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Comment se protéger des « mauvaises énergies » ?

La protection du praticien en Qigong Tuina, Acupression, Médecine Chinoise…
se protéger des mauvaises énergies en tant que praticien en energétique chinoise

Dans cette vidéo, Amaël répond à une question qui lui est souvent posée par des élèves et des praticiens, qui rencontrent des difficultés pendant les séances et ressentent le besoin de se protéger.
Amaël nous partage son point de vue, tout à fait singulier et très pertinent, en cohérence avec l’esprit du Qigong Tuina.

Je réponds à une question qui est souvent posée dans le domaine du toucher, des thérapies manuelles, c’est : comment on fait en tant que praticien pour se « protéger ». Il y a beaucoup de personnes, beaucoup d’élèves, beaucoup de praticiens qui demandent ça, « comment je fais pour me protéger, me protéger des énergies pathogènes ou mauvaises de la personne que je reçois ». Et pour ça moi j’ai une approche qui n’est pas vraiment une approche de protection. Je pars du principe que c’est très compliqué de se protéger de quelqu’un, et en même temps de le traiter, ou de lui faire du bien ou de l’accompagner.

Donc la dynamique de protection elle me semble pas du tout adaptée. On pourrait faire un parallèle avec l’art martial : si on est en train de se protéger en art martial ça veut dire qu’on n’est pas en train d’agir avec le partenaire ou de faire quelque chose, on est juste en train de se fermer. Et à l’idée de protection il y aurait plutôt une idée de conscience, de clairvoyance c’est à dire que généralement quand on est vraiment conscient de ce qui se passe dans la séance, des processus énergétiques qui ont lieu dans la séance, on n’a pas besoin de se protéger. Parce que quand on les voit il ne nous nuisent pas. Ce qui nous nuit beaucoup en tant que praticien ce sont les déséquilibres de l’autre qu’on ne perçoit pas et qui vont raisonner avec nos propres déséquilibres. Personnellement je ne pense pas qu’une personne qu’on reçoit en thérapie, même si elle est très malade, je ne pense pas qu’elle nous donne sa mauvaise énergie, ce serait trop facile de juste prendre la mauvaise énergie de l’autre et l’autre va bien et nous on va mal. Ça ne se passe pas comme ça.

Ce qui peut se passer en revanche c’est que on ait des déséquilibres qui ressemblent un peu à ceux de la personne, et quand on est en contact avec cette personne nos déséquilibres se mettent à raisonner et nous font ressentir un malaise, qui peut être psychologique et parfois aussi physique. Donc la la première clé ça va être d’apprendre à mieux se connaître, et être vraiment attentif, présent à ce qui se passe dans la séance. La plupart du temps quand j’ai des retours d’élèves qui se sentent mal après une séance c’est une séance où ils n’étaient pas très présents, ils pensaient à autre chose, ils n’étaient pas vraiment dedans.  « J’étais pas vraiment avec la personne » et c’est là où il y a des processus qui peuvent être néfastes, et pour nous et aussi pour la personne qui reçoit. Si on est vraiment présent généralement ça n’a pas lieu parce qu’on va le voir, et on va l’identifier pour ce que c’est, c’est à dire une information.

Si je reçois quelqu’un, que je pose la main et d’un coup j’ai très mal au ventre, j’ai l’information que pour cette personne il y a une tension ou une douleur au ventre très très probablement. Et une fois que je sais que c’est une information, c’est quelque chose que je vais pouvoir laisser aller, qui ne va pas avoir d’impact sur mon corps. Donc la difficulté première c’est ça, c’est de capter les informations, de les identifier comme des informations et donc de ne pas se les approprier, de ne pas s’identifier à cette information. Ça demande un peu d’entraînement parce qu’au début on a tendance à dire « ah j’ai mal au ventre », il faut juste reformuler ça en disant « tiens j’ai l’information qu’il y a un mal au ventre » et cette information elle va en fait me servir pour la séance.

Donc à ceci il faut rajouter une autre clé, une deuxième clé, qui va être le positionnement psychologique du praticien. Beaucoup de praticiens sont emprunts d’une certaine vision de la culture judéo-chrétienne qui est la vision du sacrifice, et il se disent en gros « Seigneur prenez ma vie et sauvez cet enfant », il y a quelque chose comme ça , on veut que la personne qu’on reçoit aille bien, quitte à ce que nous ça nous fasse du mal, c’est pas grave on veut juste que la personne aille bien. Et le fait d’être très attaché aux résultats de la séance c’est quelque chose qui fatigue énormément le praticien, et qui peut l’amener même à tomber malade.
Et en plus ça rend la séance généralement moins efficace. Parce que comment on considère que ça se passe en Qigong Tuina : on considère que ce qui soigne c’est l’énergie cosmique, l’énergie de l’univers, qu’elle traverse le praticien et le patient. Donc en principe le processus de guérison c’est un processus qui fait du bien aux deux. Si on est dans la volonté, on n’est plus dans le fait de laisser l’énergie cosmique agir, on est dans « je suis quelqu’un qui agit ». D’ailleurs on va dire ça, on va dire « c’est mon énergie », « j’agis sur mon patient », enfin en s’approprie toute la problématique et là en effet on peut parfois tomber malade ou être affaibli, mais ce n’est pas parce qu’on a pris quelque chose de mauvais c’est parce que on se coupe d’une énergie globale de guérison qui imprègne l’ensemble de l’univers.
Même la personne la plus malade du monde généralement elle respire donc elle capte l’énergie du ciel et de la terre, l’énergie de l’univers, elle s’alimente la plupart du temps donc elle produit aussi de l’énergie avec ça, donc tout ça ça crée une chose simple c’est que même quelqu’un de très malade généralement il a la capacité de produire son énergie.

Donc il n’y a pas besoin de lui donner de l’énergie, il n’y a pas besoin de prendre son mal, on est plutôt là comme quelqu’un qui accompagne, qui fait des petits réglages pour que le corps de la personne puisse se nourrir plus correctement de l’énergie du ciel, de la terre, de l’énergie de guérison qui nous entoure.
Donc si on est dans cette attitude là et qu’on est vraiment présent et attentif en général on a vraiment pas besoin de se protéger, on est juste bien, on est en harmonie et on ne risque rien. Mais évidemment, surtout quand on commence à pratiquer, il y aura des fois où on arrivera pas à rester présent, il y aura des fois on arrivera pas à se désapproprier la séance et évidemment il y aura des fois ou après une séance on ne va pas se sentir bien, et c’est tout à fait normal si ça arrive une fois de temps en temps en début de pratique, c’est normal. Après on apprend à gérer ça et on apprend à faire en sorte que ça n’arrive plus.

Cet apprentissage de l’ouverture il est vraiment facile à faire par le biais des apprentissages de l’art martial. Par exemple moi je l’aborde beaucoup avec le Systema mais ça peut être abordé dans tous les arts martiaux, il y a généralement un niveau d’ouverture à l’autre qui diminue quand on a peur de l’autre. Et quand cette ouverture diminue, on se ferme, on se protège, d’ailleurs généralement on commence à se placer comme ça par exemple, et quand on est placé comme ça on ne perçoit plus ce que fait l’autre, et on est de plus en plus vulnérable, de plus en plus fermé.
En Systema il y a beaucoup de pratiques qui sont des exercices pour mener l’inverse, c’est à dire que même si on a peur de l’autre, même s’il y a un peu de douleur ou un peu de stress ou même si on reçoit de la violence de l’autre, garder de l’ouverture. Le fait de garder de l’ouverture ça permet de voir ce que fait l’autre, de voir où il est, et on est beaucoup moins vulnérable de cette façon.
En plus de ça si on est plus ouvert, ça rend à l’autre beaucoup plus difficile le fait d’être violent, parce que être violent avec quelqu’un qui est dur c’est beaucoup plus facile qu’être violent avec quelqu’un qui est détendu, qui est ouvert, qui est jovial, etc, c’est très très difficile. Donc ça désamorce ça. Donc une façon de travailler cette ouverture et le fait de ne pas chercher à se protéger mais plutôt chercher à s’ouvrir, à donner, etc, ça peut être d’aller chercher ça dans la pratique martiale, d’être dans une confrontation et quand même se relâcher, quand même respirer quand même continuer à bouger, quand même garder le lien à l’autre, même si on ressent une intention violente ou malveillante chez l’autre.

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