Dans cette vidéo, Amaël Ferrando analyse la place des praticiens de santé naturelle ou thérapies alternatives dans notre société. Au-delà des disciplines elles-mêmes qui ne bénéficient pas toujours de reconnaissances officielles, il convient aussi de prendre en compte les formes juridiques de l’activité professionnelle. Si celles-ci peuvent être propices à la qualité des soins, elles constituent aussi une défi supplémentaire pour les praticiens.
La vidéo
Pour les praticiens en énergétique chinoise, en massage bien-être, en aromathérapie, en réflexologie, enfin toutes les disciplines qu’on enseigne à Kendreka, et qui sont des disciplines pour la plupart non réglementées, il y a souvent une difficulté, une question, sur la reconnaissance sociale qu’on va avoir dans l’exercice de nos professions.
Parce que ce sont nos professions, c’est notre quotidien et en même temps il n’y a pas trop de case où ça se range.
Et là je souhaite juste mettre quelques mots sur le fait qu’il y a deux choses parallèles : il y a le contenu même de notre activité, qui est pas ou peu reconnu, qui n’est pas interdit mais qui commence à peine à être pris en compte par la société dans son ensemble et notamment par les pouvoirs publics, et parallèlement à ça, il y a la façon de mettre en œuvre ces activités. Cette façon de mettre en œuvre elle est également peu reconnue dans la société. Je m’explique : si j’ai une activité, par exemple d’aromathérapie ou de réflexologie, c’est une activité socialement qui a beaucoup moins de visibilité, qui est beaucoup moins identifiable, que des activités plus classiques comme être kinésithérapeute ou tenir une pizzeria.
Ce sont des activités qui sont moins connues et moins identifiées. Mais parallèlement, souvent dans nos domaines on a des façons de faire, une éthique, qui fait qu’on va parfois développer des modèles économiques assez alternatifs, et on ne va pas chercher la rentabilité à tout prix, ou alors sous certaines conditions, dans certains contextes, etc. Là il y a une deuxième chose qu’il faut bien identifier c’est qu’à la fois on est dans de la médecine alternative, ou de la santé alternative plutôt, et à la fois on est dans des formes d’économie alternatives ou des modèles économiques alternatifs. C’est quelque chose qui est vraiment marquant par exemple si on regarde la reconnaissance du massage bien-être : c’est vrai qu’il y a des fédérations mais un des gros moteurs pour ça c’est quand même les thalassothérapies et les grands instituts esthétiques et les spas qui ont une visibilité, qui sont identifiés comme des grosses entreprises donc générant beaucoup d’argent, beaucoup d’impôts, beaucoup de salaires, etc. Et qui eux sont entendus dans la société.
Quand on est indépendants, on est moins entendus aussi parce qu’on ne va pas dans le sens de notre société.
Et le sens de notre société il semblerait que ce soit plutôt vers moins de liberté individuelle et plutôt vers des structures économiques de plus en plus grosses, qui ont du coup de plus en plus d’influence, et qui mettent moins le praticien au cœur de l’action.
Dans beaucoup de contextes ce sera plus intéressant pour le praticien d’être à son compte, que ce soit en libéral ou en microentreprise, parce qu’il va avoir la main sur l’ensemble de son activité. Contrairement à une personne salariée : on lui prend ses rendez-vous, on lui organise son local, ce n’est pas elle qui choisit son assurance, sa communication, etc. L’indépendant il choisit l’ensemble de son activité donc il a beaucoup plus de liberté et il va avoir beaucoup plus de capacités à ce que tous les éléments de son activité expriment ce qu’il a vraiment envie de donner ou de transmettre.
Donc ce qu’il va transmettre ce sont ses séances, mais aussi la façon dont il communique, la façon dont il s’habille, la façon dont il décore son local, les tarifs qu’il pratique, etc.
C’est une transmission qui est beaucoup plus large, beaucoup plus globale. Donc il y a un vrai intérêt à ça. Et en même temps il faut être conscient quand on fait ça, qu’on va un peu à rebours de la dynamique de notre société puisque être petit commerçant, aujourd’hui, c’est compliqué, même dans un domaine qui n’est pas aussi avant-gardiste que les médecines naturelles. Le petit commerçant en quincaillerie c’est aussi très compliqué parce que la société favorise plutôt de très grosses structures. Je voulais souligner ce fait pour encourager et soutenir les indépendants dans leur activité dans le développement de leur activité professionnelle, je pense que c’est important d’être conscient de l’orientation et de la position qu’on a.
C’est une position qui est courageuse, qui est importante : notre société a beaucoup besoin de ça parce qu’elle a besoin d’accompagnements globaux, elle a besoin de contacts humains et ça c’est très compliqué à mettre en place dans le cadre d’une thalassothérapie par exemple, qui a d’autres bienfaits par ailleurs, mais en tout cas cet aspect là va être très difficile à y mettre en place. Et en tant qu’indépendant on peut apporter ça, parce qu’on peut choisir et gérer l’ensemble des paramètres de notre activité. Et d’un autre côté il faut savoir que, en faisant ça, on est dans une position qui est plus difficile. Notre société a besoin de nous et en même temps on est dans une position plus difficile puisqu’on est dans la même position que les petits commerçants et face à des grandes marques, il y a toujours une concurrence qui est difficile et notamment auprès des pouvoirs publics en termes de reconnaissance, etc.