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Utilisation de la Salive en Qigong et Médecine Chinoise

Cas d’un Vide de Yin du Rein
Article vide de yin du rein
Par Gabriel de Gantès
Ceci est mon article de fin d’étude suite à ma formation en Acupression. Pour en savoir plus, vous pouvez me contacter ou suivre ce bouton pour découvrir cette formation.

Sommaire

Introduction

Tao Sheng Yi                                  Le Tao crée le Tout

Tian Yi Zhen Shui                            Le liquide sacré céleste

Jin Jin Yu Ye                                    Le liquide d’or, le liquide de jade

Yan Ru Dan Tian                             Avalez-les dans le Dan Tian

Shen Qi Jing He Yi                           L’Esprit, l’Energie et l’Essence ne font plus qu’un

Tian Di Ren He Yi[1]                           Le Ciel, la Terre et l’Homme ne font plus qu’un

Cet ancien mantra de guérison taoïste attribue des vertus presque magiques aux liquides qui constituent la salive : les liquides d’or et de jade, et le liquide sacré céleste.

Lors d’une séance, Amaël avait identifié chez moi un vide de Yin du Rein. Il m’avait alors recommandé de pratiquer un exercice relativement complexe, dont le principe est de nourrir le Yin avec la salive. Devant l’effet de cette méthode qui sera abordée plus en détail, j’ai cherché à en savoir plus sur la salive et sur ces liquides qui ont de tels pouvoirs.

Dans une première partie, nous dresserons un bref rappel concernant le Vide de Yin du Rein. La deuxième partie s’intéressera à la place de la salive dans la Médecine Traditionnelle Chinoise. La troisième partie étudiera ses utilisations dans un contexte général. Enfin, nous verrons dans la quatrième partie l’utilisation concrète qui peut en être faite dans le cas d’un vide de Yin du Rein.

I. Le Vide de Yin du Rein

Le vide de Yin du Rein est un tableau pathologique relativement fréquent. Les causes peuvent être une prédisposition ou un surmenage physique ou émotionnel. Le Rein étant un pilier fondamental de tout le corps, les déséquilibres de type vide de tous les autres organes ont tendance à évoluer en un vide du Rein, qu’il s’agisse d’un vide de Qi, d’un vide de Yang, d’un vide de Yin ou même d’un vide de Jing (Essence).

L’un des gros éléments distinctifs entre un vide de Yin et une vide de Yang du Rein est que le premier présente des signes de chaleur, tandis que le second montre des signes de froid.

A. Les signes et symptômes généraux

  • Vertiges et éblouissements,
  • Mauvaise mémoire,
  • Ouïe : difficulté à entendre, acouphènes (notamment si l’apparition est progressive et s’il s’agit d’un bruit de vagues), sifflements et bourdonnements,
  • Signes de chaleur : transpirations nocturnes, fièvre ou sensation de chaleur en soirée ou la nuit, sensation de chaleur aux cinq Cœurs (paumes des mains, plantes des pieds, centre de la poitrine), pommettes rouges, bouffées de chaleur de la ménopause,
  • Signes de sécheresse : bouche et gorge sèches la nuit, soif avec envie de boire par petites gorgées,
  • Douleur des lombes et des genoux,
  • Douleur dans les os,
  • Selles et urines : constipation, urines foncées et peu abondantes,
  • Appareil génital: difficultés à concevoir, éjaculation précoce, pollutions nocturnes, saignements menstruels excessifs,
  • Sommeil : insomnies au milieu de la nuit, réveils fréquents,
  • Etat général : agitation, fatigue, lassitude, dépression, légère anxiété,
  • Langue rouge, avec peu ou pas d’enduit,
  • Pouls : petit ou flottant et vide, légèrement rapide.

D’autres signes peuvent mettre sur la piste d’un Vide de Yin, tels que :

  • Teint noirâtre, desséché et brûlé,
  • Gonflements ou cernes sous les yeux,
  • Dents sèches et grises comme des os,
  • Gorge douloureuse et sèche (mais pas rouge ni enflée),
  • Sensation de pression dans les yeux.

Dans la pratique, le tableau pathologique du vide Yin du Rein est rarement aussi clair : il est souvent rendu plus complexe par une combinaison avec d’autres tableaux. Les plus fréquents sont :

  • Vide de Yin et de Yang du Rein,
  • Vide de Yin du Rein, la chaleur-vide s’embrase,
  • Vide de Yin du Rein avec glaires,
  • Vide de Yin du Rein et du Foie,
  • Vide de Yin du Rein et du Cœur,
  • Vide de Yin du Rein et du Poumon.

B. Le traitement en Acupression

La stratégie est relativement simple : il s’agit de tonifier, de nourrir le Yin, du Rein en particulier.

Les points conseillés dans le cours d’acupression à distance sont :

  • Guan Yuan (Passe de l’Origine) 4 Ren Mai, le point de croisement du Ren Mai avec les méridiens du Rein, de la Rate et du Foie
  • Tai Xi (Grande Rivière) 3 Rein, le point Yuan du méridien du Rein
  • San Yin Jiao (Réunion des Trois Yin) 6 Rate, le point de croisement des méridiens du Rein, de la Rate et du Foie

D’autres points peuvent être utilisés, notamment :

  • Zhao Hai (Mer Brillante) 6 Rein
  • Yin Gu (Vallée du Yin) 10 Rein, le point Eau du Méridien du Rein
  • Zhu Bin (Maison des Invités) 9 Rein

II. La Salive en Médecine Traditionnelle Chinoise

A. Deux types de salives

La Médecine Traditionnelle Chinoise fait une distinction importante entre deux types de salives :

  • Xian, en relation avec la Rate, est un liquide clair et fin qui provient de la bouche même. Ce liquide est décrit comme un liquide clair et aqueux. Il a pour fonction d’humidifier la bouche et de favoriser la digestion en mélangeant les aliments avec des liquides qui vont la faciliter. Comme la Rate « nourrit la bouche », elle contrôle la sécrétion de la salive.
  • Tuo, en relation avec le Rein, que Giovanni Maciocia préfère traduire comme « bave » pour la différencier de Xian. La bave est décrite comme un liquide épais et plus trouble que la salive. EIle provient de la base de la langue et de l’arrière de la gorge. La fonction de la bave est de lubrifier l’arrière de la bouche et de la gorge. Par ailleurs, la bave est une expression de l’Essence du Rein

Dans le tableau des Wu Xing (Cinq Eléments ou Cinq Mouvements), une distinction bien nette est donc faite entre les liquides organiques ou sécrétions :

  • Xian, en relation avec la Rate, correspondant à l’élément Terre
  • Tuo, en relation avec le Rein, correspondant à l’élément Eau

B. Liquide d’Or, liquide de Jade

Revenons au mantra taoïste évoqué en introduction dans lequel il est fait référence au liquide d’or et au liquide de jade :

L’Univers est composé de trois puissances naturelle, les San Cai (三才, les Trois Parties) :

  • Tian (天, le Ciel),
  • Di (地, la Terre),
  • Ren (人, l’Homme).

Chacun de ces trois composants a son énergie propre :

  • Tian Qi (天氣/ 气, le Qi Céleste),
  • Di Qi (地氣/气, le Qi de la Terre),
  • Ren Qi (人氣/气, le Qi de l’Homme).

Tian Qi (le Qi Céleste) gouverne Di Qi (le Qi de la Terre), tandis que Di Qi nourrit et fournit les conditions nécessaires pour que les plantes poussent, que les animaux prospèrent et que l’Homme puisse vivre et développer le Ren Qi (le Qi de l’Homme).

Un équilibre doit absolument être maintenu au sein de chaque énergie, ainsi qu’entre ces trois énergies, faute de quoi surviennent les pandémies et les catastrophes naturelles.

Jin Jin – Yu Ye (金津玉液, Liquide d’Or et Liquide de Jade) est considéré par les Taoïstes comme le liquide sacré généré par la Terre-mère. Il est produit par Di Qi, l’Energie de la Terre, l’un des composants du triptyque des trois énergies de l’Univers :

  • Tian Qi (Energie du Ciel),
  • Di Qi (Energie de la Terre),
  • Ren Qi (Energie de l’Homme).

Di Qi (l’Energie de la Terre) pénètre dans le corps au point Yong Quan (Source Jaillissante, 1 Rein), sous la voûte plantaire. Di Qi remonte ensuite le long des jambes jusqu’à Hui Yin (Réunion du Yin, 1 Ren Mai) au niveau du périnée. Il passe par le centre du corps, la gorge et émerge aux deux points hors méridien Jin Jin (Liquide d’Or) et Yu Ye (Fluide de Jade), situés de part et d’autre de la base de la langue.

Ces deux points hors méridien sont assez peu utilisés dans ce contexte en Acupuncture, mais sont des points importants en Qigong : de ces deux points jaillit une forme liquide de Di Qi, l’Energie de la Terre-mère.

Son pendant lié à Tian Qi (Qi Céleste) est Tian Yi Zhen Shui (Liquide Sacré Unique Céleste). De même que Jin Jin – Yu Ye rassemble le message, l’énergie et la matière de la Terre, celui-ci en fait autant avec le Ciel. Tian Yi Zhen Shui descend du ciel à travers le vertex du crâne, au point Bai Hui (les Cents Réunions, 20 Du Mai), passe dans le cerveau, le palais et émerge dans la bouche.

III. Utilisations Générales de la Salive

Ces propriétés font de la salive, et notamment de Jin Jin – Yu Ye (Liquide d’Or, Liquide de Jade) un liquide extrêmement précieux, parfois appelé le Pilule Immortelle, qu’il convient de ne pas gaspiller. Bien au contraire, il peut être utilisé comme un médicament. Il est même considéré comme le seul médicament sans toxicité, qui ne consomme aucun Yuan Qi (Energie Originelle) ni Jing (Essence), car il est fait de cette Essence du corps.

Il n’est donc pas surprenant de constater que des méthodes liées à l’utilisation de la salive ont été mises au point très tôt. Le Zhu Bing Yuan Hou Lun, par exemple, fait référence à de telles méthodes dès 610 après J.-C.

Le but de ces pratiques consiste à augmenter la quantité de salive produite, puis à l’avaler et la guider vers des points précis.

A. Augmenter la quantité de salive produite

Plusieurs méthodes sont utilisées, soit seules, soit en combinaison :

1. Le bout de la langue touche le haut du palais

Beaucoup de pratiques de Qi Gong préconisent de mettre en contact tout au long des exercices le bout de la langue avec le haut du palais, formant ce qui est appelé le « Pont de l’Oiseau ». Le but est double :

  • Il permet de mettre en contact le Du Mai (qui régit le Qi) et le Ren Mai (qui régit le Sang), afin de faciliter la circulation du Qi et du Sang. Mis en contact, le flux de Qi augmente et renforce notamment le Wei Qi (Qi Défensif).
  • Il permet également d’augmenter automatiquement la production de salive.

Cette pratique fait partie par exemple de l’une des méthodes majeures présentées dans le livre d’Amaël « Qigong Tuina – Pratiques d’Autoguérison par le Qigong » : Da Cheng Yang Sheng Zhuang (la Posture Debout du Grand Accomplissement pour Nourrir la Vie).[7]

2. Tourner la langue contre les lèvres

Cette méthode appelée Jiao Hai (Remuer l’Océan) est assez largement répandue. Elle est souvent précédée d’une préparation qui consiste à tonifier le Rein en claquant des dents 36 fois (Kou Chi, Frapper des Dents), tout en gardant la bouche fermée.

Il s’agit de tourner la langue entre les lèvres et les dents neuf fois dans le sens des aiguilles d’une montre, puis neuf fois dans le sens inverse. Cette opération est particulièrement efficace car la bouche se remplit assez rapidement d’une grande quantité de salive.

Cette pratique est utilisée par exemple dans deux exercices présentés dans le livre d’Amaël « Qigong Tuina – Pratiques d’Autoguérison par le Qigong » :

  • Zi Yin Qian Yang (Humidifier le Yin, Cacher le Yang sous l’Eau)[8], abordée plus en détail dans notre quatrième partie
  • Zhen Fu Dao Yin Fa (Méthode de Dao Yin de Vibration du Ventre)[9]

B. Avaler la salive

Nous avons vu comment stimuler la production de ce précieux liquide. Il convient de canaliser ce médicament là où il est le plus utile : guider la salive par l’intention tout en l’avalant sur une inspiration.

Parfois la méthode prévoit de la diriger vers une zone malade pour lui faire profiter des vertus régénératives de ce concentré de Jing (Essence).

Plus généralement, les pratiques, moins ciblées, recommandent de diviser la salive en trois gorgées et de canaliser chacune de ces gorgées vers l’un des trois Foyers de San Jiao (Triple Réchauffeur : Cf. la formation d’acupressure chinoise) :

  • Foyer Supérieur :

La première gorgée est dirigée vers Shan Zhong (Centre de la Poitrine, 17 Ren Mai, parfois aussi appelé Tan Zhong). Shan Zhong est notamment :

. le point Hui (de Réunion) du Qi,

. le point Mu antérieur de Xin Bao (Maître-Cœur) qui protège le Cœur,

. le « lieu de stockage » de toutes les informations de la personne.

  • Foyer Moyen :

La deuxième gorgée est dirigée vers Zhong Wan (la Cavité du Centre, 12 Ren Mai), qui est, lui aussi, d’une importance capitale, car il cumule plusieurs fonctions, dont :

. la régulation du Foyer Moyen,

. la régulation des fonctions de production de Qi et de Sang par la Rate et l’Estomac,

. le centre de production de l’Essence du Ciel Postérieur, ou Jing Acquis.

  • Foyer Inférieur :

La troisième gorgée va vers Guan Yuan (Passe de l’Origine, 4 Ren Mai), notre centre vital.

Guan Yuan est le siège de :

. Dan Tian,

. Yuan Qi (Energie Originelle),

. l’Essence du Ciel Antérieur ou Jing Inné.

Par ailleurs, Guan Yuan communique avec Ming Men (Porte de la Vie, 4 Du Mai) où réside le Feu Ministre.

C’est quand la salive arrive à Guan Yuan que s’opère la première étape de l’Alchimie Interne taoïste : Le Yin se transforme en Yang, l’Essence se transforme en Qi.

Nous n’approfondirons pas ici l’Alchimie Interne taoïste car ceci mérite une analyse à part entière. Simplement, cette première étape accomplie, ce processus est alors suivi par le stade où le Qi se transforme en Shen (Esprit).

Selon un ancien texte taoïste, « de même que la respiration crée les nuages, l’action d’avaler sa salive répand la pluie et donne vie aux cent-milles Esprits »…

Selon le Huang Di Nei Jing (Classique de l’Empereur Jaune), « l’eau claire du Lac de Jade se déverse vers la Racine Magique. Prenez soin de la nourrir et vous vivrez longtemps. Les calamités ne toucheront pas celui qui se rince avec et avale ce fluide magique »

Le Lac de Jade est le centre de la bouche. La Racine Magique est la langue qui est utilisée pour activer la formation de salive dans le Lac de Jade. La langue sert donc à accumuler, rassembler, puis diriger la salive vers la gorge.

Nous retrouvons cette pratique dans les deux exercices évoqués plus haut dans la partie « Tourner la langue contre les lèvres »[10], car elle en est le prolongement logique.

IV. Cas Pratique d’Utilisation de la Salive dans un Cas de Vide de Yin du Rein

Amaël m’a conseillé une méthode pour améliorer les cas de Vide de Yin du Rein : Zi Yin Qian Yang (Humidifier le Yin, Cacher le Yang sous l’Eau).

Elle est présentée dans les détails dans « Qigong Tuina – Pratiques d’Autoguérison par le Qigong » (méthode « F16 », page 125). Nous ne reprendrons pas ici ces détails mais fournissons un résumé de la méthode.

A. Résumé de la méthode

  1. Pour un vide de Yin de Rein, l’idéal est de pratiquer cette méthode le soir, avant d’aller se coucher.
  2. S’allonger sur le dos, les pieds et les mains légèrement écartés, les paumes tournées vers le ciel,
  3. Claquer des dents 36 fois la bouche fermée,
  4. Tourner la langue entre les lèvres et les dents neuf fois dans le sens des aiguilles d’une montre, puis neuf fois dans l’autre sens, la bouche toujours fermée,
  5. Quand la bouche est remplie de salive, séparer la salive en trois parts,
  6. Avaler la première gorgée et la diriger avec l’intention vers le 17 Ren Mai (Foyer Supérieur),
  7. Faire de même avec la deuxième gorgée vers le 12 Ren Mai (Foyer Moyen),
  8. Diriger la troisième gorgée vers le 4 Ren Mai (le Foyer Inférieur, Dan Tian),
  9. Une fois toute la salive avalée, inspirer longuement, garder les poumons et le bas-ventre gonflés le plus longtemps possible, puis expirer lentement,
  10. Parcourir mentalement le corps en commençant au sommet du crâne jusqu’à la plante des pieds ; faire deux descentes d’environ deux minutes.

B. Cas pratique

Il s’agit d’une méthode relativement complexe, demandant une réelle motivation sur la durée.

Mon ambition de proposer ici une étude des ressentis et effets sur plusieurs personnes a dû être revue à la baisse. J’ai donc choisi de tester cette méthode sur moi-même en m’intéressant particulièrement à l’évolution dans le temps des effets et ressentis. J’ai pratiqué cette méthode quasiment quotidiennement, soit plus de 120 fois au total, ce qui fournit un échantillon intéressant dans le cadre de nos observations.

1. La méthode

Ajoutons par rapport aux indications décrites ci-dessus quelques remarques que j’ai faites au cours de ces mois de pratique :

  • La méthode de Qi Gong demande au début de l’exercice un état d’esprit parfaitement calme ; un moment préparatoire de calme est donc nécessaire pour commencer dans de bonnes conditions.
  • Un endroit très calme est également à privilégier, car le processus est facilement « pollué », voire interrompu, par des bruits inopinés.
  • Une surface trop dure est peu propice à de bons ressentis ; j’ai eu les meilleurs ressentis sur des surfaces fermes mais pas trop dures, telles que des tapis épais ou matelas fermes.
  • La partie la plus inconfortable a été pour moi de tourner la langue entre les lèvres et les dents, notamment dans le sens contraire des aiguilles d’une montre ; même après des mois de pratique, cette inconfort est resté le même.
  • La durée de chaque séance est en moyenne de 30 à 45 minutes dont une dizaine de minutes pour la mise en application de la méthode.
  • Une fois la dernière étape réalisée, le temps d’attente des effets peut être très variable ; souvent les premiers effets commencent à se faire sentir quelques instants après le début de la dernière étape (parcours mental du corps) ou au beau milieu de cette étape ; parfois il faut attendre quelques minutes après la fin de cette étape.
  • Plus rarement, j’ai dû attendre une dizaine de minutes avant les premiers ressentis. Il s’agissait en général des fois où un élément externe ou des pensées trop polluantes perturbaient mon état de calme.

Concernant la technique proprement dite, je me suis scrupuleusement tenu aux indications données dans le livre pour le cœur de la méthode. J’ai cependant testé plusieurs variations à la périphérie, pour observer les différences éventuelles de ressenti :

  • L’écartement des pieds m’a semblé avoir un impact moins important, tant que cet écartement restait confortable.
  • La position des bras et des mains a une incidence assez limitée au début de l’exercice ; par la suite cependant, cela fait une réelle différence en termes de ressenti, car on se sent beaucoup plus enveloppé dans l’énergie de l’univers. Les paumes tournées vers le ciel et un écartement des mains d’environ 20 cm semblaient l’idéal, tel que décrit dans le livre d’Amaël.
  • La quantité de salive produite est l’élément qui a, de très loin, l’importance la plus capitale sur l’intensité et la durée des effets : elle détermine la « taille » – donc les effets – de chaque paquet de salive, ainsi que la facilité avec laquelle on pourra faire parvenir cette gorgée vers chacun des trois Foyers.
  • J’ai trouvé la suggestion que m’avait faite Amaël d’une grande aide pour aider à canaliser la salive vers chacun des trois Foyers : placer un doigt sur chacun de ces Foyers au moment où l’on avale la gorgée.
  • J’ai trouvé que la dernière étape (parcours mental du corps) avait un impact notable sur la durée des effets, à condition de bien partir du vertex en allant vers la plante des pieds. J’ai par ailleurs testé différentes variantes de parcours mental, mais n’ai constaté que peu de différences.

La partie réellement incontournable de cette méthode est donc :

  • Produire une grande quantité de salive
  • Bien la diriger vers chacun des trois Foyers…

… c’est-à-dire utiliser la salive pour « humidifier le Yin et cacher le Yang sous l’eau » comme l’indique le nom de cette méthode.

J’ai également remarqué deux éléments qui ont fondamentalement changé la panoplie ainsi que la durée des effets :

  • Tout au long de l’exercice à partir de la dernière étape (parcours mental du corps), il est très efficace de continuer à produire de la salive en plaçant le bout de la langue contre le haut du palais (comme expliqué dans la partie III – A – 1).

Je pratique donc également cette technique, puis avale régulièrement cette salive en la dirigeant :

. tour à tour dans la direction de chacun des trois Foyers pendant l’étape de parcours mental du corps,

. puis uniquement vers Dan Tian pendant tout le reste de la pratique.

  • Un autre élément qui m’a vraiment aidé est la respiration. Une respiration aussi lente et ample que possible fait une énorme différence, surtout si l’on pratique la respiration par Bai Hui (20 Du Mai, au vertex du crâne) et Yong Quan (1 Rein, sous la plante des pieds).

2. Les effets

Après une première séance plus expérimentale vue la complexité du procédé, la seconde fois a été une expérience inoubliable.

Une fois la dernière étape terminée, je commençais à me demander après quelques minutes si l’exercice était fini, quand une sensation de chaleur très agréable a commencé à gagner mes bras et mes mains. Peu après, un véritable tsunami m’a envahi. Une déferlante de secousses puissantes et profondes a pris possession de tout mon tronc, au niveau de la poitrine, de l’estomac et de mon bas-ventre. Elle s’est aussi emparé de mes bras et mes jambes, tant l’ampleur de ces vibrations était importante. Ce phénomène d’une puissance impressionnante s’est poursuivi un long moment sans discontinuer, sans doute une dizaine de minutes. Il était même difficile de reprendre mon souffle car il n’y avait pas réellement d’accalmie.

Mon sentiment à ce moment était un mélange

  • de bien-être, semblable à l’euphorie mêlée d’abandon que l’on ressent  quand on est pris sur la plage dans des rouleaux ;
  • d’amusement à l’idée de ce que cette scène digne d’une adaptation de « L’Exorciste » devait avoir l’air comique de l’extérieur ;
  • de stupéfaction ;
  • enfin d’inquiétude devant cette force qui prenait possession de moi sans même la possibilité d’appeler du secours, tant j’aurais été incapable de décider le moindre mouvement.

Quelques minutes de calme ont suivi cette tempête, puis les tremblements ont repris, avec une puissance toujours aussi intense. Les deux heures suivantes ont été ainsi une alternance de longues périodes de violentes secousses et de courts moments d’accalmie, jusqu’à ce que l’épuisement me gagne. Plusieurs fois dans la nuit et même dans la journée le lendemain, les vibrations reprirent, telles des répliques sismiques.

Les séances des semaines suivantes ont été relativement semblables, quoique l’ampleur des effets se soit atténué graduellement après quelques jours. Ces effets finirent même par disparaître quelques jours.

Après cette interruption, ces mêmes effets reprirent plusieurs semaines, mais les secousses devinrent plus modérées, laissant place à des sensations, plus douces, de chaleur partout dans le corps. De temps à autre, des chocs survenaient brusquement, tels des coups de poings dans le plexus solaire ou dans l’abdomen, mais sans le côté désagréable, même si cela semble assez paradoxal.

Au fil des semaines, en général vers la fin de les séances, des effets plus subtils ont pris une place plus importante : une sensation de plénitude, d’abord des bras, puis de tout le corps, comme si une boule d’énergie se formait en prenant appui sur les paumes des mains tournées vers le ciel, pour ensuite envelopper mon corps entier.

Après plus d’une centaine de séances, les effets restent variables d’une fois à l’autre. D’une façon générale :

  • Les signes annonciateurs sont le plus souvent des crispations de plus en plus marquées de la lèvre supérieure qui gagnent ensuite le pourtour de la bouche et parfois le nez.
  • Les effets brusques et sauvages restent, avec notamment :

. les tremblements du tronc, similaires aux premières séances mais moins intenses,

. des mouvements brusques de la tête vers la gauche ou des bras vers le haut,

. les chocs violents au plexus solaire et à l’abdomen mentionnés plus haut.

  • Ce côté laisse graduellement une place croissante à des sensations plus fines :

. une montée en puissance d’une chaleur douce et agréable dans le tronc et les jambes,

. une grande énergie ressentie au bout des doigts,

. le champ d’énergie enveloppant tout le corps décrit plus haut,

. parfois certaines formes de couleurs, notamment le noir,

. des premiers signes ou plutôt des balbutiements d’émotions diverses.

Conclusion

Je n’ai intentionnellement pas encore répondu à la question que l’on devrait se poser : après tant de séances, le Vide de Yin du Rein a-t-il été comblé ?

J’ai constaté globalement une nette amélioration de mon état général ces derniers mois, surtout des transpirations nocturnes et des douleurs des lombaires, et dans une moindre mesure, au niveau de la fatigue et des insomnies.

D’un autre côté le processus prend du temps et n’est pas encore achevé. Le vide à combler au départ était important. Je suis encore parfois sujet à de grosses détériorations d’état général, en général dues à des causes extérieures anxiogènes. Une détérioration assez rapide survient aussi si je réduis la durée ou la qualité de cette pratique et de mon Qi Gong quotidien.

Cette méthode et le Qi Gong en général sont d’un grand secours. Néanmoins, ils ne dispensent pas de régler les causes premières des déséquilibres qui se sont renforcés sur de longues années : les environnements « toxiques » et les déséquilibres émotionnels. J’ai bien conscience que cette méthode offre avant tout une aide pour retrouver suffisamment d’énergie et régler ces déséquilibres à leur source…

Je conclurai par quelques dernières réflexions :

  • Le processus est en cours, il s’agit d’un travail de longue haleine ; le Vide de Yin s’est creusé sur de nombreuses années au cours desquelles mes réserves ont été fortement atteintes ; il est donc normal qu’il faille du temps et de la ténacité pour le combler.
  • Cette pratique, ainsi que celle plus générale du Qi Gong, m’ont permis d’inverser la tendance de mon état général, ce qui est déjà un exploit vu le nombre d’années de détérioration graduelle.
  • Comme indiqué ci-dessus, je n’ai fait qu’entrevoir certaines images fugitives et suis à la porte d’un monde entier à découvrir : les émotions.

J’en suis encore à la première étape de l’Alchimie Interne taoïste : Le Yin se transforme en Yang, l’Essence se transforme en Qi. Cette première étape accomplie, le Qi se transformera en Shen…

Remerciements

Je voudrais tout d’abord remercier Amaël qui m’a fait découvrir cette méthode, le Qi Gong et le vaste monde de la Médecine Traditionnelle Chinoise. J’ai beaucoup de chance de l’avoir rencontré, sa personnalité, sa connaissance impressionnante et son approche bienveillante et ouverte d’esprit.

Merci également à Sébastien pour ses précieux conseils et pour m’avoir appris que le Qi Gong était une chose joyeuse. Merci à mes collègues d’acupression avec qui j’ai eu des échanges si enrichissants.

Enfin merci à Véronique, ma femme, qui m’a accompagné pas à pas et introduit à ce monde palpitant. Merci à elle et à mes deux filles Philomène et Eline pour m’avoir encouragé et soutenu dans mes moments les plus difficiles.

Je ressens également beaucoup de gratitude pour tous ceux qui, depuis des millénaires, ont développé, enrichi et partagé toutes ces méthodes et ces connaissances.

Bibliographie

Amaël Ferrando, Qigong Tuina – Pratiques d’Autoguérison par le Qigong ; Chariot d’Or, 2018

Amaël Ferrando, Qigong Tuina – Philosophie et diagnostic; Chariot d’Or, 2020

Amaël Ferrando, Qigong Tuina – Massage et automassage; Chariot d’Or, 2017

Giovanni Maciocia, Le Diagnostic en Médecine Chinoise ; Elsevier Masson, 2020

Giovanni Maciocia, Les Principes Fondamentaux de la Médecine Chinoise; Elsevier Masson, 2008

Giovanni Maciocia, La Pratique de la Médecine Chinoise; Elsevier Masson, 2017

Eric Marié, Précis de Médecine Chinoise ; Dangles, 2008

Jerry Alan Johnson, Qigong Therapy – Volume 1 – Energetic Anatomy and Physiology; The International Institute of Medical Qigong, 2002

Jerry Alan Johnson, Qigong Therapy – Volume 2 – Energetic Alchemy, Dao Yin Therapy and Qi Deviation; The International Institute of Medical Qigong, 2002

Jerry Alan Johnson, Qigong Therapy – Volume 3 – Differential Diagnosis, Clinical Foundations, Treatment Principles and Clinical Protocols; The International Institute of Medical Qigong, 2002

Jerry Alan Johnson, Qigong Therapy – Volume 4 – Prescription Exercises and Meditations, Treatment of Internal Diseases, Pediatrics, Geriatrics, Gynecology, Neurology and Energetic Psychology; The International Institute of Medical Qigong, 2002

Richard Bertschinger, Essential Texts in Chinese Medicine – The Single Idea in the Mind of the Yellow Emperor; Singing Dragon, 2015

Eva Wong, Holding Yin, Embracing Yang – Three Taoist Classics on Meditation, Breath Regulation, Sexual Yoga and the Circulation of Internal Energy; Shambhala, 2005

Zhi Gang Gang Sha, Tao II: The Way of Healing, Rejuvenation, Longevity, and Immortality; Atria Books, 2010

Henri Maspero, Taoism and Chinese Religion; The University of Massachusetts Press, 1981


[1] Source: Zhi Gang Gang Sha, Tao II: The Way of Healing, Rejuvenation, Longevity, and Immortality, 2010

[2] Sources : Amaël Ferrando, Cours d’Acupression & Bases de Qigong Tuina ; Giovanni Maciocia, Le Diagnostic en Médecine Chinoise, 2020 ; Eric Marié, Précis de Médecine Chinoise, 2008

[3] Sources : Amaël Ferrando, Cours d’Acupression & Bases de Qi Gong Tuina ; Giovanni Maciocia, Le Diagnostic en Médecine Chinoise, 2020 ; Eric Marié, Précis de Médecine Chinoise, 2008

[4] Source : Giovanni Maciocia, Les Principes Fondamentaux de la Médecine Chinoise, 2008

[5] Sources : Yi Jing (le Classique des Changements), entre le Xème et le IVème siècle avant JC ; Zhi Gang Gang Sha, Tao II: The Way of Healing, Rejuvenation, Longevity, and Immortality, 2010

[6] Sources : Amaël Ferrando, Qigong Tuina – Pratiques d’Autoguérison par le Qigong , 2018 ; Jerry Alan Johnson,  Qigong Therapy – Volume 2 – Energetic Alchemy, Dao Yin Therapy and Qi Deviations, 2002 ; Jerry Alan Johnson,  Qigong Therapy – Volume 4 – Prescription Exercises and Meditations, Treatment of Internal Diseases, Pediatrics, Geriatrics, Gynecology, Neurology and Energetic Psychology, 2002 

[7] Méthode « F3 », page 65

[8] Méthode « F16 », page 125

[9] Méthode « A5 », page 216

[10] Méthodes « F16 », page 125 et « A5 », page 216

Merci d’avoir mon article de fin d’études ! Pour en savoir plus sur la formation en Acupressionque j’ai suivie, n’hésitez pas à me contacter ou à suivre ce bouton pour découvrir cette formation.
Gabriel de Gantès

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