Cette vidéo développe la symbolique de la droite et la gauche du corps dans différents courants de pensée : la culture chinoise (Taoïsme, Confucianisme, MTC), la culture indienne (Hindouisme, Ayurveda, Tantra) et la culture Occidentale contemporaine (Décodage Biologique ou Biologie Totale). Est-il possible de concilier ces différentes approches en apparence contradictoires ?
A quelles significations ces différents symboles nous renvoient-ils ?
La vidéo
On me pose souvent des questions sur la latéralité du corps : savoir la droite et la gauche, qu’est ce que ça signifie et qu’est ce que ça symbolise. Ces questions elles sont d’autant plus pressantes qu’il y a des théories qui existent là-dessus et que toutes les théories ne sont pas du tout en accord.
Notamment il y a tout le courant de l’hindouisme avec le yoga, l’ayurveda, qui dit que le côté gauche, c’est le féminin, et que le côté droit, c’est le masculin. Ça a tendance à reprendre ce qu’on dit aussi en Occident dans des approches contemporaines, comme le décodage biologique par exemple, et puis il y a une approche chinoise qui dit que la gauche c’est yang, la droite c’est yin.
En apparence c’est complètement contradictoire. Alors on peut essayer de déconstruire un peu ça et de voir en fait ce que ça veut dire. Pour les Chinois, quand ils disent que la gauche c’est yang, la droite c’est yin, ça correspond au fait que le corps est dans un environnement, et cet environnement est notamment structuré par le soleil. Le soleil, quand on est dans l’hémisphère nord comme la Chine ou comme nos pays, si on le regarde il a tendance à se lever à gauche et à se coucher à droite.
Donc la gauche c’est le côté où le soleil se lève, donc il y a une énergie montante dans le corps, et à droite c’est une énergie descendante. C’est pour ça qu’on associe plutôt la gauche au yang et la droite au yin, symboliquement on parle du dragon vert à gauche et du tigre blanc (ou tigre furieux) à droite.
Le côté gauche c’est lié à une énergie de vie et de montée, une énergie yang. C’est lié en médecine chinoise à un esprit qui s’appelle le Hun. Et à droite, c’est l’esprit du Po, c’est l’énergie du tigre et c’est une énergie plutôt de mort. Donc il y en a pas un mieux que l’autre : si il n’y a que de la montée, ça ne va pas, s’il n’y a que de la descente, ça ne va pas.
Les deux sont complémentaires.
Du coup les anciens chinois ont dit ça : le côté gauche c’est yang, et le côté droit c’est yin. Et ça c’est surtout dans les mécanismes énergétiques, les mouvements énergétiques du corps. Dans l’hindouisme il y a une vision qui peut sembler contradictoire, qui dit que si on cherche en termes de polarités il y a une polarité qui est nommée Shiva et une polarité qui est nommée Shakti, et Shiva est considéré comme l’esprit, et Shakti comme le mouvement. C’est-à-dire que Shakti est à gauche, et Shiva et à droite. Dans certaines pratiques, par exemple dans le tantrisme il va y avoir des visualisations où l’on imagine les deux dans un rapport sexuel, toujours avec Shiva à droite et Shakti à gauche.
Cette association des deux, elle semble contradictoire avec la vision chinoise, mais c’est sans doute parce qu’on ne parle pas de la même chose : ce qui est dit dans l’hindouisme c’est que Shiva c’est l’immobilité, et Shakti c’est le mouvement. Or pour les Chinois, l’immobilité c’est éminemment yin, et le mouvement c’est éminemment yang.
Peut-être que les termes de yin et de yang ça ne recoupe pas ces termes de Shiva et Shakti de la culture indienne. Et pour les deux, en occident, on les interprète en disant féminin et masculin. Mais en fait yin et yang ça ne veut pas dire exactement féminin et masculin, et shiva shakti ça ne pas dire non plus exactement féminin et masculin.
Il y a cette différence mais on pourrait en tout cas se dire que l’hindouisme et la culture chinoise sont d’accord sur le fait que le côté droit est représentatif de quelque chose d’immobile, et le côté gauche est représentatif de quelque chose de mobile.En introduction j’ai parlé d’approches contemporaines occidentales, comme le décodage biologique. Ces approches là j’ai un peu de remords à en parler parce qu’il y a assez peu de recul historique, ce sont des approches qui sont assez contemporaines, assez récentes je dirais, et c’est vrai que c’est facile de lancer des théories et après leur application c’est mieux si il y a quelques centaines, quelques milliers d’années pour vraiment en voir la pertinence.
Néanmoins ces approches ce qu’elles disent par exemple c’est qu’un trouble sur le côté gauche du corps ça peut renvoyer à un élément féminin dans notre entourage, un trouble sur le côté droit à un élément masculin. Ça reprend cette idée que le côté gauche représente le féminin et le côté droit représente le masculin. Je disais que ça n’a pas d’antériorité historique, c’est quand même fortement inspiré d’approches qui ont de l’antériorité, notamment, comme c’est un truc occidental, des symboles qui se retrouvent dans la Bible, dans le judaïsme, ou des choses comme ça. Il y a quand même une inspiration certaine mais la mise en œuvre est tout récente.
On ne va pas essayer de concilier ça avec la vision chinoise ou avec la vision indienne, mais essayez d’avoir à l’esprit que ça ne parle pas du tout de la même chose. Les visions indienne et chinoise parlent de l’énergie du corps. Et cette vision occidentale du décodage biologique parle principalement de la symbolique de troubles du corps en lien avec des événements ou des personnes extérieures. Donc en fait ça ne parle pas du tout de la même chose, et dans la culture chinoise, même si on dit le côté gauche c’est yang, il n’y a jamais aucun chinois qui va dire : « vous avez mal à l’épaule gauche, c’est votre père », ça en Chine ça n’existe pas. Pourquoi ça n’existe pas ?
Tout simplement parce qu’on considère que les émotions ou les vécus dépendent surtout de la personne elle-même. C’est-à-dire qu’un même événement, disons que j’ai un père désagréable, et bien pour une personne ça peut produire un certain type d’émotion, avec certaines conséquences, et pour une autre personne ça va produire d’autres émotions, d’autres sentiments, d’autres pensées, d’autres conséquences physiques etc.
Donc cette correspondance directe entre des événements et le corps, dans les cultures traditionnelles que ce soit chinoise, indienne ou occidentale, ça n’existe pas, c’est une invention assez récente. Voilà en tout cas j’espère avoir ouvert un débat sur ces correspondances des latéralités droite et gauche, il y a encore beaucoup de choses à dire mais c’est à creuser, c’est à approfondir et c’est toujours intéressant de comparer différentes cultures et quand on compare différentes cultures il faut faire vraiment attention à ne pas dire laquelle a raison ou laquelle a tort, mais de voir que le plus souvent les différences sont liées au fait que les différentes cultures ne parlent pas des mêmes choses, qu’elles ont des cadres de pensée différents même si quand on les traduit dans notre culture, dans notre langage, on semble utiliser les mêmes mots.
Donc il faut vraiment approfondir chaque chose, pour voir à quel cadre ça appartient, et à partir de là on peut faire des ponts qui peuvent parfois être intéressants.