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La quête d’équilibre par la Médecine Traditionnelle Chinoise

Par la Médecine Traditionnelle Chinoise et les Traditions Occidentales
Article quête d'équilibre par la Médecine Traditionnelle Chinoise
Par Claire Doan
Ceci est mon article de fin d’étude suite à ma formation en Acupression (MTC) à distance. Pour en savoir plus, vous pouvez me contacter ou suivre ce bouton pour découvrir cette formation.

Sommaire

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Introduction

A Stef pour son enseignement

A Amaël pour son grand cœur

Merci aux vents dans les arbres pour les secrets qu’ils me murmurent

« La quête d’équilibre en médecine chinoise », j’en conviens, est un thème bien ambitieux pour la petite étudiante que je suis aujourd’hui, découvrant tout juste les articulations de cette médecine plusieurs fois millénaire! Le sujet est glissant et j’espère retomber sur mes pattes, à l’instar de Jackie Chan lors d’une de ses innombrables cascades… car, après tout, c’est par lui que tout a commencé… ce que nous verrons ultérieurement.

Sujet à la fois bateau et complexe, l’équilibre est au centre de la médecine chinoise et l’objectif du praticien va être de rééquilibrer l’énergie des ses patients. La manière dont il va enquêter pour cibler ses déséquilibres et saisir les bonnes ficelles à tirer pour que la personne aille mieux est un processus complexe…mais le but reste clair et simple : restaurer l’équilibre.

Depuis le XVII ème siècle avec l’émergence et le développement quasi hégémonique du rationalisme, la pensée occidentale propose une vison du monde et de l’humain comme composés d ‘éléments séparés. Dans ce système, l’objectif est de cerner au mieux les choses et de les fixer de manière à ce qu’elles soient définissables, quantifiables et exactes. En médecine occidentale, cette manière de penser se manifestera par le fait de détecter, nommer et définir des maladies par exepmple.

La quête de vérité est primordiale dans la pensée occidentale moderne ce qui fait que l’équilibre est pensé comme une valeur absolue 50/50, un état statique, et non comme une chose en mouvement.

Le mouvement est à contrario une base de la pensée chinoise. On ne nomme pas des maladies, on détecte des tendances et des mouvements dans le corps. Le Yi Jing, écrit fondamental de cette culture, ne propose aucun absolu  » il ne fait que constater une évidence que ne rejette aucune foi, que ne contredit aucune science : le changement est la vie même »*

Le changement c’est le mouvement naturel de la vie. Restaurer l’équilibre chez un patient c’est restaurer une dynamique plus harmonieuse et non atteindre un absolu ou une norme universelle d’équilibre statique.

Dans ce mémoire, je vais partir de mon expérience personnelle en relatant la transformation opérée par la médecine traditionnelle chinoise dans ma vie, comment j’ai cheminé jusqu’à elle et comment je cultive désormais l’équilibre dans mon quotidien grâce à elle.

Je vais expliquer comment j’ai tenté d’aider les personnes qui sont venues me consulter à restaurer leur équilibre, présentant des cas, mes réflexions et les protocoles mis en place.

J’ouvrirai enfin sur un parallèle entre la médecine chinoise et la médecine populaire occidentale ainsi que la médecine savante d’avant le XVII ème siècle afin de mettre en lumière en quoi l’équilibre des  flux fut une base fondamentale dans la médecine occidentale d’antan à l’instar de la médecine chinoise. J’ouvrirai sur des pratiques contemporaines occidentales encore vivantes aujourd’hui malgré la chasse qu’on en fait les apôtres de la pensée moderne.

J’espère que vous allez kiffer. Bisous

* Introduction de la traduction du Yi Jing de Cyrille Javary édition Albin Michel 2002[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »2″][vc_column][vc_column_text]

Trouver un nouvel équilibre avec la médecine Chinoise

Le rapport à l’espace/temps

  1.  Au début était le kung-fu….

Eté 2010, il est 23h, je ne connais rien de du cycle circadien des méridiens, je n’ai jamais entendu parler de méridiens dans le corps d’ailleurs, et je me dis, comme chaque soir peu avant minuit, que je regarderais bien un film!

En faisant des recherches sur City hunter, bande dessinée japonaise sur un détective privé loufoque, je tombe sur une adaptation cinématographique, avec comme acteur principal Jackie Chan.

Le scénario, comme attendu, est loin d’atteindre la profondeur d’œuvres comme le Yi Jing ou le livre des morts tibétain mais les cascades et les prouesses physiques de Jackie Chan me fascinent, m’éblouissent et m’enthousiasment au point d éveiller en moi le désir soudain de faire la même chose que lui. Du fantasme à la réalité, parfois, il n’y a qu’un pas…

En effet, incroyable mais vrai, dans ma petite ville , il se trouve qu’il y a un club de Kung-Fu.

Mon cœur s’emballe et poussée par cette passion soudaine, je m’inscris…non sans crainte car je manque alors de souplesse….ou disons le franchement, j’ai 29 ans et la souplesse moyenne d’un pensionnaire en maison de retraite.

Enfin, je vais à la rentrée 2010 à ce premier cours de kung-fu et bien que brimée à propos de ma raideur par le professeur un peu moqueur, j’ai apprécié ce premier entrainement. Les courbatures qui m’ont empêché de marcher pendant trois jours n’ont pas eu raison de mon enthousiasme et j’ai persévéré. Au fil des mois, j’ai trouvé une élasticité musculaire et tendineuse inespérée …mais surtout j’ai découvert un rapport au corps et à l’espace complètement nouveau.

Mon professeur, au delà de l’entrainement physique, nous parlait de puissance sans force, de relâchement musculaire, de connexions en haut, en bas, devant derrière, d’extension du corps, de Yin et de Yang, de Yi (intention)

Au rythme de trois entrainements par semaine, j’étais bercé par toutes ces idées nouvelles et mon rapport au corps changeait peu à peu.

Ces idées nouvelles étaient d’autant plus percutantes que je les vivais physiquement. J’expérimentais au fur et à mesure cette puissance sans force à travers des lignes de coups de pieds, des marche en lézards, des sauts de lapin, des taolus ( chorégraphies plus ou moins longues qui miment des combats) qu’il fallait parfois répéter plusieurs fois à la suite sans s’arrêter.

Plus je relâchais , plus je pouvais faire l’exercice longtemps, plus j’utilisais la connexion au sol, moins je m’essoufflais, plus j’étais à l’écoute des sensations, plus l’exercice passait de pénible à agréable, plus je me centrais, plus je sentais que mes membres n’étais qu’un extension de mon centre.

C’est comme si les concepts se révélaient dans la pratique, comme si on expérimentait physiquement des idées.

Extraits d’une  petite bande dessinée que j’ai réalisée en 2016 pour mon club de Kung-Fu

  1. Le découverte de la culture chinoise

Fascinée par mon expérience au kung-fu, je me suis intéressée à la culture chinoise, culture que j’associais  jusqu’alors quasi uniquement à des affiches de propagande communiste…

Je ne connaissais donc rien.

Les wagons de films des Shaw brothers ou d’autres studios de films de kung-fu dont j’étais friande m’ont, d’une certaine manière, familiarisé avec une forme de pensée chinoise. J’ai également regardé beaucoup de documentaires sur Shaolin, temple considéré comme le berceau du kung-fu, J’ai lu Habersetzer, artiste martial qui a écrit sur le kung-fu et qui, au delà de la technique, en révèle la dimension profonde, l encyclopédie des arts martiaux etc…

A cette époque je ne parlais que de kung-fu au point d’en fatiguer mon entourage…ou d’en convertir certains. J’aurais tout à fait pu être VRP pour Kung-Fu à l’époque, j’aurais fait une brillante carrière si ce métier existait.

J’ai élargi les espaces en me penchant sur la culture chinoise classique. Puisque dans cette culture, tout est lié, cette ouverture n’était qu’une suite logique à ma passion pour l’art martial.

En cherchant en librairie, je suis tombée sur « Les 3 sagesses chinoise » de Cyrille Javary.

Ce livre m’a exalté! Au point de décider de me rendre en Chine et d’apprendre le chinois, ce que je ferai en 2013 ne m’inscrivant au cours débutant de l’institut Confucius de ma ville et en m’inscrivant l’année d’après à Omeida, école linguistique à Yangshuo dans le Guangxi, province du sud de la Chine.

A l’époque, peu avant de lire Javary, j’ai assisté à des stages bouddhistes dans des temples de la lignée Kagyu Ling. N’ayant que peu de revenus et gardant mes économies pour mon voyage, je me suis rendue seule au temple depuis chez moi  avec mon vélo de ville sans vitesse à moitié rouillé des années 60 via des routes de petites montagnes. Situé à une soixantaine de kilomètre, je suis partie le matin et arrivée à la nuit tombante après m’être perdue encore et encore dans les chemins…je dormais à même le sol dehors dans un champ à côté. Bref..j’étais très motivée.

La bas, même si beaucoup de choses ne me parlaient pas, en particuliers dans l’attitude des résidents et des moines que je ne trouvais pas toujours très ouverts ni d’une grande profondeur d’âme et d’esprit, j’ai été secouée lors des enseignement par l’idée d’interdépendance.

Moi, occidentale lambda, dont la conscience était modelée par la culture moderne, voyant et vivant les choses comme  séparée et indépendante, la notion d’interdépendance de toute chose, était un sacré choc dans mon rapport intime au monde!

Il faut du temps pour s’approprier des concepts…découvrir, comprendre puis intégrer.

Nouvellement inspirée par les pensées orientale, je n’en restais pas moins en quête d’absolu et non en quête d’équilibre.

Le rationalisme paternaliste comme héritage

 

  1. Le soi et le néant

Comme chaque occidentale, bien qu’issue d’une famille anticléricale, j’ai baigné dans une culture judéo-chretienne héritée du certaine vision du platonicisme. Le monde était  alors constitué d’une partie physique, basse, et d’un idéal ( supérieur de fait) auquel j’étais moralement conviée à aspirer.

Lorsqu’à 15 ans j’ai pris conscience de manière aigüe de la finitude de ma propre vie, j’ai été prise de malaise profond et de vertiges métaphysiques quasi handicapant.  » Si je vais mourir, quel est le sens de la vie ici? » « Ou étais je avant? » « Qu’est ce qui est réel? » « Comment vivre dans ce monde où on s’attache alors qu’on va tout perdre? » « Comment est ce possible d’aimer quelque chose qu’on sait qu’il va falloir quitter? » J’étais surtout paniquée par le néant.

N’étant hélas pas comprise, même moquée par mon entourage lors ce que j’évoquais mes questionnements, il m’a fallu attendre la Terminale et la philosophie pour espérer avoir un peu de soutien….En attendant je vivais des vertiges métaphysiques très difficiles qui m’ont conduit à une grave dépression. J’ai perdu beaucoup de poids et une année scolaire. Incomprise et rejetée par ma famille dans la maladie, j’avais tout de même quelques amis dont j’avais la sympathie et heureusement…j’ai fini par m’en sortir mais je me sentais toujours seule face à l’infini.

C’est pleine d’espoir que j’assiste à mon premier cours de Philosophie en Terminale Littéraire…Je serai vite déçue de ne pas étudier essentiellement la métaphysique!

Mais enfin, nous étudions Platon..et Descartes. D’un côté, avec Platon, je devais me satisfaire d’une pâle copie d’un monde idéal, enfermée dans des illusions* et d’un autre côté, je devais remettre en cause tout jusqu’à mes sens, ma raison…et moi-même!

.

« Je supposerai donc qu’il y a, non pas que Dieu, qui est très bon et qui est la souveraine source de vérité, mais qu’un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant, a employé toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l’air, la terre, les couleurs, les figures, les sons et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. Je me considérerai moi-même comme n’ayant point de mains, point d’yeux, point de chair, point de sang, comme n’ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses. Je demeurerai obstinément attaché à cette pensée ; et si, par ce moyen, il n’est pas en mon pouvoir de parvenir à la connaissance d’aucune vérité, à tout le moins il est en ma puissance de suspendre mon jugement. (Descartes, Première méditation)

« Il n’y a donc point de doute que je suis, s’il me trompe ; et qu’il me trompe tant qu’il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. »(Descartes, Méditation seconde) »

* La pensée de Platon est plus complexe qu’elle n’en a l’air et est à replacer dans son contexte.

Le fait de penser, de se penser prouve qu’on existe et voilà une Vérité!

Cependant la pirouette logique du cogito ergo sum de Descartes, certes remarquable, voire géniale, n’a pas su me soulager.

Certes je considérais que j’existais bel et bien car étant un être me pensant moi-même…mais encore parfois le doute m’étreignait. Je n’étais plus sûre….d’autant plus que rien ne me prouvait que les reste du monde existait, qu’il n’était pas juste une projection. Potentiellement, mes amis étaient illusion, mon lycée était illusion,  les arbres illusions…et moi même encore… L’angoisse du Néant me reprenait comme une fièvre soudaine. Il me prenait comme un vertige au milieu de blagues et de moment joyeux avec mes amis, au milieu d’un cours de sport ennuyeux, au milieu d’un réfectoire bruyant face à la nourriture inerte qui nous était servie quotidiennement.

Tout était néant… L’idéal était hors du monde… Du fait de ce contraste, de ce mensonge du réel, la vie devait donc être souffrance et je ne voyais pas en quoi il pouvait en être autrement. J’espérais un jour atteindre l’absolu par la pensée pure, me délivrant  ainsi de la non-acceptation du néant et vivant au dessus de mes émotions.

  1. Le corps et la raison

J’ai très tôt eu un dédain et un désintérêt sincère pour tout ce qui était matériel. Ce n’était pas un problème dans mon quotidien ( hormis le fait que j’étais extrêmement bordélique)…en revanche le dédain et le désintérêt, voire l’horreur, que j’avais pour mon propre corps ne me permettait pas d’imaginer un jour être soulagé des souffrances d’ici bas…sauf , encore une fois, par le dépouillement et l’illumination…

En attendant, sans Dieu à qui me référer ( car non convaincu intimement par Descartes et son postulat d’un Dieu source de Vérité) j’étais seule face au néant qu’il me fallait accepter…

Seul comptait alors l’absolu, transcender complètement le réel et être au delà au dessus du matériel et de l’émotionnel.

Ce n’est que quelques années plus tard, vers mes 23 ans que j’ai réalisé à quel point j’étais façonnée par la culture Judéo-Chretienne : le fait que le monde d’ici bas ne soit qu’ une copie pâle du monde de Dieu, du Paradis, que mon corps me dégoute ( le corps impur, Eve pécheresse, la haine du sexe de l’Eglise ) et la quête de rédemption ( Le Christ déchiqueté sur la croix lave les péchés du monde)

Ne connaissant pas alors ni les textes bibliques ni l’histoire de Jésus, je n’ai fait le lien qu’ultérieurement.

J’ai titré ce chapitre  » rationalisme paternaliste ». car dans mon cheminement de quête d’absolu, je n’ai jamais intégré ma sensibilité . L’absolu ne pouvait être atteint que par la raison dans ma vison des choses à l’époque…

Hors j’étais très sensible, particulièrement à la musique. J’aimais  jouer à des jeux d’enfant comme me déguiser, faire des peintures en cachette de le goudron de la cour du lycée, raconter des histoires fantasques et des blagues.

La musique surtout était un soulagement énorme, seul espace où je me sentais comprise et rassurée. Un garde fou.

J’avais besoin de ce garde fou car j’étais scindée en deux : entre l’exaltation enfantine de vivre…et l’effroi devant le fait que la vie n’ était qu’illusion.

A cette époque, les jeux, la sensibilité, l’art… n’étaient pas sérieux ni digne de considération. Seule la raison, le plus puissant de nos outils, le plus infaillible pouvait prétendre à aider à connaitre le monde et la Vérité.

Confinée dans une vision du monde moderne, je n’ai pas pu prendre alors le recul sur ma propre culture, sur les mécanismes psychologiques et les croyances dont j’étais héritière.

Cette vison de la Raison toute puissante sur le monde et le corps était très manifeste dans mon quotidien. Son autorité, son sérieux m’a fait me sentir plusieurs fois assujettie à des personnes plus « raisonnable » que moi. Et je trouvais ça normal…

Combien de fois me suis je sentie dépossédée de mon corps face à un médecin?  La violence parfois avec laquelle je me suis sentie traitée était acceptable du fait que la raison était plus forte, plus louable. Mes émotions, mes sentiments n’étaient pas considérées ni par eux…ni par moi.

Comme si le médecin avait la connaissance raisonnable et  que  je n’étais qu’un objet, une machine corporelle et non un corps sensible.

Le rapport à l’avenir aussi devait être raisonnable. On nous demandait à l’école d’être des personnes raisonnables, capable de projeter avec méthode notre avenir. On ne m’a jamais parlé d’envie, de sensibilité …mais on m’a invité à faire des choix pratiques, des calculs pour qu’au final j’ai une situation.

Trouver une situation quand on ne sait pas où se situer…voilà une histoire shadokienne! J’avais l’impression d’être une inadaptée.

  1. Premiers pas vers une vison globale

A la FAC, avant ce recul sur ma culture judéo-chrétienne,  j’ai pris un livre au hasard dans la bibliothèque de mon colocataire  » L’immoraliste » d’André Gide. Ce livre m’a gêné…et en même temps fasciné.

Ce fut mon premier retour à la Terre…

C’est l’histoire d’un homme marié sans amour qui porte peu d’intérêt à la chair…jusqu’au moment où il frôle la mort. Il retrouve goût à la vie en contemplant les jeunes garçons plein de santé qui sont à son chevet en Algérie. Il guérit alors et devient un homme neuf, éveillé à la sensualité du monde et du corps. L’histoire finit mal mais peu importe, ce que j’ai retenu alors c’est la description de ce cheminement vers le corps, vers le sensible….C’est comme si on avait mis un petit caillou dans ma chaussure, un petit grain dérangeant dans mon esprit.

L’éclosion de ce grain, le grand choc printanier, la grande joie, le soulagement fut la découverte de Nietzsche.

Tout d’abord, le fait que Nietzsche insiste pour recontextualiser une pensée fut un élément déterminant pour moi! Une philosophie vient d’un philosophe et un philosophe c’est une histoire de vie, un contexte historique et culturel…

Moi qui était sans cesse en quête de grandes vérités et  d’absolus….je voyais sous le voile, derrière le rideau de théâtre :il ya des vérités…parce qu’il y a des hommes.

Les grandes idées qui ne sont plus alors pour moi des absolus qui  flottent dans le ciel. Elles sont ancrées. Ce sont des phénomènes naissant d’un esprit dans un corps!

Ce sentiment d’être profondément seule face à l’infini….n’était ‘il pas le reflet de ma solitude au sein de ma famille? Mes vertiges métaphysiques n’étaient ils pas le reflet de mon manque d’ancrage émotionnel lié à mon sentiment d’abandon?

Le retour au corps, la considération du corps et de la Terre m’a marqué profondément.

Ci dessous un extrait sur l’éphémère et au périssable que j’ai souligné à l’époque dans mon livre tellement il m’a ouvert des perspectives .

« Dieu* est une pensée qui tord tout ce qui est droit et fait tournoyer tout ce qui est ferme. Hé quoi? Le temps s’évanouirait, et les choses éphémères ne seraient que mensonges?

Cette pensée donne le vertige et le tournis au squelette humain et la nausée à l’estomac; en vérité, une pareille conjoncture est de celles qui font tourner la tête

J’appelle malignes  et inhumaines toutes ces théories d’un Etre unique et absolu et immuable et satisfait et impérissable.

L’impérissable – n’est que symbole. Et les poètes ne mentent que trop.

Mais les meilleurs symboles sont ceux qui perlent du temps et du devenir ; ils doivent être louange et justification de tout l’éphémère.

(…)

Tout être sensible souffre en moi de se sentir prisonnier, mais toujours mon vouloir intervient pour m’affranchir et me donner la joie.

Vouloir est délivrance; telle est la vraie conception du vouloir et de la liberté; voilà l’enseignement de Zarathoustra. » **

*Dans mon esprit mes idées d’absolu et Dieu avait un sens proche.

* *Deuxième partie ,aux iles fortunés, ainsi parlait Zarathoustra trad. Geneviève Bianquis, ed Folio

Mon corps, mon pauvre corps, jadis méprisé car enfermé dans la finitude…le voilà devenu le temple du provisoire devant lequel j’allais désormais m’incliner, le territoire par lequel j’allais explorer l’existence.

Ce n’est pas en un claquement de doigt que les choses se font, mais au moins, à ce moment commençais-je à  considérer mon corps. Il faudra un long chemin, que j’explore encore, pour me libérer d’anciens schémas bien ancrés dans l’esprit afin de penser et sentir le monde par delà les divisions et par delà les absolus.

Ci-dessus une affiche de soirée de soutien pour le collectif « Hand clapping girls » que j’ai réalisé en 2009 quand j’étais dans ma période « fan de Nietzche »

Danser c’est le retour au corps.

L’année d’après je commencerai le kung-fu et d’autres choses s’éveilleront comme raconté dans le premier paragraphe.

Le Qigong

  1. Découverte de la médecine chinoise

« Ach! Ce cher Friedrich, s’il avait croisé un médecin chinois il n’aurait pas eu à souffrir de toutes ces migraines, peut être même n’aurait t’il pas  » perdu l’esprit » à la fin de sa vie » me suis-je dit souvent car je l’aimais comme un copain même si je ne l’avais pas connu…

Montée de Yang du Foie dû à un vide sang? Vent interne dû à une stagnation de Qi du Foie? Glaires feu liés à une chaleur transformée en vent et une rate déficiente?

Parfois je me dis que Nietzsche aurait peu être soulagé par la médecine chinoise…mais hélas on ne peut plus prendre son pouls!

Après ma première année de kung-fu, je me suis mise à pratiquer le Qi Gong.

En plus des cours hebdomadaires, je pratiquais aussi chez moi.

J’ai découvert des pratiques qui nourrissait les Reins, ou le Foie…c’était assez abstrait pour moi et je me concentrais uniquement sur les sensations interne comme enseigné par Stef mon prof de Kung-Fu dont je suivais toujours les cours.

Puis j’ai repris contact avec mon ancien compagnon, Tuan-Anh Doan. Celui-ci avait entre temps commencé des études de médecine chinoise. Moi, qui depuis des années souffrait de fatigue, de ruminations mentales épuisantes, de gêne digestive, il m’a mis sous les yeux un tableau type de vide de qi de la Rate.

Je me suis tellement retrouvée dans ce tableau que j’en étais choquée! J’ai même pleuré….J’ai pleuré d’avoir souffert toutes ses années pensant qu’il n’y avait pas de solutions…alors qu’une explication apparaissait là, sous mes yeux….J’étais même en colère! Tous mes troubles physiques, psychiques et émotionnels semblaient avoir cette base commune : Vide de Qi de a Rate.

De simples  points sur le corps pouvaient régler tous ces soucis ?!

J’ai eu du mal à y croire au début malgré le choc…

Tuan-Anh a organisé un cycle d’initiation aux théories de la médecine chinoise l’année d’après. C’était passionnant mais vraiment complexe…Je n’ai pas réussi à intégrer touts les informations…Ce cycle a été comme une première infusion des principes de MTC.

En 2015, toute tremblante et hésitante, j’envoie un dossier d’inscription à une école de formation au professorat de Qi Gong, l’ITEQG à Paris.

Ne pratiquant les arts martiaux que depuis 5 ans et le Qi Gong depuis 4 ans seulement, je craignais ne pas être retenue!

J’étais bien naïve! J’ai été reçu et quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver dans une petite salle bondée au milieu de Paris, les uns sur le autres et entourée de personnes inexpérimentées! Je me considérais sincèrement comme une débutante, mais  certains élèves de la formation n’avaient même jamais pratiqué!

Enfin… cette école m’a permis de revoir les fondements de la médecine traditionnelle ce qui m’a remis un coup d’infusion ( un adage chinois dit qu’il faut oublié sept fois pour retenir quelque chose!) A la fin de la formation, je connaissais à peu près les trajets des 12 méridiens et les correspondances des 5 éléments.

J’ai aussi appris beaucoup de formes de Qi Gong ce qui était très intéressant.

Cependant, le fond, le travail profond, ne valait pas ce que m’enseignait Stef. Je n’ai d’ailleurs à ce jour pas trouvé d’enseignant sachant guider aussi bien ses élèves dans la profondeur et le cœur de la pratique. Pourtant Stef, jusqu’a très récemment en tout cas, ne croyait pas en l’énergie et ne crois toujours pas au Qi Gong comme pouvant travailler sur les organes. Il trouve ça « fume la moquette » pour reprendre son expression.

Cette formation à l’ITEQG m’a laissé sur un sentiment assez paradoxal…

Bien que très bien conçue à bien des égards, elle m’a éloigné du plaisir de la pratique. A mon goût, l’enseignement et l’enseignant manquait  d’ouverture et de spontanéité. Les parties théoriques de la médecine chinoise étaient présentée en liste, dans des tableaux…

Le fait que l’enseignement se dise « traditionnel » témoignait d’une certaine rigidité qui ne faisait pas écho à ma quête d’expansion et de liberté à l’intérieur de mon propre corps.

  1. L’énergie et l’infini via le corps

Suite à une séance puissante d’hypnose chez une énergéticienne  , je me suis retrouvée à être « animée » de mouvements. C’est assez difficile à décrire mais en gros, quand je me mettais dans un état de détente, prête à pratiquer du Qi Gong, mes bras et mes jambes se mettaient à bouger et à se déplacer tous seuls! Ca ressemblait un peu à du taiji ou du Qi Gong bien qu’au final, ça ne ressemblait à rien de ce que je connaissais.

Quand ça m’est arrivé la première fois, j’étais en bord de la mer, dans une crique, à la nuit tombée, un peu retrait de mes amis avec qui j’étais venue en vacances.

Lorsque mon corps s’est mis en mouvement, j’ai été à la fois inquiète et curieuse. Je me suis laissé porter tout en état légèrement inquiète…. « C’est quoi ce bazar?  Il y a un fantôme qui me manipule ou quoi? » me suis-je dit alors.

Je me rassurais en me disant que je devais « m’auto-hypnotiser » ou quelque-chose du genre. Quand la « danse » fut terminée, un chat assis à mes pieds me regardait. Il est parti dès que je suis « revenue à moi ».

Je n’en ai pas parlé à mes amis car je craignais être prise pour une illuminée. Mais j’ai continué à me « laisser porter » de temps en temps. Ce faisant, j’ai pu me mettre accroupie les talons au sol alors que je n’y arrivais pas en cherchant à le faire avec la volonté. Ca m’a épaté. Mais un jour, ça m’a fait courir très vite, jusqu’a la rambarde d’une terrasse et j’ai eu peur. J »aurais pu passer par dessus bord si je n’avais pas freiné la course.

J’ai quand même demandé à mon professeur de l’ITEQG, s’il connaissait ces états où on ne choisit pas ses mouvements…mais il n’a pas répondu et à même fui la question….comme il faisait souvent.  C’était quand même un peu dur!

C’est en 2019, alors que j’étais cobaye pour la formation d’acupression de l’institut de qi gong tuina que j’ai eu une réponse à ma question auprès d’Amaël Ferrando.( c’est le moment où je marque des points pour mon exam en faisant la fayotte )

Ce genre de mouvements spontanés, qu’il pratique lui-même, viendrait de l’énergie qui traverse le corps en fonction de ce dont le corps a besoin. Il m’a en effet mis en garde  (certains ont déjà failli se noyer en roulant dans une rivière!) et conseillé d’utiliser un espace au sol délimité et d’arrêter dès que je sors de cet espace. Je lui suis reconnaissante de m’avoir éclairé sur ces manifestations.

Il faut du temps pour intégrer les choses, les processus de changement nous échappent…

J’ai découvert la médecine et le taoïsme il y a presque 10 ans…et je crois que ça ne fait que 3 ans que j’ai embrassé la voix de la globalité. Quand je dis « globalité », c’est cesser de penser les choses séparément. Quand je dis « embrassé », j’entend l’intégrer avec tout mon être.

Je crois aussi que ça ne fait que quelques mois que j’accorde un crédit fort à la médecine chinoise.

Bien que complètement subjuguée par la pensée taoïste dès le départ, bien que changée par l’expérience ( amélioration de mon état après des séances auprès de praticien-nne, les récits de guérison par des amis patients de mon compagnon praticien en médecine chinoise) une chose en moi résistait encore pour croire en cette médecine énergétique, en ces points efficaces, en ces réseaux  de méridiens…

L’enseignement d ‘Amaël Ferrando a réellement permis ce changement. Le fait qu’il pratique avec tout son être m’a inspiré vers la confiance, le fait qu’il pense global avec son esprit et son cœur m’a permise de me plonger entièrement dans cette discipline, à ma façon, avec mon corps, mon énergie et mon cœur.

L’enseignement par la pratique m’a également permis de « sentir la théorie ». Le fait qu’il nous ait fallu faire soixante séances pour passer le diplôme m’a amené à constater à nouveau la force de la médecine chinoise…

Pour croire, il faut se laisser croire…. ce processus demande du temps car la culture chinoise est presque inverse à notre culture occidentale, or penser global, se sentir en lien via l’énergie demande à ouvrir des portes qui, depuis l’enfance, avaient été celées les unes après les autres.

« Déverrouille la porte

Laisse entrer la lune

Dans le temple flottant »

Basho[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »3″][vc_column][vc_column_text]

Expérience comme praticienne

J’ai eu la chance de jouir de conditions très favorables pour pratiquer ces séances.

Tout d’abord, ayant 80 élèves qui suivent mes cours de Qi Gong, je n’ai pas eu de mal à trouver des cobayes. C’est une chance. Ensuite mon compagnon, Tuan-Anh Doan, a 4 mois d’attente pour ses rendez-vous. Lorsque je me suis sentie prête, j’ai pris ses patients qui avaient besoin de soins plus tôt.

J’ai en outre pu sous-louer le cabinet d’un ostéopathe et celui de Tuan-Anh  me permettant ainsi de recevoir 6 à 8 personnes par semaine. En règle général, mes séance durent 1h30 environ : 2h pour la première séance et 1h15 pour les suivantes. Parfois j’aurais pu dépasser les deux heures si mon emploi du temps me l’avait permis car j’étais bien avec la personne.

Sauf si je tournais en rond au bout de  5 séances à la suite ou avait vraiment du mal à trouver une solution, je n’ai pas demandé de conseils à mon compagnon afin de chercher par moi-même et m’exercer au mieux à la gymnastique mentale liée au diagnostic.

A ce jour j’ai réalisé 62 séances sur 22 personnes différentes. Mon sujet étant « général » sur l’équilibre j’ai choisi d’exposer 3 cas seulement dont un je qualifie de « complexe ».

Cas pratiques 

  1. Chris T. 68 ans – Femme, 2enfants (suivie sur 4 séances)

Chris T. Vient me consulter pour de la dépression. Elle se sent triste et a subi une série de coups durs récemment qui l’ont miné ( l’impression d’avoir été berné par son compagnon avec le quel elle se sépare, problèmes financiers importants liés à des erreurs de calcul de l’administration) Elle pleure beaucoup. D’ordinaire elle n’est pas triste. Elle est énergique et pleine de vitalité.

Son teint est pâle.

Elle n’a pas de traitement.

Elle est frileuse, aime les pays chauds. Elle a tendance à transpirer de la tête quand elle fait un effort.

Elle a des crampes la nuit uniquement et de l’arthrose des mains depuis ses 50 ans.

Elle a souffert de douleurs au ventre pendant des années liées à des problèmes de constipation. Elle souffre parfois de coliques. Elle a adapté son régime et elle souffre moins :

Pas de produit laitiers, pas de choux, haricots vert, pas de légumes secs.

Elle mange beaucoup de crudités, des légumes du soleil( poivron, tomates etc..)

Elle est attirée par le sucre surtout le soir mais elle essaie de se limiter.

Pas de viande mais poissons et œufs.

Si elle mange trop, ça pèse sur l’estomac.

Elle a des selles plutôt régulières.

Ses urines sont normales, plutôt pâles, elle va souvent aux toilettes

Depuis le décès de son père , elle a de la cellulite

Ses deux parents ont eu Alzheimer. sa mère était très dépressive.

Elle a des difficultés à s’endormir en ce moment, elle fait beaucoup de rêves.

Elle est très énergique et ressent de la fatigue lorsque son émotionnel est en berne.

Elle n’a pas de problèmes d’acouphènes mais elle est peu sourde ( elle a beaucoup écouté de la musique fort)

Sa langue est pâle, l’enduit est normal, elle est fine et légèrement indentée, veinules violettes sous la langue.

Son pouls bat à 61 bpm

Le pouls a du Shen. Au pouce à droite, il vient fort et part lent , on peut l’écraser.

A la barrière gauche il est rendu et fin

Du shen, wei et ben au pied des deux côtés.  C’est la premier pouls que je prend où je constate une telle vitalité dans la loge des Reins. Elle me dit que dans sa famille, il y une force et énergie puissante. ( Elle parait d’ailleurs 10 ans de moins que son âge)

Le Po est atteint : Tristesse, pouls faible à la loge du Poumon

Stagnation du Qi du foie: Beaucoup de  rêves, constipation, pouls tendu loge du Foie veinules sous la langue

Vide de sang : teint pâle, langue pâle, crampe la nuit, pouls fin loge du Foie, dépression

Vide de Yang de la Rate : froid, cellulite, lourdeur de l’estomac ( transpiration de la tête dûe à une chaleur de l’estomac ou stagnation s’est transformé en Feu?)

Hypothèse d’alors :

la Stagnation de Qi du Foie. Le Foie attaque la Rate

La Rate n’assure plus sa fonction de transformation (cellulite) ni sa fonction de création de sang, ce qui génère un Vide de Sang. L’arthrose peut être lié à ce vide de Sang ( cartilage pas assez nourri)

Les évènements récents l’ont miné et sa tristesse vient de ce évènements.

Tendance vide de Yang des Reins ( malgré le pouls!) besoin d’uriner souvent, frilosité, arthrose ( les os liés au Reins)

Traitement:

Nourrir le sang, libérer la stagnation de Qi du Foie, Remonter le Po pour chasser un peu la tristesse et redonner l’élan de vie, renforcer les Reins.

¨Pour cette première séance, après plus d’une heure d’entretien, je fais une séance courte car manque de temps.

36 E Zu san Li en massage tonique : Nourrir le sang, soutenir la Rate, calmer le Shen

3 F Tai Chong en tonique puis harmonisation :Libérer le Qi du foie et nourrir le sang

Manœuvre d’assouplir la poitrine ( je suis loin d’y arriver comme sur la vidéo!) et 1 Poumon pour harmoniser l’énergie du Poumon.

En fin de séance elle se sent sa poitrine libérée et sent qu’elle respire mieux.

2éme séance du 04/07/20

Elle arrive triste et « en colère contre la vie » pour reprendre ses termes, elle pleure beaucoup et se sent découragée. Elle avait senti un petit mieux après la première séance mais là elle se sent à bout. Elle n’arrive pas à se défaire de sa relation amoureuse et de ses problèmes financiers.

Je l’écoute, la rassure avec bienveillance mais sans m’attendrir.

-Fei Shu : Nourrir le Poumon

-Xin Shu : Nourrir le Shen faire remonter la joie

3 Foie Tai Chong, 6 MC Nei Guan, 7 C Shen Men : libérer Qi du foie, nourrir le Coeur.

17 RM Shan Zhong : Calmer le cœur, libérer le diaphragme.

Pendant séance, j’ai beaucoup tousser en étant sur son 13 Vessie, elle a aussi beaucoup toussé au point de presque convulser sur la table. Comme j’étais concentrée, je n’ai pas lâché les points, le temps de passer d’un point à l’autre, je lui ai offert un mouchoir.

Ella a beaucoup pleuré.

En fin de séance, elle se sentait calmée, comme assommée.

3ème séance ( 1/08/2020)

Elle arrive très pâle, les traits tirés. Le compagnon avec qui elle se séparait est dans le coma entre la vie et la mort. Il a fait un arrêt cardiaque et on lui a trouvé une hépatite.

Elle culpabilise, si elle ne l’avait pas quitté, il n’aurait peut-être pas eu cet arrêt cardiaque

Elle est triste, elle pleure beaucoup. Elle a passé beaucoup de temps dans les hôpitaux pour ses parents et l’idée d’y retourner la fait souffrir.

On vient à parler de ses parents, de son enfance, de son rapport affectif ce qui me permet de comprendre mieux ses dynamiques internes : sensation de déranger, manque d’amour et de sécurité, cherche à plaire et trouver sa place)

Pouls : toujours Wei et force à la racine des deux côtés

Fin à droite au pouce

Tendu à gauche à la barrière

Comme « essoufflé  » au pouce à gauche ( vient fort et se dégonfle, pouls vaste?)

Pour la calmer je travaille sur le 1 Rein

Je fais ensuite le 4 DM, je suis appelé par le point : ramener l’énergie vers DanTian pour favoriser l’ancrage et être moins secouer par les vents émotionnels ( comme renforcer les raines d’un arbre)

Massage des points Shu Zhang Gen Tui Fa

17 Vessie ( nourrir le sang, l’esprit s’ancre dans le sang)

Paume de main sur la poitrine ( je suis appelée ici un peu au dessus de 17 Rm)

Je finis par 3 respiration au niveau de Bai Hui pour clarifier l’esprit et remonter un peu le Yang pour qu’elle ne soit pas trop fatiguée car je suis restée longtemps sur les zones/points.

Fin de séance :Elle se sent secouée comme si elle avait fait un marathon

4ème séance

Elle se sent mieux, plus forte. Un peu triste le matin et le soir mais elle essaie de dédramatiser. Moins de crampe la nuit. Se lève toujours la nuit pour pipi.

Shu du PO ( chasser la tristesse, remonter élan de vie)

17 Vessie Ge SHu : nourrir le sang

Zhang Gen Tui Fa puis paumes sur les reins : libérer les tensions, remonter yang des reins

3 Reins Taixi : nourrir les Reins

7 Coeur ShenMen : nourrir la joie, illuminer le shen.

Elle a beaucoup de sensations. Elle me dit avoir l’impression que les choses évoluent petit à petit, que nos séances lui apportent une ouverture de conscience, qu’elle se transforme.

Nous reprenons rdv en octobre.

Avec le recul, si c’était à refaire j’aurais fait le Shu du Po dès la première séance et j’aurais nourri le cœur en première séance. L’important ici est qu’elle se sente mieux. C’est une femme qui va de l’avant et son mieux-être est très lié à sa volonté d’aller mieux.

  1. Damien B, 35 ans

Il vient me voir pour des troubles anxieux. Il souffre de phobie sociale plus ou mois présente depuis ses 14 ans et qui s’est accentuée depuis peu. Il a des sensations d’étouffement et des crises d’angoisse.  Parfois terreur au moment de l’endormissement.

Il a des difficultés à trouver sa place.

Il est grand, à sa tenue, je suppose que c’est quelqu’un de soigné, il se tient droit et son regard est froid et distant. Il développe peu les réponses aux questions que je lui pose, je sens qu’il est légèrement sur la défensif. Je devine un tempérament plutôt Bois.

Il est sec , très sportif.

Il a un léger traitement anxiolytique.

Il a parfois des suées nocturnes. Il était frileux avant mais depuis 1 ans il prend des douches froides  ce qui fait qu’il est beaucoup moins frileux. Beaucoup d’autodiscipline.

Il a souvent des bronchites, est ballonné au niveau des intestins, s’il est stressé, il le ressent au niveau abdominal et de la gorge.

Il ne mange pas le matin, repas à midi puis 20h. C’est un jeun intermittent qu’il s’est imposé.

il est attiré par le cru, notamment poisson gras. Il ne consomme pas de produits laitiers.

Ses selles sont régulières et normales. Il est parfois constipé. Il fait souvent pipi.

Il a du mal à s’endormir mais une fois endormi, ça va. Il fait en revanche beaucoup de rêves et des cauchemars.

Ses yeux sont sensibles à la lumière.

Pouls : 90 bpm

Je le sens stressé et lui demande si c’est le cas- car il ne laisse rein paraitre-. Il le confirme.

Dur de prendre son pouls qui tape fort à cause du stress. Au pouce à gauche, sensation de pouvoir écraser: Pouls Ru ( mou)

Barrière gauche tendu

Langue : Pâle, fine, indentée, fissures sur zone du foyer inferieur , enduit léger, légèrement rouge sur les bords.

Vide de Yin des Reins : panique, angoisse,  suées nocturnes, fissures sur la langue, attrait aliment YIN ( poisson cru, fruits et légumes crus) Ce pourrait expliquer son problèmes de bronchite : Trop peu d’eau des Reins qui  n’humidifie pas assez le Poumon.)

Stag Qi du Foie : autodiscipline, rigidité, émotions dissimulées.

Vide de sang du Foie ( teint pâle, langue pâle) La mère ne nourrit pas assez bien le Fils : Vide de sang du Foie génère un vide de sang du Cœur ( difficulté à l’endormissement, phobie sociale ( le cœur n’est pas ouvert)

Le Froid: Léger vide Yang des Reins OU Foie attaque Rate qui gêne le Yang de le rate ( elle-même gênée par l’absorption  de nourriture crue en quantité)

36 E Zusanli : nourrit le sang, calme le shen, soutient la rate

3 Foie Tai Chong : fait circuler le QI, lève les stagnation.

17 RM Shan Zhong: libère la poitrine, ouvrir le coeur ( Point Mu de Xin ZHu maître coeur – le Nei Jing dit  » Xin Zhu est le délégué aux réjouissances » et lui c’est pas la joie…)

Bai Hui :calmer le shen

3 R TaiXi : nourrir le Yin et YAng des Reins

Lui : beaucoup de ressentis, vibrations au niveau des jambes er pieds. Il sent un poids sur la poitrine alors que ne le sent pas d’habitude.. 17 RM très douloureux.

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2ème séance 14/08/20

Sommeil meilleur. Beaucoup de rumination.

Arrêt traitement anxiolytique

Difficultés à s’endormir

Sensation d’être allégé après la dernière séance mais plus fatigué.

Je lui conseille de manger plutôt le matin que le soir afin de ne pas être gêné par les rêves  (stag de nourriture dans l’estomac lié à stag de qi du Foie)

Pouls : tendu à la loge du cœur et loge du Foie

Langue : pâle au milieu, rouge sur les côtés.

6 MC Nei Guan : libérer stagnation, régule et calme le coeur

4 DM MingMen : nourrit les Reins

17V Ge Shu : nourrit le sang

4RM GuanYuan : nourrit les reins, renforce dan tian

14 F  Qi Men : diffuse qi du foie, tonifie le sang

17 RM Shan Zhog: Libérer la poitrine, ouvrir le coeur

8RM Shen Que ( je sens su froid) paume de main : remonter Yang de la Rate

Tirer 3  Reins pour finir de ré ancrer l’esprit dans le corps

Ses sensations : nausées + chaleurs/ malaise important pendant la séance. Ca va mieux après.

3ème séance septembre

Sommeil va mieux, ils se couche et se lève plus tôt sur mes conseils et se sent mieux.

Les angoisses c’est fluctuant mais il se sent assez bien en général. Il constate un réel mieux par rapport à juillet ( 1er rdv). Il s’endort mieux et n’a plus d’angoisse la nuit.

Il a attrapé une légère insolation deux jours auparavant lors d’un trail.

Pouls : Rapide ( chaleur)

Superficiel au pouce à droite ( Je suppose que Poumon atteint àcause de la chaleur externe) / Tendu mais tonique à la racine à droite.

Loge du Foie toujours tendu

Langue: un peu rouge sur les côté

Je refais les points suivants : 6MC NeiGuan 7C ShenMen/ 17 VGeShu/4DMMingMen/3 Reins TaiXi

J’oublie de drainer la chaleur liée à l’insolation ce que j’aurais fait avec 5IG…

On se dit qu’on se revoit dans 3 mois pour un suivi saisonnier.

  1. Marie-Pierre J 47 ans, un enfant

Elle vient pour des maux de tête, elle se sent sous pression. Son cœur s’emballe dès que quelque-chose est hors de barrière. Stress lié au travail, se met la barre haute, peur de mal faire

Se réveille à 5h du matin et n’arrive pas à se rendormir. Les larmes montent vite.

Opérations: cloison nasale à 9 ans, ligament malléole externe à 12 ans

Beaucoup d’entorses liées à une pratique intensive du basket de 16 à 25 ans

Entorse L4-L5, douleur soulagé par ostéo.

Kist ovarien de 3 kg à 19 ans. Ovaire perdu.

Elle a plutôt froid, pied froids. Elle craint le chaud.

Transpire beaucoup la nuit, le jour si effort.

Migraine à droite autour de l’œil, dure 1 à 3 jour. Douleurs plus fortes la nuit. Les migraines peuvent commencer la nuit. peu gênée par la luminosité.

Attrait pour la nourriture. Que 3 repas, pas de grignotage. Attrait sel.

pas de problèmes de digestion

Attrait boissons chaude

Petit dej sucré

Alternance constipation et selles molles, selles régulières,

Urines plutôt claires

S’endort bien malgré stress, se reveille à 5 h du matin et n’arrive pas à se rendormir: idées tournent en boucle. elle fait beaucoup de rêves.

Elle se met la pression, a peur de décevoir, les idées tournent en boucle, les larmes montent mais redescendent vite.

Les yeux sont rouges en fin de journée

Règles: stabilisation tubaires, depuis règles plus abondantes. régulières cycle court

sang bien rouge, aqueux, des fois caillots

Douleur pendant les règles, ça tire ( surtout à gauche, côté ou il n’y a pas eu l’opération)

Quand ça saigne, ça soulage mais ajout de maux de tête.

Pertes blanches bien blanches er épaisses.

A fait beaucoup de cystite, c’est parti mais elle sent que ça peut revenir, que c’est sensible. sécheresse vaginal

Pouls : 63 bpm, sensation générale que le pouls balance, comme s’il était déstabilisé.

Je lui évoque mon ressenti : comme si avant tout allait comme sur des roulette et que le skate avait récemment perdu une roue et que ça l’avait beaucoup déstabilisé. Elle confirme

Au pouce à droite pouls superficiel, je lui demande si elle a pris froid, elle me confirme qu’elle a pris froid deux jours auparavant en rangeant son grenier, qu’elle avait mal à la gorge depuis.

Loge du cœur : on peut écraser (mou) : blasée, manque de joie

Barrière droite : large, déborde (vaste?)

Pouls Jie : stase de qi ou yang du cœur.

Langue indentée sur les côtés, pâle, enduit normal, fissure sur zone poumon, veinules violettes sous langue

Me voilà face à un cas compliqué!

A la fois chaleur et froid dans le foyer inferieur:

cystite : chaleur humidité mais Pertes blanches bien blanches : froid

sang rouge bien rouge : chaleur dans le sang mais caillot : stag de sang ou froid

Ma réflexion du moment:

Trouble de la Vésicule biliaire : se réveille tôt le matin sans pouvoir se rendormir, peur de prendre des décisions

Stag Qi du Foie :  stress, peur de ne pas être à la hauteur, yeux rouges en fin de journée et fatigue oculaire

Le foie attaque la rate : Alternance selles molles constipation

Vide de sang du cœur : teint pâle, langue pâle, manque d’ntrain, pouls fatigué à cette loge

Je suppose qu’elle a une chaleur vide du foyer inferieur : l’ablation de la matière enlève du Yin, ce qui pourrait expliquer la chaleur vide dans le foyer inferieur bien qu’lle ait aussi des signe de Froid…

Je décide de nourrir le sang : 17V GeShu / harmoniser la VB : 19 Vessie Da, Shu /  Harmoniser la Rate 20 Vessie Pi SHu :. Libérer qi du Foie + nourrir le sang : 3foie/  3RM : Drainer chelur humidité (cystite)

Mais je fais en réalité une fois sur la table

2 Vessie ( point d’où partent ses céphalées)

3 Foie TaiChong : libérer stag de QI et nourrir le sang

3 Reins TaiXi : nourrir le Yin

Elle: Frissons dans tout le dos et omoplates.

2ème séance :

Elle a  fait une cystite le lendemain de la séance, elle a pris 10 jours d’antibiotiques

par contre elle est moins stressée. Elle a un peu moins mal quand elle a eu ses règles. Selles molles mais pas constipation. Pieds enflés quand elle a pris le train. Toujours problèmes de maux de tête et cystite

Langue pâle, épaisse sur les côtés

Loge Reins eau faible/ Loge du Foie tendu, vide/ Loge du cœur ça va mieux

6rte San Yin Jiao ( nourrir le Yin, nourrir le Sang /  9 rate ( transformer l’humidité)/ 6 MC Nei Guan Libérer l’émotionnel/ Massage autour de 8 RM Shen Que puis harmonisation 8 RM ( j’ai senti beaucoup de froid) Remonter Yang de la Rate 17RM Shan Zhong et 4RM Guan Yuan en même temps ( intuitif) massage sur le méridien de la VB sur la tête.

Ses sensations: froid et frisson

3ème séance :

Elle a à nouveau fait un cystite depuis la dernière séance , à nouveau antibio ( je suis un peu désespérée! mais heureusement entre temps j’ai réécouter les audios et j’ai fait le lien avec le cycle circadien des méridiens : Mon hypothèse alors c’est qu’il y a potentiellement eu un feu du coeur suite à un choc -naissance de sa fille? ( elle a tendance à ne pas exprimer ses émotions) la chaleur a pu aller dans le méridien du cœur puis dans le méridien de l’IG puis dans celui de la vessie en ressortant à la Vessie par trajet profond.

Les cystites à répétions sont peut-être ce feu qui sort.

Elle a des cystites et des maux de tête depuis la naissance de sa fille.

Je suis donc cette hypothèse.

Pouls et langue ont peu changés

36E ZusanLi (nourrir Rate, sang) 9 rate transformer humidité/3RM ( Lorsque je quitte le point, je réalise qu’il s’est écoulé 25 minutes, sous la main j’ai eu des sensations de chaud et froid puis à nouveau de chaud) 4RM aec aiguille d’énergie/ 4DM ( nourrir les Reins)

4ème séance :

Pas de mycose ni de cystites depuis la dernière séance mais encore une sensation de brûlure à la Vessie. Moins de maux de tête, moins de douleur lors des règles.

Le pouls va mieux loge des Reins, il a plus de Wei et de racine.

Elle a eu une rage de dent au dessus de la molaire droite…elle a donc dû reprendre des anitbio…

Si mon hypothèse du feu dans les méridien est correcte, peut être a t’on expulsé le feu de  » la fin du tuyau » et qu’on remonte en arrivant au niveau de l’IG ( la rage de dent est au niveau du 18 IG)

Soucis en ce moment, elle ne sait pas quoi faire, elle est en attente de reprendre son poste.

Comme elle a prsi beaucoup d’antibiotiques, je remonte le Shu du Poumon ( lié au Qi défensif)

Fei Shu /

Je draine la chaleur :5IG/ Je nourrit le Yin : 3 Rein Tai Xi/ Je remonte le Yang ( 4RM GuanYuan)

Je refais le 3RM Zhong Ji

17RM ( pour libérer les émotions)

On ne reprend pas rendez-vous. J’ai la chance qu’elle ait continué à me faire confiance  malgré les antibiotiques qu’elle a dû prendre en quantité depuis le début des séances! On a fait sortir le feu un peu mais je n’ai pas pu aller au bout du processus…

Mes connaissances en MTC sont encore fragiles et je suppose qu’il est normal que j’ai du mal à tout saisir. Ceci génère une frustration et je sais que je vais vouloir étudier plus en profondeur les symptômes et les mécanismes sur les quels reposent le diagnostic. Les livres de Maciocia sont très bien fait et je vais les étudier pour être plus précise.

Je ferai sans doute une autre formation quand mes finances me le permettront pour aller plus loin dans ce travail subtil.

 

 Expérimentation et expérience lors des soins

  1. Mouvement et soins spontanés

Au cours de mes soins, il m’est arrivé fréquemment ( à part au tout début, quasiment tout le temps) d’être comme « appelée » à aller sur certains points.

Sur mes notes il y a d’ailleurs écrit mon principes de traitements avec les points que je compte faire et dessous « ce que j’ai fait ».  Les deux protocoles ne coïncident que rarement.

Lors de ces « appels », je vais souvent sur des zones ou des points connus donc lorsque j’allais dessus, je savais mentalement à quoi ils correspondait mais sans connaître à priori la manœuvre que j’effectuais. Voici quelques expériences :

Anne-So R, 36 ans qui manquait d’ancrage ( bien que la racine dans mon diagnostic était le vide de Rate que j’avais  travaillé en amont) En fin de séance, j’ai attrapé son 3Reins et j’ai tiré vers le bas 3 fois de suite de manière assez intense comme pour ramener l’esprit dans le corps. J’en ai parlé à Tuan-Anh Doan, mon compagnon praticien, qui m’a dit qu’il s’agissait d’une manœuvre de Qi Gong Tuina sauf qu’on tirait le 4 R et non le 3 Reins.

Parfois il s’agissait de points que je ne connaissais pas à priori:

Mélanie D, 28 ans qui vient pour un stress intense avec  les symptômes de la stagnations de Qi du Foie. Je suis appelée par le travail viscéral. Je fais une palpation pour voir la température et faire des corrélations ou pas avec ce que j’avais fait ressortir en entretien et par la langue et le pouls.

A ce moment là, je ne connais sur le ventre que le 25 estomac, les points du Ren Mai mais mes mains vont sur le méridien de l’estomac, a peu près au niveau du 12 Rm et là avec mon pouce et mon majeur, j’appuie sur les deux points en même temps.

A posteriori, en consultant un atlas de points,  j’ai vu que ce point correspondait au 21 Estomac Porte de la Barre » LiangMen qui libère les blocages plénitude au niveau de l’estomac et élimine le Tan. Or la patiente avait des problèmes d’estomac ( le Foie attaque l’estomac) et sous mes doigts j’ai ressenti une résistance.

A plusieurs reprises, mes mains se sont levées au dessus du corps de la personnes. Dans ces moments là, j’ai beaucoup de sensations. Souvent je ramène ma main vers moi car je crains de faire trop de choses en même temps. Des fois je laisse faire.

Les patients ont les yeux fermés souvent et ne voient pas que je fais ça. Cependant une patiente, Christine T, m’a dit avoir eu la sensation d’être au dessus de son corps et que ça descendait vers le bas. Or je faisais des mouvements en poussant vers le bas avec mes mains au-dessus de son corps sans être ne contact physique avec celui-ci.

Ces expérience sont un peu étranges et paradoxales car au moment où je les pratique, je suis sûre de moi…alors que je ne sais pas ce que je fais.

Bien que je choisisse consciemment les points la grand majeure partie du temps, je ne prémédite pas certaines manœuvres, ça se fait tout seul. Pour moi ces mouvement spontanés sont quasi animal. En effet, les animaux savent quelles plantes manger pour se soigner ou se purger, on ne leur a pas forcement appris ou montrer. Ils savent ça d’instinct.

Dans ces moments où je me sens téléguidée, je pense que c’est le corps de la personne qui envoie des informations via l’énergie à mon corps qui répond en retour. C’est finalement retourner à un certain état primitif et naturel.

  1. Imagerie et symbolique au service soin

Lorsque je pratique, je commence par m’ancrer à la Terre par le contact des pieds sur le sol puis je me connecte au ciel par le haut de la tête. Je me centre ensuite en mettant l’attention au niveau de Dan Tian puis je me rassemble au centre. Je rentre alors dans une sorte d’état de veille, entre le réveil et le sommeil. Souvent mes yeux se ferment. C’est comme si j’étais dans une petite pièce mais que j’entendais de loin les bruits autour. Pour être honnête…je ne fais pas grand chose d’autre!

Il ya un moment où je me « réveille », ma main d’éloigne du points d’acupression. et c’est fini, alors je vais sur un autre point.

Pendant le soins, régulièrement, surtout si je sens l’agitation de la personne ou si mon esprit se met à vagabonder, je me répète en boucle  » je suis un canal, juste un canal, rien qu’un canal ». Ce sont des techniques de Reiki qui m’aident bien à me recentrer.

Ce n’est pas parce que je suis dans cet état de veille, que je suis toujours dans la douceur.

Parfois, certes, je fais (ou ça fait) des techniques d’harmonisation. Ma main ou mes doigts  sont alors juste en contact, le toucher est très doux et je suis dans un état de veille, uniquement concentrée sur mon ancrage, mais parfois mon corps fait de petit aller retour ce qui fait rentrer mon doigt dans le point plus profondément.

Je vais reprendre l’exemple de Mélanie D lorsque je travaillais sur son ventre , sur 21 Estomac sans le savoir. Je sentais en moi une sorte d’énergie implacable. C’est à ce moment que l’imaginaire rentre en jeu et m’aide à avoir une certaine force thérapeutique.

Lorsque que j’ai mis mon pouce et mon majeur sur les deux points 21 estomac, j’avais l’impression d’avoir une fourche à la pace de ma main et sous mes doigts au niveau de la tension, du blocage que je sentais, même j’ai vu, un serpent. A chaque expire je descendais ma posture en gardant le buste verticale en enfonçant cette fourche dans le serpent.

J’avais aussi l’imagination de guerrier-e-s sur des dragons au dessus de moi. A chaque inspire je prenais de leur force et à chaque expire j’enfonçais la fourche. J’étais alors dans un état de veille et en même temps j’étais très décidée, avec la sensation d’être implacable. A moitié endormie tout en étant intense.

Il se trouve que l’expérience fut efficace car quand j’ai revu la patiente trois semaines plus tard, elle était transformée! Tous les symptômes de stress avait quasiment disparus. J’étais très étonnée car elle était vraiment dans un mal-être important en venant la première fois, ne dormant plus, faisant des crises d’angoisse jusqu’au malaise vagal et ne pouvant parfois plus respirer.

Même sensation d’être implacable lorsque j’ai travaillé sur Bai Hui sur différentes personnes. Parfois j’avais un contact doux mais plusieurs fois j’ai eu cette impression de devoir être implacable. A chaque inspire j’aspirais à la fois l’énergie de la Terre et du ciel et à l’expire de faisais descendre le Yang rebelle. Dans mon esprit j’étais implacable, je me rappelle même avoir dit dans ma tête « Yang! Soumet toi! »

Sur le moment je suis très sérieuse mais avec le recul je trouve ça amusant, comme si j »avais réellement vécu une bataille. Ca va peut-être  paraitre un peu insouciant  mais d’une certaine manière, j’ai vécu ça comme un jeu.

Autre appel à l’imaginaire, c’est l’utilisation de la poésie des points.

Le point 3 Reins s’appelle Tai Xi( Grande Rivière). Parfois quand je le travaille, j’imagine en faisant des petites rotations que je crée un petit torrent d’eau sous mes doigt, comme si je faisait émerger de l’eau pour qu’ensuite elle irrigue toutes les canalisations asséchées. J’aime bien faire ça mais c’est une démarche où j’ai une « ‘intention mentale », je suis alors moins portée par l’énergie.

D’autres images viennent à moi sans préméditation . Des diamants, des animaux, des étoiles, des dragons, des branches d’arbre, des organes et j’en passe….

Par exemple, en travaillant sur 6 rate San Yin Jiao, mon majeur gauche était sur le point de la patiente et  ma main droite s’est levée toute seule, paume face au ciel et j’ai vu du sang remplir ma main levée et cheminer par mes bras et mon buste pour aller jusqu’à mon doigt gauche  et rentrer dans le point et les canaux du corps de la patiente.

Sur une autre personne, paume gauche sur GuanYuan , idem: la main droite s’est élevé et là j’ai reçu et versé une fois du sang, une fois un liquide noir, une fois de l’eau cristalline avec des reflets de lumière. Je ne choisis pas ces visons, elles viennent toutes seules. Je me dis que c’est encore un reflexe naturel, animal et je laisse faire. A posteriori je fais des liens avec ses images : le sang nourrit le yin, le noir les reins, et cette eau pure? Peut être une eau de mer donc lié au Reins? Ca me semblait plus être une eau de source. Peut être l’eau de source évoque le Jing qui est l’essence primordiale stockée dans les Reins.

En réalité, je laisse faire et je ne me pose pas beaucoup de questions surtout sur le moment car je suis téléguidée…et puis je trouve ça beau et poétique. Quand j’ai des images, ça me plait beaucoup.

Ce que je préfère c’est quand je deviens carrément un animal. Je me suis retrouvé en Ours, en Tortue en mi homme-mi tortue ! Ca a l’air « fume la moquette » comme dirait mon prof Stef mais enfin c’est ce qui ‘arrive, ça se fait tout seul.

Un jour en travaillant sur Taixi, j’ai carrément fait du surf sur des tortues! Même sur le moment j’ai trouvé ça drôle et ça m’a fait sourire! J’avais deux tortues sous les pieds, une tortue sous la main droite, une tortue collée à mon dos. Inspire, j’aspirais leur énergie, expire j’envoyais tout ça dans le point en remontant le méridien du Rein jusqu’au Reins.

En bossant sur ZuSanLi j’ai été un ours, j’avais des pates d’ours et j’aspirai les feuilles mortes sur la terre.

En étant Tortue, j’ai même senti ma peau du visage craquelée, j’étais une tortue qui soigne un humain.

Comment  ne pas trouver ça amusant?

Dans tous les cas, les images par lesquelles le soins passent m’invite à croire que la pensée est créatrice, que l’image et l’intention ont un effet thérapeutique réel. La preuve me vient du constat de l’amélioration de la santé des personnes qui sont venus me consulter.

Si tout est énergie, la pensée, l’ imaginaire et les images sont aussi des mouvements, des souffles, des outils.

  1. Mon corps comme canal

Parfois les séances sont assez bruyantes. En effet je peux me mettre à tousser assez fort dès le contact avec un point, ça le fera du côté gauche et pas du droit, des fois les deux, des fois sur un seul point….Je me dis alors que le corps du patient se sert du mien pour sortir des choses que la personne sur la table n’arrive pas à laisser sortir. Je sens bien que ce n’est pas ma toux. Une fois la toux passée je reviens dans cet état second de veille comme si rien ne s’était passé.

J’ai remarqué que plusieurs fois j’ai soupiré en travaillant sur Shen Men sur divers patient.

Un jour sur Pascal V. j’avais l’impression d’avoir le cœur lourd et je soupirais intensément! Le connaissant, je me suis permise de lui dire  » T’en as gros sur le cœur! » Il m’a avoué qu’en effet il ne trouvait pas grand goût à la vie ne ce moment ce qu’il avait nié et caché lors de l’entretien.

Autre son que je fais souvent et que je suis incapable de reproduire à la demande, c’est une sorte de soupir bref par le nez, on dirait un chien qui éternue ! Ca sort tout seul, je ne sais pas ce que ça signifie.

J’ai aussi parfois des inspire et expire bruyant.

Parfois en fin d’expire, si je sens que la personne est ouverte d’esprit je laisse sortir des sortes de sons de fond de gorge. Ca vient tout seul. Il m’est arrivé de calmer ma fille de fortes douleurs au ventre une nuit en faisant ce genre de son . Ce ne sont pas des sons prémédités, ils arrivent ainsi en fin d’expire.

Lors des soins donc, je ne fais rien puisque je ne fais que m’ancrer dans le sol et connecter au ciel. Je vais vers les points et les choses se font toutes seules.

Au départ j’ai fait cette formation d’acupression afin d’affiner mes connaissance en médecine chinoise dans le but d’enrichir ma pratique et mon enseignement en Qi Gong…je n’avais pas comme intention de devenir praticienne de médecine chinoise…mais au final, je me dis que c’est plutôt sympa de gagner de l’argent à rien faire 😉

Bien sûr j’exagère un peu quand je dis que je ne fais rien car en fait, je me concentre pour pouvoir ne rien faire. Si les séances m’apporte un meilleur être certain, après trois soins à la suite, je me sens fatiguée des fois. Le fait d’être 100% concentrée  sur plusieurs heures demande un effort énergivore.

Une chose est sûre : cette expérience, de praticienne met en évidence le fait que nous sommes tous interdépendants. Pas seulement de par nos actes et gestes, mais aussi énergétiquement.

Le fait que les séances aient un effet, soulage les personnes de leurs douleurs ou souffrances alors que je n’ai été qu’en contact physique léger avec eux et des fois même seulement au dessus de leur corps prouve que l’énergie ne reste pas fermée dans chaque être, elle circule.

Le mouvement de l’énergie est global, il traverse tout ce qui est vivant.

Quand, lors des soins, je vois des étoiles, n’est ce pas l’énergie des étoiles qui participe au soin? L’espace temps semble échapper à l’énergie. Au delà de nos perceptions, les choses bougent.

 » Le Qi qui circule dans nos corps est le même Qi qui meut les étoiles dans les cieux » Cheng Man Ching *

*Extrait « de professeur Cheng Man Ching, un grand maitre taiji parle » de Wolfe Lowenthal ed. Le courrier du Livre[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »4″][vc_column][vc_column_text]

L’équilibre des flux

 Comme décrit plus haut, la médecine chinoise est en quête d’équilibre.

Ce qui fait sa force c’est sa longévité. A l’instar de la chasse aux sorcières au XVIIéme siecle en occident, la révolution culturelle chinoise du milieu du XXéme siècle aurait pu détruire les millénaires de savoir et de recherches antérieurs…

En occident, la médecine populaire et savante d’avant le XVIIème, basée sur l’observation de la nature s’est trouvée en opposition avec une médecine savante basée sur une idée de séparation de l’homme et de la nature. L’homme étant, selon cette pensée, l’être le plus avancé de la création et le reste du monde n’étant qu’un domaine, un espace lui appartenant, un monde dont il est le roi. Ce que je nomme le « rationalisme paternaliste » a tout simplement occulté ces savoir antérieurs, les considérant comme « inferieurs » voir arriérés en leur faisant la chasse par des procès plus ou moins malhonnêtes.

En Chine, les avancées en médecine ne sont que l’ exploration des savoirs de base que sont les ouvrages anciens comme le Yi Jing ou le classique de l’empereur Jaune Huang Di Nei Jing (IIIème millénaire avant J.C.). Le savoir ancien n’est pas rejeté mais constamment pris comme référence. En outre, l’homme n’est qu’une manifestation de la nature comme les autres êtres vivants.

 » On croit que la parole diffère d’un pépiement d’un poussin. Cette distinction est elle justifiée? »*

La culture de l’écrit, malgré les autodafés qui ont traversés l’histoire la Chine, a sauvé ces écrits anciens…alors qu’en occident les formes de médecine holistiques, liés à la nature étaient transmis à l’oral, les rendant ainsi plus fragile à la survie.

Zhuang Zi , *Chap II « De l’unification » du recueil nommé « Le rêve du Papillon » édition Albin Michel. Trad. Jean-Jacques Lafitte

Visions Chinoises

  1. Yin/Yang

Lorsque j’étais en Chine à Yangshuo où j’étudiais le chinois en 2015, je me suis liée d’amitié avec une étudiante chinoise, Li, qui étudiait l’anglais. On avait beaucoup de points communs et seulement quelques mois de différence aussi m’appelait elle « MeiMei » et moi « JieJie » respectivement petite sœur et grande sœur.

La région du Guangxi est aussi riche en karsts que pauvre en temples…

Mon amie avait besoin de voir une none ou un moine car elle disait entendre des fantômes dans sa chambre et cherchait à avoir une amulette. Nous nous sommes donc rendus dans un petit village dont j’ai oublié le nom en faisant une heure de route dans un bus local à travers la campagne.

Nous avons ensuite marché une petite heure jusqu’a un temple à moitié délabré en haut d’une montagne. Il n’y avait personne à part nous.

En contrebas du temple se trouvait un petit étalage de pendentifs et amulettes qu’on pouvait utilisé comme support  de bénédiction ou de protection . Je ne croyais qu’à moitié à ces superstitions mais fascinée et respectueuse des rites, j’ai voulu prendre un objet moi aussi. J’hésitais entre un bracelet avec Bouddha et un avec Guan yin qui est une divinité bouddhiste féminine.

Li a pris celui avec Bouddha et me l’a mis dans la main en disant  » Tu es une femme, tu prend un homme! »

Cette anecdote est très manifeste de l’esprit Yin/yang chinois! En effet, on pense les chose en vue d’un équilibre! Ici l’équilibre des contraires masculin/féminin.

Photo devant le temple avec de gauche à droite mon compagnon Tuan-Anh, Li et un étudiant qui venait pour une peine de cœur

L’équilibre, comme exprimé antérieurement, est une base, un fondement de la pensée chinoise.

Les chinois ont divisé les manifestation en deux facettes : le Yin/Yang. L’un concentre, l’autre sépare, l’un réchauffe, l’autre rafraichit….Ils s »opposent, se complètent et ont besoin ‘l’un de l’autre pour exister. Ils se nourrissent l’un l’autre, se transforment en permanence.

Ce ne sont bien sûr que des images. Le yin et le yang ne sont que des instants, pas des absolus. Ce sont des polarités que prend l’énergie à un moment que ce soit dans le corps ou dans le cosmos… bref dans toutes la manifestations de l’univers.

.Le concept de yin/yang n’apparait d’ailleurs qu’au IV siècle av. J.C. , les idées existaient déjà dans le yi Jing sans être synthétisées. On mentionnait alors « souple et ferme » ou sombre et lumineux ».

« Un temps Yin, un temps yang, c’est cela que l’on nomme le Tao (Yi Jing, grand commentaire, 1ére partie, chapitre V, strophe1)

Cette synthétisation n’est en fait que le résultat de l’observation de la nature, ce ne sont pas des concepts hors nature, ni une matrice programmée préexistante. C’est juste une sorte de résumé des dynamique du mouvement de la Vie.

Chacun peut observer qu’après la nuit, il y a le jour et après le jour, la nuit….les choses se répètent ainsi de différentes manières partout dans l’univers de manière plus ou moins complexifié.

« Yin et Yang pour l’esprit chinois  sont d’abord des outils efficaces facilitant la perception du passage continuel de la nuit au jour, du froid hivernal à la chaleur estival »*

* Cyrille Javary  » les trois sagesses chinoises » ed. Albin Michel

  1. Tout est changement et transformation.

Je ne vais pas lister toutes les grandes lignes qui sous-tendent la pensée chinoise mais seulement montrer celles qui m’ont marquée et comment elles m’ont marquée.

La première est la place des émotions dans la pensée taoïste. Dans notre culture occidentale, nous avons tendance à fantasmer les religions orientales et voir les sages comme étant au dessus de leur émotions, tellement élevés qu’ils n’ont en plus! C’est d’ailleurs ce que j’ai longtemps cherché moi-même: me détacher des émotions et être au dessus d’elles. Au final je ne faisais que les étouffer. On a beau être raisonnable, mais si une partie de nous est en souffrance, se raisonner ne suffit pas.

Les émotions, selon la MTC sont nécessaires à la Vie. C’est leur dynamique qui permet la vie. Elles sont un mouvement et s’il n’y a pas de mouvements il n’y a pas de Vie.

Il ne s’ agit pas d’être au dessus et de les faire disparaitre..Mais des les apaiser et les transformer.

J’ai eu face à moi beaucoup de personnes dont l’origine du mal-être venait du Foie (organe qui assure la libre circulation de l’énergie dans le corps)

L’éducation ayant forcé l’écoute de la raison ou de l’ordre établi au détriment des émotions conduit à des dérèglements. La Vie a besoin de mouvement, les émotions ont besoin de vivre.

Autre anecdote de mon voyage en Chine.

Je me promenais dans Yangshuo avec Li, ma « grande sœur ». Nous sommes passés devant un étalage comprenant des bijoux  dont certains avec le portrait de Mao. J’avais beaucoup lu sur l’histoire la Chine et avait envie d’avoir l’avis de Li sur ce grand dictateur qui causa la mort de plus de 60 millions personnes. J’ai hésité à le faire car je sais que la censure est forte dans le pays.

Je me suis lancée finalement : « Tu penses quoi de Mao? » ai je demandé timidement.

« Mao?! » me répond elle étonnée « Mais c’est démodé! »

La réponse était tellement inattendue que j’ai dû mettre un quart d’heure pour me remettre de ma crise de rire…Quelle importance peut avoir Mao dans la vie de Li? C’est vrai, ce n’est plus d’actualité. La loi de causalité propre au bouddhisme invite à comprendre que chaque chose a une origine, on fait partie de cette vague de causes et conséquences…mais le chinois est avant tout pragmatique. Quel intérêt d’avoir un avis sur Mao alors qu’il n’est plus d’actualité? C’est comme faire une séance d’acupression à quelqu’un en fonction de son  pouls et de sa langue d’il y a 10 ans. Saisir les choses dans l’instant, comprendre la dynamique du moment…voilà ce qui va faire sens…car tout est transformation. Le présent est une transformation du passé certes…mais le passé ce n’est pas le présent et on ne compose qu’avec le présent.

Si quelqu’un souffre d ‘une expérience traumatisante vécue il y 10 ans, on ne va pas soigner l’expérience traumatisante, on a traiter les déséquilibres liés à ce trauma qui se manifestent aujourd’hui.

Etre ici et maintenant m’est apparu comme une clef essentielle pour être plus en prise avec moi-même et le réel.

Autre chose qui m’a entièrement séduite : les liens entre la nature et l’homme. Ce qui se passe en macro, se passe ne micro. Moi qui est toujours cherché à enchanter ma vie en y intégrant de la poésie, tout en considérant cette poésie comme une fuite du réel, je me suis trouvée face à un système de pensée du monde qui est de fait poétique.

Présenter comme échos les vents qui secouent les arbres avec le vent qui secoue mon esprit est une forme de poésie. Les attaques externes ( type rhinite par exemple) sont en lien avec les processus de la nature. Le vent ouvre et agite, le froid fige, l’humidité ralentit, l’ humidité et le froid ferment les pores, le feu consume…

Les mêmes choses qui interagissent à l’extérieur, interagissent à l’intérieur.

La dynamique des 5 mouvements est une somme de correspondances qui sont pleine de poésie. Le cœur est lié au Feu; Si on observe la nature, le Bois  nourrit le Feu, l’Eau tempère le feu. Un déséquilibre du Cœur peut venir d’une faiblesse du Foie lié au Bois ou des Reins liés à l’Eau.

C’est beau de penser le corps comme mue par des éléments. En Qi Gong, les éléments sont aussi en lien avec les animaux. Lorsque je veux stimuler mon énergie du Poumons, je fais des mouvement imitant le vol de la gue : j’ouvre les bras comme des ailes ce qui ouvre la poitrine et augment mon amplitude respiratoire…mais je suis aussi comme une grue : légère comme l’air! Les images ont un impact sur le réel puisqu’ imaginer mes bras comme des ailes, mes doigts comme des plumes va me permettre d’aller plus loin dans ma respiration et être plus fluide dans mes mouvements….engendrant  ainsi une meilleure circulation de l’énergie et une meilleurs ventilation des Poumons.

D’autres liens se font avec la médecine chinoise : stimulation du méridien du Poumons, connexions aux nuages pour humidifier le Poumons via YunMen, se pencher pour aller chercher le Yin de la terre et remonter pour nourrir le Yin du Poumon qui craint la sécheresse etc…

J’ai longtemps souffert de sentir les choses comme séparées, comme transmis en occident. La pensée chinoise m’a soulagée et m’a offert un vision du monde plus globale qui fait sens intellectuellement mais aussi émotionnellement. Cette pensée est vivante et elle s’intègre de manière pragmatique dans ma vie quotidienne.

Dès lors, j’ai cherché à équilibrer les choses. Je n’ai plus cherché de solutions miracles et absolues à mes souffrances…

Je cherche à adapter au jour le jour mes actions et émotions en fonction de ce qui me traverse.

Au lieu de crisper mes épaules quand je pousse une poignée de porte, je relâche prend une impulsions en appuyant  sur le sol. Au lieu de crisper mes épaules quand je mélange la pâte d’un gâteau, je relâche le haut du corps et cherche le mouvement circulaire dans le bassin et utilise le sol pour avoir un rebond qui initie le mouvement.

La vie moderne est très chargée en informations. Pour que l’esprit ne se perde pas, quotidiennement je fais le vide via la méditation, le Yoga ou le Qi Gong. Je reviens aux simples sensations du corps ici maintenant. Le silence vient alors. Il faut du Vide pour faire le plein.

C’est ce que j’appellerai cultiver mon équilibre dans ma vie de tous le jours.

« Par le silence, l’agir naturel » chap 23

« La voie bol vide, reste vide, pour qui en use  » chap 4

Lao Zi, Dao De Jing Trad. Claude Larre ed. Desclée de Brouwer.

Visions Antiques

L’énergie n’est pas considérée comme une chose donnant vie aux corps selon la médecine moderne occidentale. On a plutôt une vision mécanique.

Cependant, si on se penche sur les théories grecs présocratiques, nous pouvons faire  des parallèles intéressants avec la médecine chinoise.

Tout d’abord un petit saut dans le temps avec ci-dessous une gravure du XVIIème siècle, (Collections Charles Walker)

J’avoue ma grande surprise lorsque j’ai découvert cette gravure! Avec ma vison chinoise, je n’ai pu m’empêcher de voir ceci: Côté droit, une demi figure masculine et un air qui monte comme le Yang lié à l’énergie masculine, à droite un air qui descend comme l’énergie Yin liée au féminin, où se trouve dessiné une femme. Le mouvement du nuage est suggéré par la position des bras et des mains du personnage

Le personnage représenté est mi homme- mi femme, comme si ces dynamiques masculines et féminines n’étaient que l’expression de la même chose, les deux faces d’une même pièce, la manifestation d’une seule chose. Enfin les signes du zodiaque évoquent les correspondances entre les mouvements du corps et ceux de l’univers.

Voilà certes une interprétation spéculative de cette image! J’ai donc voulu en savoir plus sur ce qui sous-tendait une telle représentation.

Notre médecine et  notre vision du monde sur laquelle se sont appuyée les chrétiens et dont découle notre culture est fortement influencée par la pensée platonicienne ( et ensuite aristotélicienne) . Platon est un philosophe de IVème siècle avant JC, élève de Socrate. A travers le mythe de la caverne, il propose une vision du monde comme étant une manifestation imparfaite d’idéaux préexistants . Il y a un idéal hors du monde auquel on peut aspirer par la philosophie. Notre monde terrestre reste une copie imparfaite de cet idéal.

La pensée de Platon est complexe et ne peut se résumer à si peu de chose. Elle est aussi à re-contextualiser. Mais cette vision suppose cependant qu’il y une séparation entre un monde idéal et un monde réel. En outre, le christianisme va plus loin en évoquant que la nature est au service de l’homme, car l’homme est crée à l’image de Dieu . Interagir avec la nature est presque l’inverse qu’interagir avec Dieu.

Avant cette séparation, cette scission, les présocratiques ont aussi pensé les choses de manière  plus globale dans leur quête de compréhension de l’univers. Parmi ceux-ci, considérés comme les premiers philosophes, il y a Empédocle.

 

  1. LE YIN LE YANG / L’AMOUR LA HAINE

Empédocle, est un philosophe grec du Véme sicle av J.C. Il fait partie de ces penseurs à la fois poète, médecin, et ingénieur qui ont cherché à comprendre l’univers, l' »arkè ».

Pour Empédocle la vie reposerait sur le mouvement crée par la tension de deux forces opposées : l’Amour et la Haine. L’amour va unifier, relier, condenser et la haine va détruire et diviser. Ces deux principes engendrent 4 éléments : l’eau, le feu, la terre et l’air (ou ether)

« À un moment donné, l’Un se forma du Multiple, à un autre moment, il se divisa, et de l’Un sortit le Multiple — Feu, Eau et Terre et la hauteur puissante de l’Air. »

Empédocle, Fragments.

Malgré les cultures différentes, je pense qu’il n ‘est pas maladroit de faire un lien entre cette tension Haine/Amour d’Empédocle et la dynamique d’opposition, d’engendrement, de complémentarité du Yin/Yang de la tradition taoïste.

Que ce soit chez Empédocle ou chez les taoïstes, ces deux polarités sous-tendent toutes manifestation de l’univers physique.

Autre parallèle très intéressant; la philosophie est vue comme pragmatique. La pensée a un impact sur le corps et est liée à lui intrinsèquement.

 » Nous avons un moyen d’agir sur le monde, c’est d’accroitre notre connaissance. Empédocle écrit des poèmes pour nous donner des clefs, les clefs de ses propres énigmes (…) Le disciple guidé par Empédocle à travers des chemins sinueux (…) va devoir accroitre sa propre pensée et par ce moyen il va (pouvoir) avoir un pouvoir pratique sur les choses comme Empédocle lui-même qui arrive à guérir, à soigner, à faire ce qui apparait aux autres comme des miracles mais qui en réalité ne sont pas pour lui des miracles. Ce sont simplement une connaissance des forces qui régissent l’univers et une manière d’arriver à les apprivoiser, les détourner »

Anne Laure Therme, philosophe extrait de « Les nouveaux chemins de la philosophie » France culture émission du 24 novembre 2016.

A l’instar du Yang Sheng et de la pratique du Qi Gong, Empédocle pratique des exercices afin de mieux nourrir sa pensée. Il place d’ailleurs le mouvement sur le modèle végétal.

On peut faire croitre notre propre sagesse en faisant « croitre son diaphragme » ce qui passe par des exercices rituels physiques et respiratoires. C’est ainsi qu’on va réussir petit à petit à augmenter notre compréhension du monde et ainsi notre pouvoir sur lui.

Pour Empédocle, c’est le sang qui détermine la pensée, car c’est surtout dans le sang que se tempèrent réciproquement les divers éléments. Hors, on considère que l’esprit s’ancre dans le sang en médecine chinoise.

Un spécialiste d’Empédocle, Peter Kingsley, philosophe britannique, pense que les textes de Parménide et Empédocle , souvent interprétés et vu sous une angle rationaliste sont pour lui porteurs d’un tradition mystique grecque. Dans « A story to pierce you », il émet l’hypothèse que les présocratiques auraient été en lien avec des chamanes de Mongolie. Cette dernière théorie est très controversée mais il est intéressant de la mentionner.

 Empédocle pensait aussi que la santé tenait à l’équilibre des 4 éléments dans le corps inspirés de la nature , de même que la médecine chinoise a développé la théorie des 5 éléments dont l’harmonie assure la bonne santé.

  1. LES 5 ELEMENTS- LES 4 HUMEURS

C’est Hippocrate qui reprendra et développera les 4 éléments d’Empédocle.

Hippocrate ( 460-370 av. J.C.) est un philosophe grec considéré comme le père de la médecine entre autre parce qu’il distingue la médecine des autres domaines de connaissance comme la philosophe pour en faire une discipline à part entière.

Bien que considérée par certains historiens comme éléments mineurs du travail d’Hippocrate, la théorie des humeurs, liée au quatre éléments, aura une influence majeure sur la médecine et sera soutenue par Galien, lui-même pris comme référence dans la médecine au moyen âge ( comme Hidelgarde de Bingen)

Selon cette théorie tiré du Canon d’Hippocrate, les quatre éléments, Air, Feu, Eau et Terre possèdent quatre qualités : chaud ou froid, sec ou humide. Ces éléments sont en interactions dans le corps (l’eau et la terre éteignent le feu, le feu fait évaporer l’eau) Pour être en bonne santé, un bon équilibre entre ses éléments est nécessaire. Les déséquilibres mineurs entraînent des « sautes d’humeur » et si ce déséquilibre croit, le patient est en danger.

Il est amusant de voir qu’à peu près à la même époque en Chine, à l’époque des Printemps et Automne ( 722-481 av. JC) des médecins commencent à se regrouper en se détachant de la magie et des pratiques religieuses.

Sous les Royaumes combattant ( 453-221 av. JC) Le concept des 5 éléments ou 5 mouvements ( Wu Xing) est développé.

Les 5 éléments en médecine chinoise Le bois, le Feu, la Terre, le Métal et l’Eau sont également interdépendants et par le cycle d’engendrement et de contrôle, font écho au fonctionnement des humeurs d’Hippocrate.

Ci dessous les deux schémas représentant les cycles chinois et grecs.

Comme pour la médecine chinoise qui préconise des exercices de Qi Gong et une alimentation adaptée pour restaurer l’équilibre intérieur, la médecine hippocratique conseille des exercices physiques et une nourriture appropriée.

Le Qi Gong est parvenu jusqu’à nous mais je n’ai pas trouvé de trace d’exercices de santé grecs lors de mes recherches. Peut être n’y en a t’il plus aucune trace sinon le nom  » gymnastique » qui lui est étymologiquement lié.

  1. LE QI / LA PNEUMA

Enfin, citons Galien ( 129-201) médecin d’Asie mineure . Outre son travail gigantesque sur l’anatomie et la physiologie, il a également tenté de trouver un système global pouvant expliquer tous les phénomènes dans le corps. Là aussi il reprend la théorie des 4 humeurs dans le corps et développe la théorie de la Pneuma  » sorte d’air vital qui circule partout dans le corps et dont les différentes sortes jouent des rôles importants dans ses explications de processus physiologiques.  » La Pneuma n’est pas sans évoquer le Qi même si la pneuma change de nature selon le trajet qu’elle emprunte.

Dans le codex  » Sur les doctrines de Platon et Hippocrate » Galien pense trois centres psychiques.

A l’instar de la médecine chinoise, il fait un lien entre les organes et le psychisme.

révélant ainsi une quête de globalité corps esprit.

Ci-dessous un tableau reprenant les différentes pneumas (source Wikipédia)

Tripartition de l’âme (d’après DHP23)
CentrePartie de l’âmeSource deActivité
Cerveau
  • pneuma psychique
nerfs sensitifs et moteursrationalité
Cœur
  • pneuma vital
  • artères
  • source de chaleur innée et de la faculté sphygmique
émotion
Foie
  • pneuma naturel
  • veines
  • source du sang et de la faculté nutritive
désir

La théorie médicale de Galien a dominé la médecine jusqu’à la méthode expérimentale développée au XVIIIéme siècle. Il ne subsiste plus rien aujourd’hui des travaux de Galien dans la pratique moderne de la médecine.

La quête d’équilibre ne sera donc plus du tout utilisée en médecine occidentale dès lors.

Cependant, il subsistera des pratiques populaires faisant référence à la nature.

 

Nature et équilibre, lien entre les pratiques et croyances en Chine et en occident

  1. Médecine populaires et chamanisme

 En occident, la seule médecine qui va garder un lien avec la nature est la médecine populaire.

Il faut se représenter que jusqu’au milieu du XIXéme siècle, la population est à 90% rurale.

Au moyen-âge, la médecine est dispensée par des religieux et parfois religieuses, il n’y a pas de médecins mais des ordres monastiques qui prodiguent des soins par miséricorde selon les principes chrétiens. Au haut moyen-âge, des moines médecins officieront. Ceux-ci reprennent la pensé de Galien, complémentaire à celle de la chrétienneté. Galien pensait que chaque chose était à sa place dans le corps et la nature du fait d’une volonté d’un démiurge, un créateur. Comme Dieu.

On pensait alors que la médecine guérissait le corps et le Christ guérissait l’âme.

Corps et âme étaient donc séparés.

La pensée de Galien, en lien aux 4 éléments, donc à la nature, subsiste. En témoigne Hildegarde de Bingen, religieuse savante du XIIème siècle qui a beaucoup développé et écrit sur les plantes. D’après l’historienne Audrey Fella,  » A l’image des vents du Sud, de l’est , de l’ouest, du nord qui régulent les forces cosmiques et régissent le mouvement de l’univers, elles pénètrent l’homme et conditionnent sa santé ». Hildegarde travaille selon les 4 humeurs d’Hippocrate. « Selon Hildegarde, l’homme est un ensemble de parties sèches et humides, chaudes et froides et c’est l’équilibre  de ses caractéristiques qui induit la santé » Mélanie Schmidt-Ullman , auteure de « Les secrets de  santé selon Hildegarde de Bingen » (ed. Leduc S.)

La population vivant souvent loin des monastères faisait appel  à des personnes de leur village ou hameau pour être soigné comme les guérisseuses, les rebouteux, les mèges, les matrones pour les accouchements. Ainsi une médecine multiple s’est transmise comprenant diverses méthodes, diverses croyances selon les régions voire les villages.

L’Eglise a des difficultés à de débarrasser des cultes païens tenaces comme les temples guérisseurs, les incantations, les appels aux herbes et aux minéraux. La seule  manière fut de transformer ces croyances en christianisant les lieux de cultes. Les sources guérisseuses sont devenues des baptistères, les dieux et esprits invoqués devenaient des Saints chrétiens.

Nous avons des traces de ce que l’on pratiquait alors par « Les fulminations de Saint-Eloi « au VIIème siécle  » Ne portez point de flambeaux aux temples, aux fontaines, au arbres, au bois sacrés ni dans les carrefours. Ne faites des vœux à aucune des ces choses ! »

Ce passage révèle que certaines fontaines ou arbres avait une âme, un pouvoir pour une grande partie de la population. Ces croyances vont survire jusqu’à récemment. Les procès intentées par les médecins au XIXème siècle contre les guerrisseur-ses et les charlatans est une mine d’information pour connaitre les pratiques d’alors qui étaient reportées à l’écrit lors des jugements.

Ces appels aux esprits des pierres, fontaines et végétaux du coin ainsi qu’aux grands esprits de la nature se retrouvent dans beaucoup de cultures. « Ce qu’on appelle animisme ou chamanisme . On retrouve aussi en chine le « shen » de l’endroit qui habite par exemple le grand et vieil arbre qui pousse au centre du village »*

Contrairement à l’occident, les pratiques de médecine populaire chinoise liées à des savoirs locaux et familiaux ne sont pas en rupture avec la médecine officielle ( hors période maoïste)

Dans « Qi Gong Tuina, philosophie et diagnostic » Amaël Ferrando rappelle  » Gardons à l’esprit que dans les textes anciens, les éléments sont plus souvent considérés comme des esprits, parfois associés aux directions, aux saisons, aux animaux mythiques etc… »

« Répandu dans toutes les cultures anciennes du globe, le chamanisme est une sorte d’animisme généralisé qui repose sur une triple croyance: tout ce qui vit est composé d’une partie visible et d’une forme invisible; chez les vivants la partie visible est prédominante, chez les défunts c’est le contraire; certains humains, les chamanes, peuvent voyager entre ces deux niveaux sont capable d’intervenir dans le monde invisible »*

* Cyrille Javary Les trois pensés chinoises  » ed. Albin Michel

Il n’existe à ce jour aucune traduction du Zhu You Ke, ou « traité des souhaits et des causes » livre quasiment oublié de la culture chinoise. Pourtant le proverbe « Xian You Wu, Hou You Yi  » traduit par « D’abord il y a la magie, après arrive la médecine » rappelle l’origine chamanique de la médecine. » Une part importante de la médecine provient de la magie au sens de chamanisme originel » écrit Amaël Ferrando.

Ci dessous une image de Charles Geniaux de 1890  » Guérison des névralgies par un guérisseur breton »

Le guérisseur n’est pas loin du point Bai Hui, point qui a un impact sur le système nerveux en médecine chinoise.

 

  1. Alchimie taoïste et alchimie spéculative en occident

 On peut penser également aux alchimistes qui, à l’instar des taoïstes sont en quête d’équilibre, d’alchimie intérieur.

Parmi eux, Paracelse, docteur en médecine et chirurgien du XVème siècle qui mit l’accent sur les savoirs populaires, dont ceux des vieilles femmes héritières de la tradition orale et des savoirs pratiques des bourreaux, barbiers et bergers. Il contribua aussi à la théorie des signatures, théorie qui fait des correspondances entre les organes et la forme ou la couleur des plantes.

Il compare également l’imagination (Ein-Bildung) à un aimant, qui, par sa force d’attraction, attirerait les choses du dehors et les ferait entrer en l’homme pour y subir une transformation. C’est pourquoi on représente le champ d’activité de l’imagination par le symbole de l’alchimiste, du sculpteur ou du forgeron dans l’homme. L’imagination est nécessaire, car « l’homme est ce qu’il pense et cela qu’il pense. Pense t’il au Feu, qu’il est ce Feu » Peracelse

D’après Alexander Roob, auteur de « Alchimie et Mystique » (ed. taschen) « La « tria prima » de Paracelse ne représente en aucun cas des substances chimiques quelconques*, mais des forces spirituelles agissantes dont se servent, en modifiant sans cesse les rapports qu’elles ont entre elles, les forgerons et maitre d’œuvre invisible pour créer, dans la nature, les conditions matérielles et passagères des choses. »

*Mercure, souffre et Sel pour ‘alchimie expérimentale

L’alchimie interne taoïste s’appuie aussi sur les forces spirituelles agissante afin de trouver un équilibre interne toujours en lien avec la nature

Illustration  extraite de utriusque cosmi de Robert Fludd, 1619

Illustration de l’alchimie interne taoïste, diagramme de l’authentique perfectionnement 1812

 

Vers une médecine plus globale ? Les liens entre la médecine traditionnelle Chinoise et la science contemporaine

  1. Les nouvelles recherches en physique

Phillippe Guillemant, ingénieur physicien français au CNRS, par ses recherches, explique que les théories scientifiques modernes ne sont plus suffisantes pour expliquer l’univers. Ses croyances d’avant reposent sur quatre croyances liée au dogmes suivants :

La conscience serait un sous-produit du cerveau (Matérialisme),La nature jouerait aux dés pour faire ses choix (Darwinisme) La réalité évoluerait mécaniquement dans le temps (Mécanicisme) La causalité ne pourrait être inversée (Passé figé) *

*extrait d’un article sur www.guillemant.net

Les travaux récents en physique ont mis en évidence ce qu’on appelle l’indéterminisme qui est valable à l’échelle quantique et à l’échelle macroscopique. L’indéterminisme c’est le fait que nous vivons dans une réalité dans laquelle la mécanique seule ne suffit pas pour déterminer le cours des évènements. Beaucoup de choses restent encore inexpliquées.

La théorie de la relativité d’Einstein en prouvant l’équivalence de la masse et de l’énergie avait déjà mis le pied en dehors d’un vison mécaniste du monde. La physique quantique a commencé à se développée dans les années 20 et est utilisée avec succès dans beaucoup de technologies . Les recherches récentes de ses 30 dernières années  ont soulevées des points que l’on peut mettre en lien avec la médecine traditionnelle chinoise.

La physique a découvert que l’ immatériel pouvait exister car le vide, qui est immatériel par définition, est plein d’énergie et pourrait contenir infiniment plus d’infirmations que notre réalité faite de matière. D’ailleurs, la matière n’existe pas réellement telle qu’on la perçoit et les recherches montrent même qu’il s’agit de vibrations.

Ces conclusions là m’évoquent inévitablement la pensée taoïste pour qui tout est énergie. Ces découvertes pourraient expliquer, via la physique, l’efficacité  de la médecine chinoise. En effet, nous ne travaillons pas avec la matière pour soigner mais avec l’énergie. La matière est faite d’énergie plus ou moins dense, plus ou moins Yin ou plus ou moins légère, plus ou moins Yang, et c’est par ce biais de l’énergie, de la dynamique des polarité Yin/Yang que nous auront un impact sur le changement des organes et cellules donc un impact sur le matériel.

Selon les travaux de Philipe Guillemant, nos pensées sont créatrices, ce n’est pas la mécanique qui définit le cours des évènements, ce sont nos intentions portées par une certaine vision du futur, elle même portée par nos émotions.

Si la pensée aussi porte à conséquence alors la conscience est créatrice comme le soulève les recherches physiques contemporaines.

Roger Penrose, éminent physicien et mathématicien britannique a proposé une théorie qu’on appelle le modèle orch Or ( réduction objective orchestrée).qui postule que la conscience pend naissance au niveau quantique à l’intérieur des neurones (au lieu de la vue classique que la conscience née de la connexion entre les neurones). Or, l’information quantique est en dehors de l’espace et du temps. Le passage du temps n’a aucun effet sur l’information quantique.

Cette idée là rejoint certaines pratiques de médecine chinoise comme par exemple le fait que l’on puisse par l’intention rééquilibrer un désordre chez quelqu’un seulement en étant en contact léger avec lui et en projetant notre conscience dans une partie de son corps ( via un point, un organe, un méridien). Cette théorie pourrait également expliquer les soins à distance qui sont pratiqués par certains médecins chinois avancés. Les informations quantiques n’étant pas influencées par l’espace-temps, ce pourrait faire sens. Là encore la médecine chinoise et la physique contemporaine se rejoindrait.

  1. Neuroscience et considération des pratiques traditionnelles

Les recherches en neurosciences permettent de comprendre mieux les mécanismes de la conscience..et de leur influence sur le corps et la santé. Comment est-ce possible par exemple qu’un yogi n’est aucune race de brûlure après avoir marché sur des braises? Comment un moine Shaolin parvient il a faire reposer tout son poids sur la pointe d’une lance posée sur sa gorge sans être transpercée par celle-ci.? Qu’un moine puisse guérir d’une gangrène par la méditation?

Corinne Sombrun, ethnomusicienne, est partie en 2001 pour un reportage en Mongolie. Lors de l’enregistrement de chants chamaniques, elle s’est retrouvée en transe. Elle a été invité par les personnes sur place à se former en chamanisme car considérée comme ayant un don…ce qu’elle finira par accepter. De retour en France, elle a voulu explorer avec des scientifiques les états de transe sans lesquelles elle plongeait et par lesquelles elle était d’ailleurs capable de soigner les autres.

Depuis 2006, elle travaille avec Pierre Etevenon (docteur ès-sciences, directeur de recherches à l’INSREM (institut national de la santé et de la recherche médicale) et avec le professeur Pierre Flor-Henry, neuropsychiatre et chercheur à l’Aberta Hospital’, au Canada, dans le but de découvrir les mécanismes physiologiques liés à cet état de conscience modifiée.

Elle témoigne de ses difficultés à convaincre les scientifiques de faire ses recherches.

Comment ne pas s’accrocher à cette vison purement mécaniste du monde ? Elle permet en effet d’avoir un pouvoir sur le réel, elle permet de saisir et de se saisir du monde.

Aujourd’hui ce système montre ces limites et la science, qui fait autorité à peu près dans le monde entier avec la mondialisation, va peut être permettre d’aller vers une vison des savoirs plus large.

Ce que Maitre Bai nomme la Grande Culture n’est ce pas ces croisements de savoir? N’est-ce pas l’exploration des grandes traditions du monde entier ,qui peuvent nous apporter un éclairage pour nous aider à mieux traverser la Vie?

La pensée chinoise ne croit pas en une réalité absolue, une vérité n’en contredit pas une autre. Elle est avant tout pragmatique.

Il y aurait beaucoup de liens à faire entre les différenties cultures, je ne fais qu’effleurer des sujets, je fais que lancer des pistes de réflexions.

Certains chercheurs comme Ruppert Sheldrake dans » l’âme de la nature » (ed. Albin Michel), compare ses recherches en biologie et les traditions spirituelles du monde entier.

La société civile en occident, lasse de la froideur et parfois de l’inefficacité de la médecine moderne, se tourne vers des médecines dites parallèles. Le gouvernement chinois met désormais en avant sa médecine traditionnelle jusqu’alors relayée au second plan par la médecine moderne (depuis la révolution culturelle du milieu du XXème siècle.)

Le retour à une médecine plus globale et  à une vision  du corps comme étant en interaction et en lien permanent avec son environnement et ses émotions est de plus en plus populaire.

On comprend le succès de la médecine chinoise…médecine qui ne soigne pas une maladie, mais qui soigne une personne.

Faire ses comparaisons d’orient à occident est une démarche qui me tient à cœur. Etant d’une nature septique et dubitative, je peux comprendre les réticences de certains occidentaux face aux pratiques énergétiques. Aussi ai je eu envie de faire ces  liens entre médecine chinoise et la science et la rationalité. A défaut de convaincre les autres, peut être l’ai je fait pour finir de me convaincre moi-même!

Comme écrit plus haut, la vision rationaliste mécaniste du monde a été une source de souffrance causant une sensation de dépossession de mon propre corps.

Certaines essayistes comme la journaliste Mona Cholet ou la sorcière activiste Starhawk font le lien entre la vison mécaniste du monde et la politique patriarcale de domination de l’homme sur la nature. Ci-dessous un extrait de « Rêver l’obscur » où Starhawk évoque la globalité. (trad Morbic, edition Cambourakis)

« Imaginons que nous vivons dans une culture où le temps est cyclique, où l’oursin existe à côté de son fossile. Où tout est vu comme un eternel retour, de la même manière que les oiseaux vont revenir à la vue avec le mouvement des vagues. Comme je retourne à la plage toujours et toujours.

Imaginons que rien ne reste en dehors de ce retour, l’oiseau n’est pas séparé de la vague mais tout deux participent au même rythme. Imaginons que je sache- non pas intellectuellement mais dans mon corps et mon cœur- que je ne me tiens pas séparée de l’oursin ou du fossile; que les forces lentes qui forment la vie de l’un et qui ont préservé l’autre sous la pression forte des boues entrain de sédimenter, cycle par cycle, sont les mêmes forces qui ont formé ma vie; alors en tenant le fossile dans ma main, je regarde dans un miroir »[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row el_id= »5 »][vc_column][vc_column_text]

Conclusion

 La santé en médecine chinoise et en Qi Gong Tuina (du moins dans ce que j’en ai saisi dans le livre d’Amaël Ferrando) n’est pas une discipline isolée. Cette pratique intègre une vison du monde globale inspirées des pensées taoïste, bouddhiste et confucianiste. Traversée constamment par des souffles, tenue en vie par la tension Yin/Yang, portée par un sens moral, la pratique de l’acupression invite à s’imprégner et à sentir le monde dans sa globalité. Que ce soit pour nous, ou pour les autres….

Vivre la dualité, chercher l’équilibre dans la tension des forces contraires est un voie d’exploration sans fin.

Cette dualité qu’il nous faut vivre est au delà du bien et du mal. Le taoïsme, perle qui m’a soulagée de mille maux, me permet aujourd’hui de vivre mieux sur le chemin de l’existence. Je ne cherche plus d’absolu, je cherche à écouter ici et maintenant, à équilibrer en écoutant.

Le cœur a parfois besoin d’échos à ses sentiments. C’est par le bercement de certaines chansons que je trouve parfois une résonance qui me remplit et m’adoucit quand mon cœur se durcit. Après tout, les idéogrammes chinois musique et médecine ont une racine commune.

A gauche idéogramme pour musique, à droite pour médecine

Je termine ce mémoire sur les paroles de cette chanson dans laquelle je trouve un écho à mes courts  états en suspens, sur la frontière de la dualité mouvante, en sentant en entier dans mon corps, mon âme, mon cœur, les souffles du monde, les cris et les rires, les explosions et les silences.

Oh my love for the first time in my life
My eyes are wide open
Oh my lover for the first time in my life
My eyes can see

I see the wind
Oh, I see the trees
Everything is clear in my heart
I see the clouds
Oh, I see the sky
Everything is clear in our world

Oh my love for the first time in my life
My mind is wide open
Oh my lover for the first time in my life
My mind can feel

I feel the sorrow
Oh, I feel dreams
Everything is clear in my heart
I feel life
Oh, I feel love
Everything is clear in our world

John Lennon de l’album « Imagine »[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

Merci d’avoir mon article de fin d’études ! Pour en savoir plus sur la formation en Acupression (MTC) à distanceque j’ai suivie, n’hésitez pas à me contacter ou à suivre ce bouton pour découvrir cette formation.
Claire Doan

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