, libre de tension et d’intention, que seul le Cœur guide, dans cet état d’immobilité, des transformations incroyables opèrent dans le corps du patient.
Quant à moi, je suis cavalière depuis une vingtaine d’années et donc forcément j’ai acquis quelques compétences techniques. Pourtant je ne suis pas une grande cavalière et comme tout cavaliers je rêve de monter tel un centaure, de dépasser la technique pour entrer dans l’art et la communication invisible avec son cheval. Là où le cheval devine nos pensées, comme un indien à la chasse au bison, les deux mains sur son arc, sa monture devinant les moindres demandes de son cavalier face à une dangereuse horde de bison (histoire racontée par Patrick Allori). Alors que la plupart des cavaliers n’arrivent pas à faire traverser une flaque d’eau à leurs chevaux malgré un mors et des éperons. De même pour moi, j’avais beau perfectionner ma technique, mes chevaux étaient le miroir de mon état émotionnel, ils ne me jugeaient pas dignes de leur confiance, en cas de situation critique[2], puisqu’ils voyaient que je ne maîtrisais pas mon énergie, mon corps et mon Coeur. « Seul un cavalier décontracté peut monter un cheval décontracté. » [3]Lors de mes premières méditations et apprentissage des posture de Qigong je compris ce que mon cheval devait ressentir en ma présence. En effet je ne tenais pas la posture plus de deux minutes, tant mon Coeur s’agitait et les émotions et pensées m’envahissaient, c’était presque insupportable de me confronter à moi même. Comment un être qui ne maitrise pas son corps, son Coeur et son énergie peut il demander à celui qu’il chevauche fluidité, équilibre et cadence d’une ballerine ? J’ai d’abord tenté d’appliquer ces principes chinois à travers l‘équitation, mais je me suis vite rendue compte qu’il fallait agir à l’inverse. J’allais travailler sur mon équitation en étant loin de mes chevaux en pratiquant du Qigong. Une autre comparaison frappante est celle de l’assiette (l’assise à cheval qui fait que l’on tient cheval) et des aides naturelles du cavalier (encore l’assiette, jambes et mains). L’assiette ne peut être un moyen de communication avec le cheval dès lors qu’elle est fluide et suit le mouvement du cheval. C’est un paradoxe, on tient à cheval sans points de blocage mais uniquement en suivant son mouvement, aucune partie du corps ne doit s’agripper sinon la légèreté est impossible à obtenir. Les jambes doivent épouser mollement le corps du cheval tout en étant immobiles mais sans s’y agripper, les mains doivent être stables mais souples sans pour autant tirer ou s’agripper aux rênes. Ceci permet au cheval, avec sa grande sensibilité, de percevoir, dans cette immobilité parfaite, le moindre changement au niveau de l’assise du cavalier (en avant, arrière, latéralement), de sa main ou de ses jambes, invisible à l’œil des spectateurs. Il effectue alors tous les airs de haute école (piaffer, passage, pirouette) dans la plus grande légèreté et fluidité. Je soupçonne qu’au delà des aides. Le cavalier étant dans un état de Vide, monte avec son Coeur et le cheval perçoit le moindre changement au sein de celui ci, et précède la demande des aides physiques. On est face à un Centaure, car cavalier et monture ne font plus qu’un. Comme le champ d’énergie du praticien et du thérapeute. Lors d’une séance d’acupression, le praticien doit être dans un état naturel et détendu afin que ses doigts et mains puissent ressentir et que l’énergie circule librement. S’il est tendu, il sera vite limité dans son ressenti et ses résultats.
Les chevaux sont francs et nous renvoient, quand on les laisse s’exprimer, l’expression de ce que nous sommes à l’instanté. Il faut être très humble, c’est une constante remise en question qui développe la Vertu de l’être. Comme l’explique Amaël Ferrando dans le contexte de stages de Systema (arts martiaux) dans son livre « Qigong tuina, philosophie et diagnostic » [4], « Il est aisé de s’illusionner sur sa relation à l’Esprit ou sa compréhension de l’Univers quand on est assis sur un coussin. Ces illusions prennent fin quand on se trouve face à un adversaire plus fort que soi » L’équitation enseignée par nos anciens, représente le fait de monter grâce à l’Energie et sans force. Utiliser la force est vain, car elle ne peut être comparée à celle du cheval et c’est voué à épuiser le cavalier et la motivation du cheval. Dès lors que l’on agit en force, le cheval se défend et se crispe et ceci rend impossible la fluidité des airs que nous lui demandons. Comme le dit si bien le maitre Nuno Oliveira : « Quand le cavalier possède une bonne assiette et a les jambes bien descendues, quand son cheval atteint un degré élevé d’obéissance et d’équilibre, ledit cavalier le domine sans effort, et son propre équilibre et sa solidité en selle sont assurés sans aucune force ou contraction. C’est l’aisance, la décontraction totale qui le fait aller avec son cheval, sans le contrarier dans son mouvement. » « Ce qui préoccupait le maître, c’était la recherche de la beauté à cheval, de la beauté du cheval, une beauté transcendante, naturelle, que certains qualifient même de mystique. Or, si le cavalier se contente de la méthode, l’alchimiste, lui ne peut s’y figer : il lui faut la dépasser vers un art pétri de sagesse universelle, qui, seule, permet un éveil, presque retour, à la beauté originelle. »[5]
Je souhaite donc faire l’expérience suivante, ma recherche en équitation et en tant que thérapeute étant la même, atteindre un état détendu et naturel. Je vais travailler ceci à travers la posture Da Cheng Yang Sheng Zhuang, qui selon moi apportera la réponse au paradoxe de tenir à cheval sans s’agripper en décontraction totale. Je suis consciente qu’il faille des décennies de pratique pour y parvenir mais je vais écrire sur mes débuts et observer les résultats obtenus.
« En Art Equestre, il n’est pas question d’impressionner les observateurs mais plutôt d’établir avec le cheval une telle harmonie et une telle compréhension qu’en descendant de cheval, le cavalier sente qu’il y a eu des moments de beauté profonde et que son esprit a pu s’élever au-dessus de la vulgarité et la médiocrité. » [6]
« L’art n’est possible que si l’être humain, dépouillé de toutes ses vanités, essaie vraiment d’aimer la beauté de ce qu’il est en train de faire. L’équitation n’est ni différente des autres arts, ni exempte des influences des autres artistes. L’art c’est savoir aimer profondément. »[7]
[1] « Œuvres complètes » Nuno Oliveira
[2] Le cheval étant une proie, son mécanisme de défense est la fuite. Il est très prudent et peureux, à la moindre situation inconnue qui lui semble risquée, soit il fuit au détriment de son cavalier, soit il reste calme et fait confiance à son cavalier et traverse le danger. Il y a des cavaliers de spectacle notamment qui traversait les flammes à cheval, la confiance était parfaite.
[3] « Œuvres complètes » Nuno Oliveira
[4] « Qigong tuina, philosophie et diagnostic » Amaël Ferrando
[5] « Œuvres complètes » Nuno Oliveira
[6] Œuvres complètes » Nuno Oliveira
[7] « Œuvres complètes » Nuno Oliveira[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »3″][vc_column][vc_column_text]
Le Qigong
Nous parlerons dans cet article du Qigong de la lignée Bai, que j’ai découvert avec Amaël Ferrando (Bai Yiyuan) disciple du Professeur Bai Yunqiao, disciple de Li Zhi Liang, lui-même disciple de Wang Xiang Zhai.
Qigong signifie « travail de l’Energie ». Il est issu de Chine et est un terme plutôt récent. Il regroupe plusieurs pratiques ancestrales visant à harmoniser et développer l’énergie. Il y a des postures statiques et dynamiques, ainsi que des pratiques respiratoires, méditatives ou encore des émissions de sons, pour n’en citer quelques unes. Il a des vertus médicales mais également martiale. Plus spécifiquement, les influences de la médecine nommée Qigong tuina et l’art martial Da Cheng Quan s’entremêlent dans le Qigong de la lignée Bai. [1]
C’est une pratique à intégrer à son quotidien afin d’en ressentir les bienfaits. Même une seule séance procure du bien être mais c’est au fil des semaines, des mois et des années que les transformations énergétiques opèrent au sein du corps. Le premier but étant déjà d’arriver à se détendre physiquement et de calmer l’esprit. Ceci est déjà le travail de plusieurs années. Ce qui compte c’est la régularité plutôt que la durée de pratique. Il vaut mieux dix minutes tous les jours, plutôt que deux heures une fois par semaine. Avec du temps et de la rigueur, cela peut faire part un geste naturel de routine quotidienne, on en ressent le besoin. L’état de Qigong va s’étendre au-delà des moments de pratique, et devenir petit à petit un état d’être.
Da Cheng Yang Sheng Zhuang, la posture debout du grand accomplissement pour nourrir la vie
Figure 1 : Da Cheng Yang Sheng Zhuang[2]
Il s’agit de la posture la plus importante en Qigong. Elle est très bien détaillée dans le livre « Qigong Tuina, Pratiques d’autoguérison par le Qigong » de Amaël Ferrando. Je cite ses effets énergétiques décrits dans ce livre « Renforce l’Energie Originelle. Renforce l’Energie Yang. Renforce l’Energie Droite. Tonifie l’Energie du Rein. Nourrit l’Essence. Débloque les méridiens et collatéraux. Ouvre les Merveilleux Vaisseaux. Renforce l’Energie Droite et expulse les Energies Pathogènes. »[3]
Les consignes pour effectuer cette posture sont :
- « Imaginer que la tête est suspendue au Ciel.
- Placer la pointe de la langue en léger contact avec le palais, juste derrière les incisives.
- (…) la colonne vertébrale est verticale, mais très légèrement convexe vers l’arrière. Le sacrum est vertical, ni cambré ni rétroversé.
- Détendre le bas-ventre, qui s’arrondit.
- Les genoux sont à la verticale des gros orteils.
- Les pieds écartés de la largeur des épaules. (…)
- Les mains et bras enserrent un gros ballon. (…) Les aisselles doivent être bien ouvertes , les coudes pas trop fléchis, les mains sont grandes ouvertes avec les doigts écartés.
- Il faut s’efforcer, tout au long de la pratique, de détendre tout ce qui peut l’être, de plus en plus profondément. (…) »[4]
Pour l’intégralité des consignes traditionnelles et l’explication complète de cette posture se référer au livre « Qigong Tuina, Pratiques d’autoguérison par le Qigong » de Amaël Ferrando.
La position académique d’après l’équitation classique
Figure 2: La position académique. Le maître Nuno Oliveira[5]
D’après Pierre Beaupère, en voici les caractéristiques principales :
- « cavalier assis profondément dans la selle, dont le jeu des articulations du bassin accompagne le mouvement du dos du cheval,
- colonne vertébrale tirée vers le haut,
- nombril vers les oreilles du cheval,
- jambes descendues et décontractées,
- talons légèrement plus bas que les pointes de pied,
- alignement épaules-hanches-talons,
- épaules descendues,
- coudes le long du corps, posés sur les crêtes iliaques,
- avant-bras en direction de la bouche du cheval,
- poignets et mains dans le prolongement des avant-bras,
- pouces vers le haut,
- mains tenant les rênes délicatement (ni trop ouvertes, ni trop fermées). »[6]
J’ajouterai que la pointe de pied est légèrement tournée vers l’intérieur et je laisserai la parole aux grands écuyers français…
« Alors que vous marchez au pas, pensez au squelette des salles de classe. Il est pendu à une potence par un crochet vissé au sommet de son crâne, légèrement en arrière. Tirez cette partie de votre tête vers le haut, en pensant à mettre le plus d’espace possible entre chaque vertèbre. Ne tentez pas d’exagérer votre courbure, ne pensez qu’à vous tirer vers le haut et à rendre votre bassin le plus lourd possible. »[7]
« Lorsque la liaison avec le cheval est totale, sans raccrochage des mains et des jambes, le cavalier est en état d’appliquer très vite les principes de l’équitation sportive comme les subtilités de l’art équestre. »[8]
« Le mouvement du cheval provoque un transfert constant de l’équilibre auquel la position doit en permanence s’adapter, voire le créer. Or, à un certain niveau (…) l’aide principale est la translation du poids du corps du cavalier dans l’assiette immuable (sans glissement). Cette réadaptation permanente, est, par essence, impossible à décrire et ne peut être que ressentie. »[9]
Parallèle entre Da Cheng Yang Sheng Zhuang et la position à cheval
Les principales similitudes résident pour moi en ces points :
- l’axe vertical est crée et maintenu par l’intention d’être suspendu par le point 20DM Bai Hui, ceci étire l’espace entre chaque vertèbre
- le haut du corps est dynamique et léger tout en ondulant autour de cet axe vertical
- le bas du corps est lourd et relativement fixe
- les pointes de pieds légèrement rentrés vers l’intérieure
- la flexion des genoux
- ce sont des postures actives et non rigides, les ingrédients sont « souplesse, finesse, décontraction ». On suit les ondulations énergétiques en Qigong et celles du cheval en équitation
- les genoux sont fléchis et à la verticale des gros orteils
- toutes les articulations doivent rester libres et détendues
On croirait que la force musculaire permet de tenir une posture en Qigong plusieurs heures, ainsi que de tenir sur un cheval fougueux, hors la souplesse triomphe de la force et est la véritable clé. En ce sens que si l’on est souple et décontracté, l’énergie circule, il n’y a donc pas de blocage ou tensions. On est comme portés par l’Energie en Qigong, et à cheval on peut suivre les innombrables variations du centre de gravité par le jeu des vertèbres lombaires et du bassin qui sont parfaitement libres
[1] Page 23 « Qigong Tuina, Pratiques d’autoguérison par le Qigong » Amaël Ferrando
[2] https://www.yang-sheng.org/wp-content/uploads/2012/09/arbre-156×300.jpg
[3] Page 72 (F3) « Qigong Tuina, Pratiques d’autoguérison par le Qigong » Amaël Ferrando
[4] Page 65 et 66 (F3) « Qigong Tuina, Pratiques d’autoguérison par le Qigong » Amaël Ferrando
[5] Source de l’image numérique : https://4.bp.blogspot.com/-QcP40qBRV-k/UjLvVF3McsI/AAAAAAAAABw/tfzRSYlaST8/s1600/nuno+oliveria.jpg
[6] Page 27 « Equilibre et rectitude » Pierre Beaupère
[7] Page 36 « Equilibre et rectitude » Pierre Beaupère
[8] Page 28 « Gymnase et dressage » Michel Henriquet, Catherine Durand
[9] Page 28 « Gymnase et dressage » Michel Henriquet, Catherine Durand[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »4″][vc_column][vc_column_text]
Mise en pratique
Je serai à la fois observatrice et le sujet d’étude. Afin de définir le contexte d’étude, je suis débutante en Qigong. J’ai découvert cette pratique lors du premier stage d’acupression au sein de l’école Qigong Tuina. En revanche je suis cavalière depuis une vingtaine d’années et je cherche depuis toujours à parfaire ma position à cheval. La position académique permettant d’accéder aux airs relevés[1] de Haute Ecole demande elle toute une vie à cheval et requiert de monter plusieurs chevaux par jour de façon régulière. A mon humble niveau d’amateur, je tacherai d’explorer au mieux ce que la pratique quotidienne de la posture de l’arbre peut apporter à mon équitation. Je suis consciente des limitations de cette étude. Notamment en terme de temps de pratique, je pense qu’il faudrait au moins un an de recul sur la pratique de Qigong quotidienne pour que des transformations significatives opèrent, hors je ne dispose que d’environ quatre mois. Ensuite il aurait été plus objectif de faire l’expérience sur plusieurs cavaliers. Là encore, je suis consciente de la difficulté de pratiquer pendant plusieurs mois une posture au quotidien. J’espère faire naître la motivation de tenter l’expérience auprès d’autres cavaliers ou non cavaliers, à la lecture de cet article.
J’ai commencé l’expérience en mai 2020 en montant des chevaux de centre équestre, très docile et bien dressé. Ensuite en juillet j’ai commencé à débourrer[2] ma jument de 3 ans destinée à une carrière en dressage[3] à niveau amateur. C’est une jument objectivement trop qualiteuse pour mon niveau et l’initiation d’un jeune cheval est normalement réservée aux professionnels ou aux très bons cavaliers. Mon entourage équestre était donc quelque peu inquiet et réticent à cette idée. Nous ne savions donc pas si j’allais réussir à rester sur son dos et encore moins créer un couple cavalier/monture harmonieux. J’ai donc suivie à la lettre les directives de mon amie Natalia A., cavalière internationale de haut niveau, qui m’a fait participer le plus possible au débourrage sans me faire prendre trop de risque. Il y avait donc un challenge notable à relever, il fallait que je m’adapte à une situation me demandant beaucoup de gestion émotionnelle afin de ne pas transmettre mon angoisse à ma jeune monture et je devais être très exigeante au niveau de ma position afin de ne pas gêner ce jeune cheval qui n’avait ni la musculature ni l’habitude de porter un poids sur son dos. Il faut savoir gêner le moins possible un jeune cheval lorsqu’il fait ses premières foulées de pas, trot et galop les premiers mois de son dressage afin de respecter son intégrité physique et gagner sa confiance. Particulièrement lorsque l’on monte un jeune cheval, il faut rester d’un calme olympien malgré qu’il fasse des écarts des bonds et autres ruades en tout genre. C’est la clé afin de le guider sur son apprentissage. Il faut le laisser s’exprimer dans un certain cadre. La difficulté allait être pour moi de ne pas m’énerver contre mon cheval par peur. Je tends dans ces situations à monter en pression avec le cheval et me crisper aussi, mes gestes sont alors de moins en moins précis et deviennent désorganisés, la communication est rompue et le cheval perd patience et confiance en son cavalier.
Il s’avéra que la jument était d’une intelligence et d’une gentillesse extrême et qu’elle compris en une semaine ce que l’on attendait d’elle et comme dans 99% des cas, il restait à éduquer le cavalier… Fort heureusement ma coach débordait de stratégies efficaces pour me pousser dans mes retranchements. Toucher les oreilles du cheval, sa croupe, mes pieds, jusqu’à me faire chanter tout en trottant pour m’obliger à respirer convenablement. Les étriers[4] m’étaient souvent retirés afin de renforcer ma tenue à cheval sans artifices. Il fut question d’enlever la selle aussi, mais j’y échappai par chance… Elle me fit faire un exercice une fois pour me démontrer à quel point chaque tension dans mon corps était perçues par le cheval. Elle nous mis une paire de rênes entre les mains, elle me demanda de mimer le mouvement de balancier de la bouche du cheval et me demanda de lui signaler si je sentais une modification venant de sa part. Elle était la main qui tenait les rênes. Je lui dis qu’elle venait de tirer fortement, hors, il s’avéra qu’elle s’était simplement contenté de serrer la mâchoire. J’étais bouche bée. En effet, j’avais grand intérêt à travailler ma détente physique et émotionnelle par le Qigong avant d’espérer monter un être aussi sensible que ma jument. Il fallait avant tout conserver cette sensibilité exacerbée, qualité première pour un cheval de Dressage. Elle répondait parfois à la simple pensée tant elle était fine aux aides. Nous décidions d’ailleurs de la monter sans mors[5], pour ne pas la perturber tant que ma main ne serait pas stable.
Au niveau du Qigong, j’ai commencé par pratiquer la posture de l’arbre[6] dix minutes par jour avec beaucoup de difficultés. C’était très difficile de fermer les yeux et me « tourner vers l’intérieur ». Mon esprit était très agité, ce qui crée beaucoup de tensions, surtout au niveau du plexus solaire. Au fil des jours, j’ai ressenti des mouvements involontaires apparaître. Je rentrais peu à peu dans un état de relaxation où j’avais l’impression de devenir transparente, de me dissoudre dans l’espace. Souvent j’étais mal à l’aise face à ses sensations nouvelles, et je devais ouvrir les yeux pour voir si mon corps était toujours là. Je suis naturellement sujette aux peurs irraisonnées et je n’aime pas perdre le contrôle. Hors l’énergie guidait mon corps et je ressentais un profond bien être dès que je me mettais en position, avec le temps j’entrais rapidement dans la pratique et état de Qigong. Heureusement, l’intelligence corporel fait que cela devient de plus en plus naturel. En revanche rallonger le temps de la pratique était plus difficile, car plus je tenais la posture plus je ressentais des choses étranges. J’avais besoin de m’arrêter quand les sensations devenaient trop intenses pour moi. J’ai compris avec un stage de Qigong avec Amaël Ferrando[7] qu’en fait notre corps est notre identité, que l’on peut nommer. Cela nous rassure en ce sens qu’il nous limite et nous maintient sur terre, c’est notre ancrage. Hors il y a également une partie de nous même que l’on ne peut pas nommer. Une partie infinie qui ne se cantonne pas à notre corps. Il y a souvent la peur de mourir qui se manifeste lorsque l’on fait un avec l’Univers car ça nous rattache instinctivement à ce corps. Pour moi c’était donc difficile de se laisser aller dans des sensations où je faisais un avec l’univers, j’avais vraiment peur de l’inconnu. J’avais parfois l’impression quand je rouvrais les yeux que j’étais bien plus que ce corps et de ne plus me reconnaître en lui… On entrevoit l’immensité de notre Etre, c’est passionnant mais parfois effrayant à mes yeux. Je n’arrive pas encore à lâcher prise complètement et j’ai le même problème dans la vie en général, notamment à cheval. Nous avons donc beaucoup travaillé sur mes peurs et mon manque de confiance en moi, avec mon amie et coach Natalia. Il est clair qu’à cheval, il faut accepter que l’on ne contrôle pas grand-chose et qu’il y a toujours un risque de blessure.
Mes principaux défauts à cheval étaient que mon corps était très crispé. Notamment mes jambes qui étaient trop toniques. Simplement car je m’accrochais au cheval par mes mollets en les remontant au lieu de l’envelopper par l’intérieur des cuisses et des jambes. Mon assiette[8] rendait une communication fine et précise impossible tant ma main était instable, car cela n’invite pas la bouche du cheval à la décontraction et la mise en main.[9] J’avais le dos vouté et penché en avant ; les mains trop hautes ; les bras tendus ; les épaules trop remontées et les fesses trop en arrière sur la selle. Je manquais de tonicité au niveau des abdominaux, des cuisses (adducteurs) et des glutéaux. Mes épaules étaient également asymétriques, l’une plus basse que l’autre ; je manquais de descente de jambes ; mes talons étaient relevés et la pointes de pied tournées vers l’extérieur. Pour finir, j’avais trop de poids sur les étriers, une instabilité dans les allures rapides et dans les transitions. Globalement cela résultait en un manque de liant : je ne suivais pas assez le mouvement du cheval.
Effets observés
- Concentration : j’ai réussi à augmenter ma capacité de concentration. J’étais dans le moment présent, connecté à mon cheval, attentive à ses moindres mouvements. D’ordinaire, je suis d’un naturel tête en l’air, mon esprit tend à divaguer facilement. En général, si je commence à penser à autre chose, mon cheval le sait et commence à faire n’importe quoi ! Une fois ma jument ne répondait pas à mes aides alors qu’elle est d’ordinaire très fine, je commençais à m’agacer. Ma coach m’arrête et me dit « quelles sont les trois dernières choses que tu as faites et pourquoi ? », je réfléchis et lui réponds « Je n’en sais rien.. ». Et bien voilà, mon esprit n’était pas clair et organisé, j’ai donc repris en me concentrant sur chacune des mes actions et demandes, et là la jument obéit à la perfection.
- Ancrage : Je suis plus souvent dans les nuages que sur terre habituellement.. Je me déconnecte souvent de mon environnement et de mon corps, de tout ce qui est tangible et physique. Il est clair que cette pratique m’a enraciné dans la Terre et ceci est indispensable en Equitation. Ca m’a aidé à prendre conscience de mon corps, du cheval sous moi et de mon environnement.
- Capacité d’apprentissage : J’ai fait de gros progrès rapidement par rapport à ma vitesse d’apprentissage habituelle. Ceci est dû, je suppose, au fait d’accroître l’intelligence corporelle au travers de pratique profonde tel que le Qigong. Pour un pratiquant expérimenté, il y à même des capacités de l’Etre qui émergent.
- Rigueur : Un grand nombre d’échec en équitation vienne du manque de rigueur de la part des cavaliers, je me suis tenue au plan de travail demandé par ma coach avec plus de facilité de part la détermination que j’ai développé au travers de ma pratique quotidienne de Qigong.
- Détente : Bien que difficile à obtenir, j’ai remarqué une plus grande détente que d’ordinaire. Et ce malgré les circonstances stressantes, comme le fait de monter un jeune cheval aux réactions imprévisibles. A l’apparition d’une tension, on apprend à faire circuler l’énergie dans la zone par le biais de visualisation, par la respiration ou simplement de manières qui ne peuvent être décrites mais simplement ressenties à force de pratique. Ainsi on gagne en souplesse physique mais aussi mentale.
- Conscience et maitrise du corps : Auparavant lorsqu’une consigne m’était donnée, je peinais à la mettre à exécution simplement car je n’avais pas assez conscience de mon corps. J’avais donc du mal à situer par exemple la position de mon buste dans l’espace, il m’était donc difficile de la corriger. Quand bien même j’arrivais à la corriger l’espace d’une seconde, je perdais la connexion à mon corps la suivante et je stagnais donc dans ma progression. Je le disais même à ma coach avec étonnement, d’habitude je progressais très lentement car je n’arrivais pas à exécuter les consignes que l’on me donnait, car il m’était difficile de gérer mon corps.
- Axe vertical ciel-terre : Comme le disait ma coach, et Amaël Ferrando, il faut imaginer que l’on est étiré par le 20DM et finalement comme suspendu par le Ciel. Tandis que le bas du corps est lourd et attiré vers la Terre par la pesanteur. Cet étirement de la colonne était une sensation bien connue en Qigong et que je me tâchais de maintenir à cheval. Cette image très symbolique me fut d’une grande aide pour guider mon cheval et être droite.
- Ressenti : J’avais une plus grande sensibilité et donc l’impression de mieux ressentir les mouvements du cheval sous moi. La notion de suivre sans lutter le mouvement pour ne pas tomber me vint grâce à mes séances de Qigong et m’aidèrent à gagner du liant en selle.
- Connexion avec le cheval : Ce n’est pas un hasard si le débourrage s’est déroulé à merveille. Il y avait une symbiose entre la jument et moi grâce à ma coach qui nous a merveilleusement bien encadré. Il est facile de dire qu’il s’agit d’une gentille jument. Hors le cheval est un miroir de son cavalier. En effet, avant d’intégrer à ma vie mon Qigong, nous étions en conflit et ma coach était inquiète pour nous. Elle pensait qu’elle allait être difficile.
- Coordination : Un des bienfaits que je ne pensais pas obtenir c’est de contrer mon naturel maladroit. J’ai beaucoup de mal à ce que mes jambes fassent une chose pendant que mes mains en font une autre. Hors l’équitation c’est sans cesse jouer des mains, des jambes, du buste, du rein mais de manière indépendante, afin de conserver avec notre cheval. Ce casse tête s’en trouva moins difficile car mon corps m’obéissait plus au fur et à mesure.
- Tonification des membres inférieurs : Bien que j’avais les jambes très toniques, ce n’était en fait que mes mollets qui étaient toniques. De plus je me fatiguais vite. Hors par la posture de l’arbre, on apprend à maintenir une posture sans utiliser la force mais en faisant circuler l’énergie dans les membres inférieurs par exemple. Ceci permet de ne pas se crisper avec le temps et de ne pas se fatiguer. La force et l’endurance musculaire sont moins intéressantes à travailler car elles rigidifient et sont vite limitées. Que ce soit durant la posture de l’arbre ou à cheval, j’avais les jambes qui tremblaient au départ mais au fur et à mesure mes lombaires et mes jambes faibles se sont tonifiés.
- Souplesse du rein : J’avais mal au dos, surtout aux lombaires et à la cinquième dorsale. La pratique de l’équitation demande une grande souplesse lombaire afin d’amortir les chocs du mouvement du cheval sans glisser sur la selle. Ce qui n’arrangeait pas mes douleurs. Je n’ai pas eu de douleurs au dos depuis deux mois. Je ne saurais dire objectivement s’il s’agit de la posture de l’arbre mais il est certain que mon corps et ma santé s’en trouve renforcés.
- Observations sur photos des défauts restants :
Sur cette photo, ma position est relativement correcte, bien que mes coudes devraient être pliés. J’accompagne la descente d’encolure de ma jument qui se détend et étire son dos. Ma pointe de pied est tourné vers l’extérieur et je pourrais engager plus mon bassin vers l’avant de la selle. Je suis détendue et elle aussi.
Sur cette photo je suis trop voûté. Je me crispe et m’agrippe au cheval. Elle a peur du tracteur et se tend également. Je sens qu’elle a peur et qu’elle risque de bondir donc je me crispe aussi, chose à ne pas faire ! Au contraire je devrais me détendre davantage, lui parler et la rassurer en tant que guide. Là elle se dit, ma cavalière se tend aussi, j’ai donc raison de penser qu’il y a un danger.
Sur cette photo, je suis au trot enlevé, on peut voir que j’ai le pied tourné vers l’extérieur et j’ai la jambe trop en avant. Je suis trop penchée en avant et j’ai les fesses trop en arrière. Je me penche pour caresser ma jument qui a vu quelque chose qui l’intrigue.
Sur cette deuxième photo, on peut voir que ma jambe est trop en avant et que je pourrais être assise plus sur le devant de ma selle. Je suis globalement trop tendue. C’est la première fois que je monte ma jument en présence d’un autre cheval dans le même manège et il y a une tempête de vent. Elle tente d’accélérer et est d’humeur très joyeuse…
Ici on voit que je caresse ma jument pour tenter de l’apaiser. Je suis toujours tendue et avec les mêmes défauts que cités plus haut.
[1] Les airs relevés sont des figures de dressage de Haute école en équitation, exécutés rassemblées, au cours desquelles le cheval quitte le sol, soit seulement au niveau de son avant-main soit en totalité. Particulièrement techniques, ils sont enseignés et codifiés depuis la Renaissance. De nos jours, les écoles d’équitation comme le Cadre noir et l’école espagnole de Vienne les présentent en spectacle. Ils constituent le couronnement de l’équitation artistique.
[2] Donner à un jeune cheval le premier dressage à la selle et aux aides. (source : larousse.fr)
[3] Le dressage est, en équitation, un art se définissant comme la mise en scène du couple cheval-cavalier. Il est issu de l’école d’équitation classique, mais a évolué au cours des siècles, influencé par l’équitation militaire puis sportive. Sa forme est différente de son ancêtre. Au plus haut niveau, le dressage est un sport international olympique. Historiquement, des principes tels que la légèreté, la décontraction, l’impulsion et l’amour du cheval sont considérés comme indispensables à l’atteinte de « la belle équitation », afin de l’élever au niveau de l’art. Le dressage incarne alors la représentation stylisée des mouvements gracieux du cheval. La forme la plus pure du dressage exige du cheval et du cavalier des années pour être maîtrisée. Lorsqu’un cheval est avancé dans sa formation, il peut exécuter non seulement les mouvements du Grand Prix de dressage, tels que le passage et le piaffer, mais aussi certains « airs au-dessus du sol ». (source : wikipedia)
[4] On appelle étrier chacun des deux anneaux métalliques, suspendus de chaque côté de la selle, où le cavalier vient glisser ses pieds pour prendre appui. (source : wikipedia)
[5] Pièce du harnais attaché à la bride et qui passe dans la bouche du cheval; sert à diriger le cheval (source : http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/)
[6] Dénomination courante en Occident utilisée pour désigner la posture Da Cheng Yang Sheng Zhuang.
[7] https://kendreka.com/formation/qigong-lignee-bai-retraite-intensive/
[8] L’assiette est la qualité qui permet au cavalier de demeurer maître de son équilibre en toutes circonstances, quelles que soient les réactions du cheval. Elle désigne par là même la qualité de l’aplomb du cavalier et sa solidité en selle. Elle définit la manière dont le cavalier répartit son poids sur la selle3. Elle conditionne la fixité des mains et des jambes, comme aussi la possibilité pour le cavalier de faire intervenir ses aides avec aisance, justesse et opportunité. Une bonne assiette, liante et assurant l’indépendance des mouvements, se caractérise par l’aplomb du buste, la souplesse du rein, l’adhérence des cuisses, la fixité des jambes et l’aisance des épaules, de la tête et des bras. Le contact avec la selle est moelleux, le cavalier restant lié aux mouvements de son cheval.. (source : wikipedia)
[9] Un cheval est dans la main lorsque, étant en équilibre et placé dans la position du ramener, il cède dans sa mâchoire et décontracte sa bouche. Cet état de réceptivité et de disponibilité est le signe de l’acceptation physique et morale du cheval. Mettre un cheval en main, c’est donc obtenir le ramener qui se caractérise par la fermeture de l’angle de la tête avec l’encolure, la nuque étant le point le plus haut. Le véritable ramener est la résultante d’un engagement des postérieurs du cheval sous la masse, de l’impulsion et du rassembler dans l’équilibre. L’avant-main se grandit, le cheval se place. (source : http://www.cheval-haute-ecole.com/index207.html)[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »5″][vc_column][vc_column_text]
Conclusion
Avant de débuter cette expérience, j’avais, avant même de parler de technique pure et de positionnement, un problème de concentration et de rigueur dans le travail des chevaux qui m’avait presque valus de perdre l’opportunité de débourrer ma jument avec la grande cavalière Natalia A. Hors au fil des mois, elle me dit qu’elle était ravie de voir que je n’avais plus ses défauts qui étaient des freins énormes à la grande tâche qui m’attendait.
Pour en revenir à la position, les progrès sont incontestables. Il est difficile d’objectiver d’où ils viennent. Il est clair que j’ai été merveilleusement bien encadrée par une enseignante hors normes qui a su me cerner et travailler sur mes blocages émotionnelles afin de délier mon physique. Tout ce que je sais c’est que depuis que le Qigong et donc le travail de l’Energie, a pris place dans ma vie, je ne suis plus la même personne. La posture de l’arbre n’est qu’un élément mais cette pratique a infusé dans ma vie et a continué à œuvrer en moi en m’améliorant dans de nombreux domaines. Ce que je ressens c’est que dans une vie on évolue forcément, mais cette année la vitesse d’évolution chez moi a été fulgurante. Même au niveau équestre, j’ai l’impression d’avoir stagné les quinze dernières années par rapport à tout ce que j’ai pu apprendre ces derniers mois. J’ai passé un grand cap grâce au travail que j’ai fait sur moi. En effet, monter à cheval quelques heures par semaine ne peut suffire à mes yeux. Tout comme je l’ai dit dans l’introduction en parlant de la culture amérindienne, il est clair que comme pour aborder des soins énergétiques, si l’on aspire à communiquer avec finesse avec un Etre aussi sensible que le Cheval, il faut faire un travail sur soi. Nous humains, sommes bien trop agités intérieurement et tendus par notre rythme de vie dénaturé pour espérer converser avec des animaux aussi nobles et sages. Ne serait ce que par respect pour eux, il faudrait regarder en soi de temps en temps pour voir si l’on est pour eux une présence agréable ou bien un simple fardeau.
Du point de vu technique, avant j’éprouvais des difficultés à trotter assis[1] sans rebondir sur la selle et manquer de tomber au moindre écart du cheval. Il était encore moins question de trotter assis[2] sans étriers. J’étais maintenant à l’aise sans étriers au trot enlevé, en me servant de mes jambes uniquement pour me soulever. Il est clair que je souffrais pendant trois jours après chaque séance mais je me sentais de plus en plus solide à cheval. Il y a encore beaucoup de travail avant d’arriver à une position correcte. Ce qui est sûr c’est que pour des cavaliers amateurs comme moi, qui ne peuvent se permettre de monter des dizaines de chevaux par jour, il est très intéressant de gagner du temps dans la progression en travaillant sur son corps par le Qigong. Après l’avoir essayé, la posture de l’arbre et pour moi la posture idéale pour parfaire son équitation. Elle n’aura pas que des effets sur le physique, bien au contraire la détente est d’abord mentale, le cœur doit être calme afin que le corps se détende. Elle va permettre de faire le vide, et ainsi de voir réellement son cheval et d’être en état de pouvoir communiquer avec lui par le biais du langage corporel, des échanges d’énergie ou encore de la pensée.
C’est donc un travail que je vais continuer toute ma vie. Je remercie mes enseignants : mes chevaux, ma coach Natalia A. et Amaël Ferrando pour leur patience et de me transmettre leurs connaissances avec tant de justesse et de cœur.
Quelques mots du maître Nuno Oliveira à méditer…
« Le secret, en équitation, c’est d’agir peu et à propos.
Plus on en fait, moins ça va.
Moins on en fait, mieux ça va.
Sentez votre cheval, ne le montez pas comme une bicyclette, avec des fesses insensibles.
Je ne veux pas voir des cavaliers qui bougent. Travaillez par la pensée.
Il est bon parfois de monter les yeux fermés. »
« Le drame de l’équitation, c’est que, malgré tout le savoir des cavaliers, le cheval a des réflexes plus rapides que l’homme.
A cheval, il ne faut pas cesser d’observer.
L’équitation n’est pas une science précise. Il faut « sentir » et non avoir un « système » dans la tête.
Il y a deux choses en équitation : la technique et l’âme.
L’équitation, ce n’est pas la recherche du succès en public, et l’autosatisfaction après quelques applaudissements, ce n’est pas non plus plaire à tout prix à un jury de concours, c’est le dialogue en tête-à-tête avec le cheval, c’est la recherche de l’entente et de la perfection.
En équitation, il ne peut y avoir de véritable méthode, car chaque cheval est un cas.
Le dressage, ce n’est pas exécuter des airs difficiles, mais rendre le cheval plus docile, plus flexible et lui donner un meilleur équilibre.
Le dressage, c’est la recherche de la rondeur.
Le dressage, c’est le perfectionnement des trois allures naturelles du cheval.
L’art équestre, c’est la poésie de tout cela.
Un cheval dressé est un cheval souple, agréable à monter, heureux et non un cheval qui fait des gesticulations.
La technique peut mener à un certain niveau, mais au-delà il faut l’adhésion psychologique du cheval.
L’art équestre est fait d’une quantité infinie de petits détails et du sentiment du cavalier.
L’art équestre commence par la perfection des choses simples.
L’art équestre, c’est l’art pour le cavalier de rester tranquille et de garder son cheval droit.
Délaissez un peu la technique pour monter avec votre cœur.
Il faut sentir et aller jusqu’à l’émotion. »
« Baucher a su donc adapter aux chevaux modernes tous les grands principes de la Haute Ecole dont il avait pu observer la pratique derrière les grilles de Versailles par les d’Abzac et d’autres maîtres qui évoluaient au tricorne sur des chevaux navarins, des espagnols, bref des chevaux arrondis. C’est à lui que nous devons ces merveilleux mots-clés de l’équitation, lorsque, sur son lit de mort, il dit à son cher disciple le général L’Hotte, « toujours comme cela » en lui prenant la main et en l’immobilisant et « jamais comme cela » en la reculant vers sa poitrine. »
« Je vais commencer par citer le Grec Xénophon : « Le cheval prendra mieux le mors si chaque fois qu’il l’accepte, il lui survient quelque bon traitement. » Déjà 400 avant Jésus-Christ on pensant à récompenser et à pratiquer ce que beaucoup plus tard on appelé pompeusement la « descente de main ».
[…] »
Bibliographie
- Wikipedia
- « Œuvres complètes. » Nuno Oliveira
- « Equilibre et rectitude » Pierre Beaupère
- « Qigong Tuina : Pratiques d’autoguérison par le Qigong » Amaël Ferrando
- « Qigong Tuina : Philosophie et Diagnostic » Amaël Ferrando
- « Gymnase et dressage » Michel Henriquet, Catherine Durand
- « Œuvres complètes » François Baucher
- Les photos non annotés sont celles que j’ai faite moi-même sur mes propres chevaux, elles sont libres et sans droits d’auteurs.
[1] Au trot assis, le cavalier reste assis dans sa selle. Son corps suit les mouvements du cheval en souplesse. Cette façon de trotter est préférée en dressage car elle permet une plus fine relation avec sa monture, et les jambes, épousant étroitement le corps du cheval, agissent plus efficacement. (source : wikipedia)
[2] Au trot enlevé, le cavalier se lève en prenant appui dans ses étriers un temps sur deux. Cette façon de trotter est utilisée par la plupart des cavaliers car elle est moins fatigante pour le dos du cheval et plus confortable pour le cavalier. (source : wikipedia)[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]